Mâtin !
Soleil !
Je t’ai bien vu Renart, claudiquant sur trois pattes
Tel un loup des Carpates
Filant te cacher et dans quelque trou sombre
Sous les herbes ligneuses, pour rechercher de l’ombre
Pour y penser la plaie que la chaleur énerve
Sur trois pattes !
Ainsi mon cœur,
Mon âme acerbe et broyée de rancœur
Mêlant toute idiote la bile amère de la colère
Sous la foudre menaçante du divorce, mon bonheur affolé a filé au jardin
Secouer quelque peu la promesse du mariage et mettre sur le ciel le sinistre présage,
Et toi Renart, heurté par quelle voiture, une sombre aventure l’amertume sans lune
Renard en plein soleil, que faisais tu donc là ?
Si loin de la tanière et sauvé de justesse dans la sieste du chien ?
Un tremblement de terre sous la montagne sèche secoua le décor
Dans l’âcre indifférence des chevaux et des hommes rompus aux tâches agricoles
Je n’ai pu te parler Renart et tu t’es bien caché
J’ai pris mon amour, je l’ai emporté et pour me protéger
En plein soleil il aurait pu brûler!
J’ai marché debout jusque dans le lit du torrent
Juste sous la montagne dressée sous la lumière
Ses arbres verticaux au bord du précipice
Ses falaises tenues par des herbes amères
Tu étais loin Renart du gîte et de tes frères
Mon cœur devenu dur, tel ce galet lisse
Nous léchions nos plaies, solitaires
Dans le mystère de l’Autre et la peur de l’enfer
Dans le désordre furieux et sec des cailloux, sous le soleil
Il restait un peu d’eau pour soulager, merveille !
Certitude d’aimer, la vérité me fit rentrer d’un pas peu sûr vers mon amour fâché
Cherchant comme une aumône la réconciliation
Et priant petit môme pour une absolution
Loin de toi Renart, dans ta rousse confusion
Loin de ta peur, je guérirai Renart
Et toi sauve toi bien, avant qu’il ne soit tard
Que Renarde ne s’inquiète ou s’en prenne à ton nom !