Il y avait un papillon dans le feu. Je ne sais pas d’où il venait, surtout en cette saison. Mais je l’ai sauvé. Ce ne fut pas simple. Il vole à présent dans le jardin. Bonjour, bonsoir !
Identification impossible
Je remuais les buches au début du feu. Je voyais les flammèches grimper et la première chaleur réjouissait mes mains.
Il fallut quelques instants, sûrement trop longs pour lui, pour comprendre que ce qui frémissait sur le bois, ce n’était pas un morceau d’écorce se détachant sous la chaleur… Je ne voyais rien de coloré, qu’un peu d’agitation sombre…
Alors j’ouvris la vitre et le découvris, d’abord ailes fermées, puis les entrouvrant comme un SOS…
De belles ailes colorées avec des yeux oranges. Tout à l’heure, je n’ai pas été capable de le retrouver parmi les papillons de l’Aveyron… Il était là, s’agitant sur la buche.
Urgence absolue
Le sortir de là, le libérer. Me voici pompier pour papillon, libérant la bête à deux doigts. À peine posé sur la table basse, le voici qui s’envole vigoureusement vers la baie vitrée au risque de s’y assommer.
De quoi sortir Isis de sa sieste. Laquelle guettant l’intéressante situation, se montrait prête à intervenir sans aucune pitié pour la biodiversité mais sans animosité particulière… L’attrait du jeu.
Observer avant de voir s’il y a matière à jouer… prendre son temps dans la douceur du feu…
Monsieur Papillon attiré par le jour, ne comprenait pas que j’avais entrouvert à gauche, puis à droite… Non, il lui fallut que j’ouvre pleinement la fenêtre pour qu’il s’élance vers le ciel… et vogue courageux !
Pas un merci
Et je sais bien que si l’air est doux aujoud’hui, il est un peu précipité de se croire déjà au printemps. Monsieur Papillon avait peut-être trouvé une planque discrète pour hiberner dans le tas de bois. C’est endormi encore qu’il avait dû se laisser transporter dans la maison, au cœur de la cheminée où grondent les flammes.
À quoi tient un destin de papillon ?
Forcément, j’ai des craintes : entre les oiseaux en quête d’un repas et le froid qui n’est pas loin, je donne peu de chances de sa survie sur le long terme. La liberté est une aventure, parfois rude.
Bel imago célibataire, trouveras-tu une âme perdue pour pondre ensemble une nouvelle dynastie ? On dit que c’est l’odorat qui guide les papillons pour se retrouver… enfin, je lis ça au détour d’un vieux livre qui ne dit rien de mon papillon…
Le journal du soir
J’hésite à prévenir les médias : « j’ai sauvé un papillon ». Les autorités proposeront peut-être une médaille, je déclinerai modestement… » ce n’était rien, cela ne m’a pris que quelques instants..je n’ai pas eu le temps de prendre une photographie…on ne sait si le papillon reviendra un jour, avec sa famille, qui sait, en été ? «
Je pourrais par une brève intervention en informer la télévision au journal du soir. Est-ce toujours Monsieur Zitrone qui présente les actualités ?
