Parmi les empêcheurs de vivre pleinement, d’être dans le flow, à mes projets, il y a des contraintes imposées, des accidents. J’évoquais hier comment une insomnie a pu perturber ma journée, tout en me permettant au final de retrouver une opportunité créative. Mais dans le design de ma vie, dans l’ergonomie de mes journées, je repère ces distracteurs. Ils sont d’ordre divers. Il faut les chasser, s’en désaccoutumer s’ils sont trop addictifs et pour que ça fonctionne, inspiré par les valeurs qui me guident, leur substituer des actions positives. Ces actions positives sont gratifiantes parce qu’elles me permettent de progresser sur le chemin qui est le mien…
Les distracteurs sont connus sur la route
Si vous tapez le terme de distracteur dans un moteur de recherche, vous tomberez assez vite sur les problématiques de sécurité routière. Il parait qu’un Français sur deux utilise son smartphone au volant. Certains téléphonent, d’autres envoient des messages écrits… J’ai déjà vu des voitures ou des camions zigzaguer dangereusement devant moi sur l’autoroute…
![un smartphone dans l'auto](https://vincentbreton.fr/wp-content/uploads/2024/02/image-6.jpeg)
Les campagnes de prévention ont du mal à contrer le phénomène tant l’emprise de ces petits appareils est forte.
Certains nous disent que c’est « pour le travail »… mais risquer sa vie pour répondre à une enquête professionnelle ou fixer un rendez-vous est folie…
On sait d’ailleurs que l’exigence de productivité est vite mise à mal par la réalité : nombre de travailleurs cèdent à des sollicitations de leur smartphone au travail, vont répondre à des courriels non urgents etc. Dans le même temps certaines entreprises refusent des pauses ou même le passage à la tâche…
Pour revenir à l’exemple de la route, il nous rappelle parfois de façon effrayante, qu’il faut être à ce que l’on est et que non, nous ne sommes pas multitâches…
Je dois identifier les distracteurs
Lors de temps d’apprentissages – notamment lors des phases d’évaluation – on introduit souvent des distracteurs permettant de distinguer la bonne réponse d’une mauvaise. On trie depuis tout petit entre le « c’est pareil », « c’est pas pareil ». Souvent nous cherchons à attirer l’attention du bébé pour communiquer, l’amuser ou lui enseigner quelque chose, la sonnerie du réveil matin est un distracteur parfois violent chargé de nous sortir du sommeil. On crée une rupture. Quand mes élèves n’écoutaient pas attentivement, plutôt que de me fâcher, je glissais une incongruité dans mon discours pour créer une forme d’alerte… Là, il s’agissait de créer l’attention sur un point donné, le plus difficile étant de la conserver… Il existe des voies diverses, dont la reprise mentale ou dite métacognitive de son cerveau…
Chacune et chacun dans sa vie construit des rituels d’activités. On se donne un temps dédié pour les exécuter. Certains ont une fonction utilitaire et permettent de prendre soin de soi :
– je me lave les dents pour avoir une bonne hygiène dentaire et la récompense est dans le fait d’avoir une haleine fraiche agréable pour moi-même comme mes partenaires !
J’aurais tendance à distinguer quatre sortes de distracteurs :
- les distracteurs avec de fausses urgences visant à m’extraire de ce que je fais
- – les distracteurs parasites que je me crée en les associant inutilement à des temps de la journée, ils me rendent passif
- – les distracteurs conformistes que j’accepte en menant des activités qui au final ne répondent ni à mes besoins, ni à mes valeurs
- – les distracteurs sucrés utilisés pour faussement me récompenser
Leur catégorisation n’est pas figée… et un distracteur peut relever de différentes entrées.
![le danseur](https://vincentbreton.fr/wp-content/uploads/2023/06/home-07-600x400-1.webp)
1 les fausses urgences
Quand j’écris, je peux être distrait par la chatte qui miaule à la fenêtre. Dès lors qu’il fera beau, je trouverai de nouvelles stratégies pour qu’elle ne me dérange pas Je peux tenter d’anticiper en veillant à ce qu’elle soit installée et nourrie avant de me lancer…
Connus mais néanmoins invasifs, on connait les distracteurs créés par exemple par les notifications d’applications sur les smartphones.
Ce qui est terrible c’est de constater que malgré leur désactivation, certaines applications redemandent à chaque fois la possibilité de notifier.
J’apprécie parfois de pouvoir partager une photo facilement mais dans certains cas, je m’interroge même sur l’intérêt de conserver l’application dans le smartphone…
Je me suis rendu compte récemment que dans le souci de contrôler la consommation électrique de la maison, je consultais chaque matin l’application (fort intéressante) de mon fournisseur… mais pour autant, est-il besoin d’effectuer cette consultation au réveil ? Car si le résultat n’est pas satisfaisant, je ne vais pas agir dans l’instant pour réguler…
J’ai supprimé il y a quelques-temps les statistiques sur mon site : je ne vends rien, je suis libre d’écrire ce que je veux et de le faire en fonction de mes valeurs. Ce sont les contenus qui importent et les retours « humains ». Je peux regarder de temps en temps les grandes tendances de la fréquentation chez mon hébergeur, cela suffit !
J’ai même supprimé une application intéressante qui avait pour but de m’aider à rendre mon site conforme aux exigences des moteurs de recherche. Il y a des règles à connaitre mais en installant une extension légère et moins chronophage qui ne m’affiche pas de note déprimante, je perds moins de temps avec plus d’efficacité (paradoxalement) et j’ai vu que j’ai pu revenir à l’essentiel, à mes valeurs, au contenu ! (et je ne paierai plus plus de 50 euros pour faire ça).
J’ai vu aussi que laisser le smartphone sur la table de nuit, tend à vouloir s’y référer par exemple lors d’une insomnie…C’est connu mais pourquoi je continuais ?
Je sais au passage que ces distracteurs visent à m’habituer à fréquenter des applications liées à de la publicité, de fausses informations ou des formes de propagande…
Mesures : mettre le smartphone à distance, désactiver les notifications, désinstaller certaines applications consultables à des moments choisis sur ordinateur
2 Les parasites
Je me suis rendu compte que par facilité notamment si je suis seul, j’associais des temps comme les repas, à l’écoute de la télévision… et des « informations ». En réalité, la télévision donne peu de faits bruts et ne permet guère de recul. C’est souvent du bavardage qui sollicite en boucle les mêmes « experts ». Pas besoin de ce flux et surtout, je suis moins à ce que je mange dans ce cas… J’ai supprimé aussi l’abonnement à une plateforme vidéo qui me poussait à consommer des séries… Y jeter un œil ponctuellement pourquoi pas… mais assez vite on perçoit qu’en voir une c’est avoir vu toutes les autres…
Ce qui est objet de satisfaction, c’est de noter que naturellement, dès que je reçois un ami ou que je suis absorbé par une activité créatrice, je me désintéresse rapidement de ces activités où l’on reste passif.
J’y ajoute au passage les débats sur les réseaux sociaux. Sauf à ce que les conditions rares, soient installées pour qu’un échange constructif et étayé s’établisse, il ne sert jamais à rien de s’opposer et vouloir débattre à l’infini, même si l’on est persuadé de la rationalité de ses arguments. C’est perdre du temps et s’embarquer dans des fils qui peuvent durer longtemps (en général jusqu’à ce que l’un des intervenants bloque ou rompe le fil, donc avec un effet de renforcement négatif).
Mesures : un seul bulletin d’info par jour, revenir vers l’info de réflexion (documentaire, presse écrite hebdo…), une activité à la fois (mais si j’aime prendre le thé en lisant, ça je continue !)
3 Les conformistes
Avoir une vie sociale est une chose importante, créer du lien, tisser des relations… mais il y a bien longtemps que j’ai abandonné les ennuyeux cocktails mondains où l’entre-soi se dispute au « parler sur autrui». Je peux être motivé pour aller à telle ou telle manifestation ou célébration qui répond à mes valeurs, mais je veux que ce soit un choix d’adhésion. J’ai fui depuis longtemps les repas de famille du dimanche, « parce que c’est dimanche ». Non, il faut que ce soit un vrai choix, un vrai plaisir, sinon je m’ennuie vite. Je préfère les échanges duels aux grands groupes où il faut se conformer à une certaine image de soi… Parfois je peux avoir de bonnes surprises, accepter de lâcher prise et faire de belles découvertes… mais je me souviens avoir été bien triste de voir des collègues faire la danse des canards ! (J’avais même un peu honte). Plus que des distracteurs, ce sont des empêcheurs mais aussi des mangeurs de temps qui vont m’attrister. Je préfère une fête inventée à une fête obligée…
Mesures : savoir dire non, savoir dire oui en s’assurant que c’est un choix qui répond à un besoin.
4 Les sucrés
J’en vois deux exemples :
– le grignotage qui peut vite être compulsif si le placard n’est pas loin
– les jeux sans enjeu.. amusant un temps mais qui ne visent en réalité qu’à vous conduire à la publicité et créer aussi une forme de dépendance
Mesures : préférer les collations choisies (pommes et amandes) lors d’un moment dédié aux trucs caloriques que l’on grignote en travaillant sur l’ordinateur, jouer avec des jeux nouveaux avec un enjeu…
Revenir à la question des valeurs
Comme guide essentiel, je reviens toujours à la question de mes valeurs, dans une approche auto-éthique : est-ce que je me respecte dans ce que je fais, est-ce que je respecte autrui ? Avoir des valeurs c’est aussi donner de la valeur, de l’importance à ce que l’on fait…
Sans sacraliser, on a le droit aux ruptures, à la fatigue, au repos libre… mais en se disant que même un temps où j’ai besoin de souffler, mérite de pouvoir le faire dans un environnement de qualité. C’est-à-dire que chaque journée m’ait permis d’avancer sur le chemin en servant mes fameux axes (apprendre, créer, transmettre, prendre soin).
Remplacer un distracteur par une activité positive
On connait les régimes de privation. On maigrit un temps puis dès lors qu’un manque se fait sentir on se jette de nouveau sur le gras et le sucré. Il faut donc s’attacher à trouver un régime de substitution. Trouver de « bons aliments ». Avec les distracteurs, il me semble qu’il faut pouvoir avancer de la même façon pour que le cerveau y trouve son contentement et en redemande. Plus de paix, plus d’épanouissement….
C’est une des raisons par exemple pour lesquelles je me donne le temps de lire un poème chaque jour, de chercher des moments de poésie – au sens large – dans mon quotidien…
Il ne s’agit pas d’être dans la prohibition mais dans la mise en place de nouvelles logiques. On ne peut ni tout contrôler ni tout changer du jour au lendemain… si j’ai écrit cet article c’est non seulement pour partager avec celles ceux qui peuvent s’intéresser à la question, mais aussi pour me guider, m’interroger moi-même, témoigner d’une démarche qui n’est jamais figée et mérite que l’on s’interroge chacune chacun pour soi en toute liberté, sans culpabiliser…