Comment trouver l’apaisement ?

Publié le Catégorisé comme changer de vie
Causse 1

Dans une intervention un peu « surréaliste », le président de la République a employé ce 17 avril 2023 le terme d’apaisement, se donnant 100 jours…

Force est de constater que pour l’instant les résultats ne sont pas au rendez-vous. Difficile d’aller embrasser un pyromane montrant aussi peu de regrets comme si rien ne s’était passé. Dans une forme d’injonction paradoxale, il évoque d’ailleurs aussi vite dans son discours la question de l’ordre, sous entendu la menace du bâton… Ça rappelle un peu ces pères qu’on entend parfois hurler par les fenêtres à leur rejeton : « Tu vas te calmer!!? »

Apaisement – fait de se calmer

Trouver l’apaisement pour soi, pour les autres. On voit bien la nécessité. Pour ne pas s’user avant l’heure et éviter que la zizanie ne prenne le dessus.

Il faut des paroles, il faut des actes… Je ne peux apaiser personne si je ne le suis pas moi même et d’une certaine façon exemplaire…

Souffler, ralentir, relativiser

« Je sors ». Si l’air est irrespirable, si la menace est trop violente. Les martyrs se victimisent souvent à bon compte. Laissons la matraque retomber dans le vide… ce qui ne voudra pas dire laisser le champ libre mais sortir du jeu classique de la compétition, des visions binaires, du théâtre convenu et attendu…

La machine a ressentiments fait feu de tout bois. Coupons la.

Il est énervant, ils sont pénibles, agaçants, les têtes à claques aiguisent notre colère jusqu’à ce qu’elle nous excite dans une logique qui nous échappe… on est alors dominé par elle et l’autre aura beau jeu de l’instrumentaliser contre nous ! Double perdant !

Il faudra de toutes façons un jour faire la paix… et nous sommes chacun « le con d’un autre ».

La seule façon de désamorcer, c’est de ne pas leur donner du grain à moudre.

C’est notamment le cas avec les personnes toxiques. Ne plus leur donner prise. Avoir le courage de la rupture si nécessaire, permet de s’émanciper de la logique dans laquelle ils tentaient de nous enfermer.

On ne possède personne, on ne peut transformer personne, c’est à chacun de cheminer.

Je crois de mémoire que c’est Thierry Pech qui définissait la dignité comme la possibilité de renouveler l’imagination du semblable.

On s’éloigne donc. Regardez ce que font les syndicats refusant de venir immédiatement à la vraie fausse invitation du président qui avait refusé de les voir jusque là. Ils réclament un délai de décence. Ils réinvestissent leur propre dignité. Je me respecte pour que tu me respectes. Je ne suis pas ton jouet.

Commencer par se calmer soi donc !

Peut-être pas tout transformer en lourde analyse culpabilisante ou en fastidieuse introspection. La vie nous entraîne vite. Ne gaspillons pas l’énergie en trucs négatifs.

Aller chercher sa respiration, peut-être dans la nature, dans la musique ou la danse.

Aller chercher un souvenir délicieux de son enfance, on en trouvera bien un au goût d’insouciance : moi, c’était le bonheur parfait quand j’allais chez mon meilleur ami François. Dans un immense tas de sable qu’il avait chez lui, nous jouions aux petites voitures en nous inventant des histoires, creusant des tunnels, traçant des routes… Ça pouvait durer des heures où chacun pouvait jouer, coupé du monde et relié à l’autre, sans avoir de compte à rendre…

Les mauvais souvenirs sur lesquels la pensée va buter, se les dire ou les écrire un jour, les poser clairement dans la boite à souvenirs passés. On a pris des coups, après tout on est là. J’en ferai une histoire, une chanson… j’en ferai surtout la meilleure capacité à développer mon empathie envers celles et ceux qui rencontrent des épreuves proches. Aucune leçon à faire surtout, non, juste une disposition à l’écoute… On pardonne, non pour aimer l’autre dans ses errements, mais pour pouvoir s’aimer soi, se laisser guérir…

Balayer, nettoyer, élaguer

Je racontais l’autre jour les vertus du ménage de printemps. Si je laisse un peu de désordre s’exprimer dans le mouvement du travail, j’aime à ce que mon espace domestique soit allégé, apaisant lui même pour que je m’y retrouve…

Tout n’est pas que zénitude. Je peux aimer des musiques qui secouent et danser de façon agitée… pour le bonheur de la paix et du retour au calme ensuite.

L’indicateur des acouphènes

Mieux qu’un thermomètre à émotions, lorsque les acouphènes m’envahissent, je comprends qu’il est temps de ralentir, apaiser, se reposer, aller respirer ailleurs… ne pas faire semblant de ne pas les entendre. D’ailleurs s’ils m’envahissent je serai nerveux et mes réparties peu amènes.

La poésie !

Rien de plus apaisant qu’un Haï-Ku, un poème de Verlaine… Tous les poèmes n’invitent pas au calme mais ils peuvent y conduire par les voix du chant et de la consolation.

Lire, écrire de la poésie apaise. Je milite pour que la poésie reprenne sa vraie place dans les écoles et la vie des gens.

Apaiser n’est pas pacifier !

Apaiser ce n’est pas imposer un armistice humiliant. C’est créer les conditions de la confiance en permettant à chacune et chacun de dire ses besoins et de les objectiver. C’est rassurer par des paroles suivies d’actes concrets et réels. Ça oblige à la rationalité.

L’impéritie en la matière peut être dévastatrice. Tout comme le mensonge.

La sincérité suppose des preuves qui ne tiennent pas dans le seul calumet de la paix.

Ce qui manque aujourd’hui dans notre société, ce ne sont pas des lois, ce sont des démarches lisibles et partagées. C’est à dire, comment par exemple un homme politique se montre capable non de prendre le pouvoir pour lui même mais de le partager.

Une éthique de la décision doit faire que l’on respecte chacune et chacun et ne pas penser à sa place. La vraie question est de savoir à quel moment les individus auront besoin de la solidarité et comment faire pour que celle-ci ne s’exprime pas dans un égalitarisme ou des règles du jeu formelles et souvent absurdes mais plutôt en pensant à l’équité.

Il manque çà aujourd’hui aux partis politiques : ils nous font des catalogues pas toujours cohérents et surtout ne proposent jamais de démarche où chacun aurait un rôle à jouer qui serait mobilisateur et gratifiant.

C’est pas simple ! Plutôt une bonne guerre !

Ça s’entend chez les vieux aigris. Regardez pourquoi certains se lancent dans des guerres aussi épouvantables que fratricides ?

Les vieux d’antan disaient ça : « une bonne guerre, ça leur ferait du bien ».

Je lis y compris sur Mastodon le réseau social plus apaisé que Twitter que d’aucuns seraient prêts « à prendre les armes » sans savoir vraiment pour quoi faire… et à quel prix…

Bien sûr le pouvoir de l’argent est puant. Mais je ne veux pas lui substituer un autre pouvoir. Mon utopie est que personne n’exerce un pouvoir sur autrui qu’au service de ce qui nous permet de vivre ensemble. Pas de nous aimer mais de pouvoir partager l’espace et créer et inventer ensemble… car on arrive à faire de sacrés belles choses à plusieurs !

Voilà ce que m’inspirait à la volée ce mot d’apaisement en cette période où notre président s’entête à ne pas le rechercher vraiment…

et vous, que mettez-vous sous ce mot ?

Isis baille

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Vincent Breton

Par Vincent Breton

Vincent Breton auteur ou écriveur de ce blogue, a exercé différentes fonctions au sein de l'école publique française. Il publie également de la fiction, de la poésie ou partage même des chansons !

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