Comment j’ose retrouver le sentiment de fierté

Publié le Catégorisé comme changer de vie Étiqueté
Paquerettesetgalou

Si j’ai souvent affirmé « être sans honte ni orgueil », je pouvais dire il y a peu encore n’éprouver aucune espèce de fierté.

La fierté n’a souvent pas bonne presse et peut nous faire sombrer dans l’orgueil ou l’arrogance…

J’ai trop souvent agi comme si mes réussites étaient affaire de chance ou de contexte favorable et mes échecs de ma responsabilité directe et unique.

Pourtant dans ma démarche de changement de vie, je perçois à présent qu’il faut oser être fier à tout âge, pour pouvoir avancer.

Si j’ai « ma fierté » c’est celle de l’indépendance de caractère, de dignité, de ne pas avoir dérogé à mes valeurs pour tracer ma route malgré les obstacles. Aucune compétition, mais plutôt un mélange de résolution et de reconnaissance (autrement dit, je peux me regarder dans le miroir affectueusement – ce qui ne veut pas dire sans auto-dérision).

Renouer avec l’enfant intérieur

Vincent Breton

Ce n’est pas un hasard si en ce moment cette photo fait la Une du site.

J’adore cette photo qui date… d’il y a plus de 55 ans ! Certes mon oreille semble un peu décollée, mais je trouve que j’y suis beau, résolu avec l’air légèrement effronté ou impertinent.

Comme je le chante, à cinq ans j’en savais déjà (trop) long sur les grands ! J’avais déjà perdu bien des illusions à leur sujet. Les adultes étaient pour moi très immatures.

Certes, c’était un peu l’époque qui valait ça : si on me permit très vite de devenir autonome, de savoir lire à quatre ans, de poser toutes les questions, de vivre très librement et d’apprendre à chanter (merci à ma mère), si j’eus très tôt des conversations de grand, je n’eus certainement pas ma dose de tendresse et bien peu de félicitations.

Je ne vais pas développer ici ce que vécut par ailleurs le petit garçon… j’y reviendrai un jour. Un certain nombre de personnes de ma famille l’ignorent encore. Si j’avais eu à connaître de ma propre situation comme enseignant ou inspecteur, j’aurais rédigé ce qu’on appelle dans notre jargon « une information préoccupante ». Sauf que je n’aurais rien su de la situation du petit garçon qui cachait tout pour préserver les apparences… Sacré petit garçon quand j’y pense, j’assurais !

Pas le genre à appeler au secours. Eh bien, le petit garçon s’en est bien sorti. Ce fut rude, l’échec scolaire aurait pu ajouter sa sanction au reste, mais j’ai tracé mon chemin, grâce aux amis, grâce au théâtre !

Je ne dis pas que j’ai tout bien fait, que parfois je n’ai pas cherché des voies raisonnables pour éviter de me mettre en danger plutôt que d’oser parfois d’autres chemins… mais je ne suis pas encore mort et ce qui compte, c’est de se retrouver soi…

Fier de ce que j’ai appris et de ce que je peux apprendre encore

Si je regarde mon parcours professionnel, je ne le vois pas comme une façon de grimper dans la hiérarchie en se croyant supérieur parce qu’on aurait réussi un concours.

Ce dont je suis fier c’est d’être resté fidèle à mes valeurs, à l’éthique, d’avoir cherché à me respecter comme à respecter autrui malgré les problèmes rencontrés.

Si je devais résumer, je dirais d’ailleurs que ce dont je suis fier, c’est probablement d’avoir permis à des talents d’émerger et d’avoir permis à des personnes exclues de trouver leur place ou d’avoir aidé des personnes (petits ou grands) à prendre conscience de leur propre valeur.

Fier aussi d’avoir agi, de ne pas m’être défilé. Et mine de rien, fier de n’avoir jamais passé la brosse à reluire, ciré les pompes ou tenté de me faire « bien voir » pour obtenir une promotion, un avantage ou une récompense.

Quand j’ai eu le sentiment que j’allais trahir ce en quoi je croyais dans l’édition scolaire, j’ai rompu un contrat en me fichant bien de l’argent perdu. Quand les injonctions paradoxales du ministère sont devenues pesantes sur mon métier j’ai anticipé mon départ en retraite même si ce fut d’ailleurs sous les insultes de certains. J’ai toujours refusé de mentir.

Je n’ai pas tout réussi du premier coup

C’est assez banal à dire et si j’ai commis des erreurs pour diverses raisons, je les ai dites et réparées autant que possible. C’était de la méconnaissance.

Parfois j’ai repassé des examens ou des concours. Et je me dis, tant mieux ! Si je l’avais eu du premier coup, je serais resté dans l’erreur ou l’à peu près…

J’aime toujours apprendre

Je n’ai pas fini d’oser aller dans des domaines dans lesquels je ne suis pas expert. Je me suis retrouvé à adorer faire des maths alors que j’ai la réputation d’un littéraire ou j’apprends la rigueur du numérique… même si je suis loin d’en avoir tout compris !

Il faut parfois du temps, revenir… mais j’aime découvrir, apprendre, chercher, vérifier, comprendre, écouter, lire…

J’aime persévérer

Que ce soit au jardin pour transformer l’espace, pour terminer un écrit ou un projet, reprendre jusqu’à sinon obtenir la perfection au moins faire progresser significativement un projet.

C’est à dire que j’aime voir le résultat d’une action réalisée, reprise souvent, amendée… et pouvoir dire que j’en suis l’auteur.

Pouvoir me dire c’est chouette, j’ai réussi à… même si je minimise encore parfois certaines jolies réussites.

Fier de mon indépendance

Je suis fait de différences assumées non pour m’opposer mais qui sont une façon de me dessiner, de me construire. Il y a des tas de Vincent Breton. Mais je suis celui là. Pas un autre. Je me suis fait.

La question n’est pas de me comparer mais d’inventer mon propre chemin. Sans vouloir imiter quiconque, en osant poser les questions et en restant fidèle à mes valeurs (assertivité, dignité, respect, goût pour la solidarité…).

Dans ma petite république intime, j’applique volontiers la devise républicaine ».

Singulier, indépendant, libre mais solidaire. La compétition ne me concerne pas.

Je n’aime pas posséder, je n’ai pas l’âme propriétaire, l’argent n’est pas mon moteur. C’est ce que je suis parce que je me sens plus libre et plus léger ainsi.

Fier d’agir pour faire ce que j’aime

La vaisselle je n’aime pas trop. Mais je peux la faire au moment que je choisis et en chantant c’est plus rigolo.

Mais je suis au moment merveilleux de ma vie où je peux choisir dans ma journée de (bien) faire ce que j’aime et qui me plaît.

Parfois je ressens la fatigue, il faut que je l’écoute, comme de l’agacement (ce que ça veut dire, si c’est utile…). Parfois j’ai des petites douleurs, il faut s’en occuper, comprendre les symptômes…

Fier de me dire que je continue de changer et de créer ma vie

Peut-être tout à l’heure, vais-je déraper dans l’escalier et mourir bêtement assommé. Bon, rien n’empêche d’être prudent… mais aujourd’hui j’aurai fait des choix. Pas forcément tous faciles, mais j’aurai lu, réfléchi, crée quelque chose, cheminé dans mes projets…

Il y a un moment où les planètes s’alignent. Où l’on se dit, voilà, c’est le bon moment… et puis on passe à un nouveau projet. J’aime changer pour avancer !

Il faut de la patience, de la persévérance, être l’artisan de sa vie.

Je refuse de me vendre, même si c’est symboliquement, aux conformismes. Je mets un pluriel car le conformisme se trouve parfois dans des organisations, des chapelles … qui sont persuadées vouloir changer le monde mais qui en réalité ont déjà un modèle préconçu dans la tête.

Je veux à la fois pouvoir changer, grandir, évoluer mais ni me malmener, ni me trahir. Moins que jamais. Sans intégrisme, sans fermer mais sans mentir.

En mourant, juste avant, j’espère pouvoir dire : « j’ai aimé, j’ai beaucoup appris, et je me suis bien amusé ».

Vincent Breton

Par Vincent Breton

Vincent Breton auteur ou écriveur de ce blogue, a exercé différentes fonctions au sein de l'école publique française. Il publie également de la fiction, de la poésie ou partage même des chansons !

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