Comme un arbre dans la brume

Publié le Catégorisé comme sur le vif
Cerisier de plus près

Bonjour ou bonsoir ? Comme un arbre dans la brume. Le cerveau dans le coton, l’énergie dans les talons. Aujourd’hui je roulerai à petit régime et c’est décidé, je procrastine !

Nous nous sommes perdus dans la brume

Hier, passant sous les falaises de la vallée, nous sommes grimpés sur le dos plat du causse. La brume nous est tombée brusquement dessus comme un immense drap de coton blanc qu’on nous aurait jeté sur la tête. On n’y voyait goutte à dix pas. Nous marchions dans le lait du nuage plaqué sur le plateau…

Je crois bien que le causse est un monde à part, comme un gigantesque animal endormi. Toute une vie le traverse, une magie qui vient de l’histoire de la Terre…

Dans la brume les légendes prospèrent. Les rochers prennent des formes effrayantes, les dolmens ouvrent des crevasses profondes et la mort erre en quête de proies.

Nous avons repris la route, on n’y voyait pas grand chose… presque personne dehors…

Dans les derniers lacets, je vis, qui attendait sagement dans un pré sur la gauche, un chevreuil ou était-ce un jeune cerf perdu ? Je lui laissai le passage, il traversa la route et escalada la pente avec une puissance inattendue… moins de deux cents mètres plus loin, un autre bondissait dans l’autre sens, sautant de la falaise et passant à quelques centimètres au dessus du capot d’une voiture qui arrivait de l’autre côté… Saut d’artiste. Peur de l’accident… mais je me dis toujours que croiser ces bêtes, c’est comme un porte bonheur…

Image surgissante, bondissante, qui reste longtemps imprimée…

Procrastiner

Aujourd’hui, je suis dans mes projets, dans la vaste liste des choses à faire, je vais à petite vitesse, non pas que le cerveau ne s’active pas sous son couvercle. L’hiver s’étire. Je vais faire un feu pour attendre la lumière du soleil.

un feu de cheminée

Je réfléchis. Aux projets, à la suite, à la ligne de conduite… mais je ralentis. Pas trop vite !

Monde du dehors, monde du dedans

Vivre à la campagne fait que je reçois les échos du monde avec une distance accrue. Un mélange de distance et de relativisation… La télévision et les réseaux sociaux font leur petite danse médiatique. Mais ce n’est pas la véritable actualité du monde. ou plutôt, ce ne sont que des anecdotes, des idioties… du bruit… de l’énervement, de la diversion…

Je suis las de la disqualification et de la dictature du ressentiment. (Ressenti -ment). Je suis fatigué des donneurs de leçon dont la vie n’est en rien exemplaire.

Et je vois combien malgré tout, cela influence la couleur des journées… Le tempo de la fausse actualité vise à nous déposséder de notre propre destin, de notre émancipation.

Flux étrange.

Je reste encore trop dépendant de détails, une parole de trop, une autre qui manque, une machine qui se met en sécurité, l’imprévu qui vrille l’inspiration…

J’écris, j’écris devant vous et je vois ces réglages à faire dans mon présent. Patient. Patience retrouvée. Patience avec soi-même.

Je commence à penser au jardin, aux plantes à installer au printemps sur la terrasse, à ces villes où je veux aller, à la fatigue du chien, à cet inconnu qui se confie… je pense à ce que je vais choisir d’écrire d’abord…

Je suis en 2024. Enfant, je pensais à l’an 2000 comme un truc inatteignable… et je l’imaginais dans une sorte de science fiction naïve.

Un marchand m’a proposé de faire écrire les articles de ce blog grâce à l’intelligence artificielle. Comme s’il s’agissait pour moi de remplir des pages…

Mais peut-être alors faut il se rappeler ce que chantait Colette Magny mon « mentor »qui disait : « la parole doit sortir du cœur et non de la bouche »

Dans la brume

Il est près de dix heures, on annonce le prochain rayon de soleil dans trois jours. Je suis à mon tempo lent. C’est une sorte de mue intérieure.

Dehors la brume et la maison se fait douce. Elle est accueillante et simple. Les animaux s’y sont réfugiés dans leur merveilleuse flemme communicative. Ce luxe.

Et je me souviens que petit garçon, je m’offrais parfois ces journées refuge, un peu désordonnées, où je lisais des bandes dessinées allongé sur le sol entre les coussins, où je jouais à m’inventer des histoires avec ma sœur… puis petit à petit, je commençais à inventer des chansons qui naissaient souvent de cette étrange distorsion du temps, de ce retrait, de cette apnée…

Je suis comme un arbre dans la brume. J’attends le soleil et mes feuilles.

Prenez soin de vous !

Vincent Breton

Par Vincent Breton

Vincent Breton auteur ou écriveur de ce blogue, a exercé différentes fonctions au sein de l'école publique française. Il publie également de la fiction, de la poésie ou partage même des chansons !

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