Comment vivre en accord avec ses valeurs ?

Publié le Catégorisé comme changer de vie Étiqueté ,
chardon bleu
"Free thistle image"/ CC0 1.0

Vivre en accord avec ses valeurs. Le sujet est bateau. Il fait la joie des sites de développement personnel. Oui, comment vivre en accord avec ses valeurs ? La question m’est venue hier tandis que je taillais une haie quelque peu récalcitrante.

Cela fait moins d’un mois que j’ai la chance de vivre dans une nouvelle région, un lieu qui répond à mes aspirations. Je vis et c’est ma chance – un peu provoquée- , un changement de vie. Et après l’installation et ses péripéties, vient le temps où se posent de nouvelles habitudes tandis que les anciennes reviennent ou tentent de le faire. Le temps où les repères se construisent ou se retrouvent, où naissent les premiers échanges. Comment vivre en accord avec ses valeurs ? C’est-à-dire, entre continuité et changements, comment incarner cette aspiration à « vivre heureux en poésie » ? Entre résistances et transformations, entre bienveillance et exigence, il faut pouvoir tracer un chemin…

La métaphore de la haie

Une haie haute et déjà ancienne, trop haute sur certaines de ses parties difficiles à atteindre. Une haie mélangée, par endroits entrelacée de buissons différents. Du bois vif, du bois mort, des branches épaisses, des tiges folles. Des ronces comme autant de pièges et certaines particulièrement imposantes… Les grosses tiges finalement moins dangereuses que ces lianes fines entrelacées qui agrippent…

Un peu ma vie quoi… elle est belle cette haie… plus complexe qu’il n’y paraît au premier regard.

Pourquoi trop haute ?

Nous sommes encore loin d’un fil électrique qui passe au-dessus… mais il faut anticiper. Et pourtant déjà négocier entre le souhaitable et le possible. Il doit y avoir des règles… Il faut contenir sans nuire à la biodiversité. Il est déjà presque un peu tard pour tailler… Il y a des périodes où c’est interdit. Et cet espace vide où il faudra trouver quelque chose à planter pour masquer un peu la fenêtre de la chambre… penser à ce que l’on voit côté chemin… même s’il est peu passant…

Tailler la haie c’est un compromis entre ce qu’il est possible de dessiner à partir du réel, avec le vivant qu’il faut préserver. J’ai trouvé un nid. Et ce qui rejoindra le compost. Le compost n’est pas la mort mais la régénération…

Les insectes et les oiseaux tournaient déjà autour. Tailler la haie concernait tout ce petit monde. Un exercice physique autant que mental. Quelque chose demandant de la ténacité, de l’ajustement, de l’œil et de l’attention… Être juste dans son geste. Équilibré mais engagé.

On ne prend pas sa place dans le paysage sans interactions…

Revenir à mes valeurs

On entend souvent des politiciens dire « il faut défendre nos valeurs ». Ils ne disent pas lesquelles. Ils ne les incarnent pas vraiment.

On a tendance souvent à passer par le négatif.

Ma vie, riche, multiple, a été malmenée par l’anxiété et un sentiment de culpabilité : « le sens du devoir » ou du sacrifice qui a souvent fait passer ma vie propre après ma vie professionnelle ou même après la vie de personnes proches…

Aujourd’hui encore, si je passe simplement une journée « pour moi », je pourrais culpabiliser assez facilement…

Je commence juste à percevoir que pour mieux donner, je ne dois pas faire passer ma vie après celle des autres…

Quand je parle de « vivre heureux en poésie », c’est une façon de renouer avec mes valeurs :

– être dans l’empathie

– la non violence

– l’assertivité qui va reprendre les deux premiers principes : je veux pouvoir m’affirmer sans m’opposer, c’est à dire me respecter dans mes sentiments ou mes croyances tout en respectant les sentiments et les croyances d’autrui…

– la bienveillance rentre dans ce cercle (bien veiller… le contraire du laxisme)

– l’ouverture d’esprit, l’apprentissage qui suppose d’accepter de me laisser déstabiliser pour faire évoluer mes propres représentations : découvrir une nouvelle région c’est rebattre les cartes des repères et des préjugés…

– accepter l’incertitude et pour ne pas la transformer en inquiétude ou en anxiété aller chercher la poésie de la vie…

– vivre au présent en se reliant au vivant ( la vie animale ou végétale) comme aux « messages » du non-vivant, « créations de la nature » (la belle mise en scène du grand hasard) ou les « créations humaines » dont l’art et le langage

– vivre avec une certaine tempérance mais aussi avec une tolérance : savoir résister aux excès mais ne pas culpabiliser lorsque je m’autorise un « plaisir » en apparence gratuit…

C’est avoir une éthique pour soi sans en faire un dogme à imposer à autrui.

C’est me demander si ce que je fais, produis, ou invente me fait du bien, est « utile » pour répondre à mes aspirations et ne nuit à personne…

C’est choisir au quotidien en préservant la souplesse…

Avoir des repères, prévoir, projeter sans tout coincer dans un agenda fermé. Laisser la place à l’imprévu sans sombrer dans l’imprévoyance ou l’impéritie, pouvoir improviser tout en traçant son chemin…

Croiser les valeurs à mon expérience

S’il est une chance de vieillir c’est celle de pouvoir repérer mieux les causes qui aboutiraient aux même effets. Ne pas reproduire un schéma vain.

Cela veut dire encore, non pour se déstabiliser, mais pour enrichir cette expérience, laisser entrer ou même oser mieux donner de la place à ce qui est nouveau.

Accepter les petits et grands bonheurs

Avec humour accepter les aléas, ne pas se refuser aux escapades, ne pas nourrir l’amertume ou la déception.. au fond, toujours se poser la question de ce qui est bon et utile. Cela permet de gagner un temps fou…

Tenter d’être ce que l’on attend d’autrui est une bonne ligne de conduite… Cela permet de rester du côté de la morale sans sombrer dans la moraline… à la condition aussi de marcher avec humilité.

Je mets de la fierté sur certaines choses que j’ai pu réaliser, ou aimer pas sur ma personne… J’ai souvent dit que j’essayais d’avancer « sans honte, ni orgueil ».

Mais comment vivre en accord avec ses valeurs ?

C’est peut-être se donner des rendez-vous. Avec soi, avec son fameux « enfant intérieur ». S’écouter sans se complaire, designer sa vie en s’accordant le temps de la ressentir.

Toucher l’éternité de la bulle de savon. Rêver et se relier.

«  Vivre difficile, aimer la vie, oui, important !». Ce sont les derniers mots de ma mère qui aphasique et hémiplégique après un AVC dévastateur et sept ans de malheur partait à l’hôpital pour des examens de routine, sûre pourtant qu’elle ne reviendrait jamais à la maison.

C’est écouter nos intuitions dans leur force. Le tragique qui mène aux questions. L’éternité tient dans ce bol de café fumant sur la table.

Ou dans ce regard.

Je vais à présent noter certaines choses dans mon cahier « personnel » entre « choses à faire, à écrire, à apprendre, à explorer… »

Vincent Breton

Par Vincent Breton

Vincent Breton auteur ou écriveur de ce blogue, a exercé différentes fonctions au sein de l'école publique française. Il publie également de la fiction, de la poésie ou partage même des chansons !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *