À la base l’enthousiasme est censé être une « inspiration divine ». Mais, il est vite frappé d’une mauvaise réputation dès lors qu’il paraît source d’exaltation et conduit au délire ou à l’aveuglement…
Lorsqu’un tiers un peu empressé nous confie qu’il est « tout enthousiaste à l’idée de nous rencontrer » ne sommes-nous pas quelque peu refroidis à l’avance ou à tout le moins inquiets de décevoir la personne ? Certains « enthousiastes » ont parfois un comportement un peu débordant et peuvent s’avérer « envahissants ». L’arrogance serait un piège terrible…
Il faut être prudent avec le risque de « s’emballer » trop vite de façon enfantine… C’est vrai. Tout « coup de foudre » risque de nous voir vite calciné…
Mais a contrario, il me semble que « doucher l’enthousiasme » d’autrui par excès de pessimisme ou pour prendre le « parti du raisonnable » peut s’avérer toxique.
Pour celle ou celui qui voit son enthousiasme « douché », il faut éviter le piège de l’auto-justification, en surajouter… mais on peut aussi dire ce que l’on ressent, ou retourner les questions…
S’assurer c’est bien, douter de tout c’est assurément échouer
Le trac de l’acteur qui va entrer en scène ne peut être surmonté que par l’envie, la joie et la capacité à se lancer : « je sais mon texte ou ce que j’ai à faire, je connais mes déplacements, je ne pars pas à la légère ».
Il faut une « dose d’enthousiasme » pour « y aller » ou pour y croire…
C’est comme le prof face à une classe difficile. S’il est persuadé ne pouvoir s’imposer… c’est le chahut assuré ! Ou même l’enfant qui a peur de traverser la poutre se cassera la figure…
Il n’est pas d’exploit qui ne soit le fruit d’un travail. Il faut pouvoir oser. Le renoncement serait à terme prendre le risque du regret…
La liberté est un risque, l’autonomie de la prise de décision suppose une capacité d’agir de façon indépendante, après avoir réfléchi… mais quand faut y aller…
« Le doucheur d’enthousiasme » : un toxique qui a échoué ?
Au fond, celui qui prétend ramener l’enthousiaste « à la raison » ne transpose-t-il pas simplement sur l’autre son propre manque de confiance en lui ?
On le voit parfois chez des parents qui ont peur lorsque leur enfant fait tel ou tel choix d’orientation…
Il y a là une prise de pouvoir négative : au lieu soit de rester neutre, de proposer son accompagnement ou son aide, « le doucheur d’enthousiasme » vient saper le moral de celui qu’il se croit autorisé à « conseiller », jouant les experts, en l’enfermant dans un avenir peut-être plus sécure mais surtout conformiste…
Ce faisant il crée une dépendance… il interfère, il demande des comptes…
Peut-être le « doucheur d’enthousiasme » a-t-il peur que l’autre réussisse là où il n’a même pas essayé ?
De quoi a-t-il peur ? De devoir aider l’autre à se relever ? (« Ah ! je t’avais prévenu que tu ferais faillite avec ce commerce !)
En réalité, celui qui s’entend dire des paroles négatives, doit résister à l’envie de « prendre la mouche » ou d’argumenter de façon défensive. Mais plutôt que des débats stériles, il faut demander des arguments étayés : touchent-ils au projet lui-même, sa faisabilité ou à la personne et ses compétences réelles ou supposées ?
Pour le coup il faut savoir faire preuve d’assertivité…
Avoir le cœur à l’ouvrage
Un projet qui serait vu comme une fin en soi risque effectivement d’aller à sa perte. Je ne souhaite pas seulement changer de région… je souhaite changer de région « pour » (et non pour fuir mais pour construire, créer, inventer…)
Je ne souhaite pas changer de travail parce que le premier me déplaît (ce peut ou pas être le cas) mais pour me réaliser d’une certaine façon dans un autre avec des convictions, des envies à la fois de me transformer et de « faire ».
Chacun peut trouver mille exemples…
L’idée c’est d’être créatif, d’inventer son projet en le pensant sans l’enfermer dans un schéma figé…
Ce faire va se confronter au réel. Mais sans envie, il ne se passera rien.
Laisser « le doucheur d’enthousiasme » macérer dans son eau
Autrement dit, penser son projet, y mettre son énergie, construire ses étapes, réunir les outils et se donner les moyens… mais, on n’a pas besoin de voir une personne entamer un travail de sape, le pessimisme ne sert à rien et si la personne est toxique… alors on y ira vers celles et ceux qui ne le sont pas.
Pas de plainte à avoir
Il faut faire, oser agir et faire évoluer son projet si besoin à l’aune de son expérience. Mais chacune et chacun d’entre nous construit sa propre vie…
Bien entendu, dans certaines situations (un couple par exemple) , on s’allie, on s’associe… il faut beaucoup de bonne compréhension partagée et prendre garde aux équilibres, à la liberté de décision intime de chacun… mais il y a dans tout projet une part d’élan, de rupture, de changement…
Je dis cela parce qu’en ce moment, évoquant certains projets de changements, il y a ceux … qui ne réagissent pas … ceux qui disent : «— Mais pourquoi veux-tu nous quitter ? » D’autres, « — Mais crois tu que ce sera mieux dans cet ailleurs ? » ou «— Tu te fais des illusions.. » et puis celles et ceux qui disent «—Tu feras le tri, tu trouveras sur place comment avancer et avec qui… » et ceux qui déjà proposent leur aide ou leur accueil…
Ce qui est intéressant aussi, c’est au final de constater que l’annonce simple d’un projet, n’a pas seulement un impact pour la personne qui le formule ou l’imagine mais vient aussi agiter les émotions des autres, les renvoyant à leur propre vécu…
Il faut donc ne pas en vouloir aux « doucheurs d’enthousiasme » mais encore une fois, ne pas se laisser dévorer par leur approche…
Mais comme dit la chanson en reprenant de vieux principes bouddhistes énoncés par ma copine Alexandra « chacun sa route, chacun son chemin ! »
