Sur le vif de cette journée printanière au tempo soutenu, j’ai croisé bien des visages, du marché à la pharmacie, de la ville au village, j’ai même soufflé dans l’alcootest du gendarme, poussé la tondeuse, mis à jour la carte vitale et tant d’autres choses, mais le plus beau ce fut cette extraordinaire rencontre.
Je ne l’oublierai jamais
Nous marchions tranquilles et joyeux dans le soleil avec le vieux Galou toujours content de voler une escapade. Nous marchions au bord du Lot, avec la falaise en face. Implacable. J’ai toujours peur que les indiens ne débarquent tout en haut et nous visent avec leurs flèches. Nous n’avions que le sifflement vif des rapaces. L’eau est à présent plus paisible. Les champs verdissent.
Ce pays ne cesse d’être beau. Il joue entre ombres et lumières. Dans la vallée les rumeurs multiples vibrionnaient. Un chien nous a entendu depuis sa ferme, un tracteur traversait toussotant. Sur son vélo, un pêcheur traçait droit devant lui, utilisant sa canne comme un balancier pour tenir l’équilibre… de loin nous entendions les mouvements du pédalier.
Galou était tout à sa joie. Les arbres commencent à verdir. Ce n’est que le début du printemps. Ça frémit partout.
Et puis soudainement le voilà, beau, si beau ! attirant la lumière au bord de l’eau.
Fier comme Artaban
On aurait dit qu’il nous appelait dressé, impatient. Si beau. Mais pas si jeune qu’il voudrait le laisser croire. Il se la ramène un peu. Mais il est si beau, on peut lui pardonner de vouloir mentir sur son âge, si fleuri dans le soleil. Je crois bien qu’il riait.
Je crois bien qu’il nous invitait, qu’il nous attendait, qu’il nous appelait un rien goguenard et impertinent, assurément insolent, sûr de sa beauté.
Oui, il jouait un peu la comédie, chantant, volant la vedette, baigné de soleil. Il était impossible de ne pas s’émerveiller et de pousser des cris d’admiration.
Approche toi
Regardez-le bien , on voit parfaitement sa silhouette : les deux bras tendus qui vous accueillent joyeusement, la tête avec ses cornes ou immenses antennes… Les hanches sont arrondies et les pieds bien rivés au sol. Va-t-il danser ?
En nous approchant, venant humer sous les fleurs, c’était tout un concert d’insectes butinant. Une fête incroyable !
Il fallut alors lui faire promesse de revenir. De revenir le voir ce nouvel ami du bord de l’eau. Quand il serait en feuilles, quand il serait en fruits, quand il serait aux oiseaux.
Je l’imagine l’été, capable de confidences.
Nous reviendrons sous ton ombre lorsqu’il fera chaud.
Va, tu peux être fier ! Tu es rudement beau. Si j’avais été arbre…
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