Changer de vie ? C’est presque une tarte à la crème ou un marronnier quand on se promène sur l’Internet. Tapez donc « changer de vie » sur votre moteur de recherche favori, vous verrez qu’on ne sait plus plus où donner de la tête. Les conseilleurs ne manquent pas. Les coachs se profilent nombreux à l’horizon.
Changer de vie, pour certains, ce serait d’abord pour fuir un quotidien pas drôle. Le problème dans la fuite c’est qu’on emporte parfois avec soi ce que l’on devrait laisser.
Changer de vie peut venir d’une rupture volontaire, d’un changement d’activité, d’un accident de la vie, parfois certains changements de vie sont des sortes de glissements, des métamorphoses insensibles. Les gens diront : « il ou elle a changé, n’est plus comme avant… » Et cela risque d’être un constat amer.
Si l’on a changé de vie parce qu’on s’est laissé aller, ce n’est pas terrible…
Mais cela peut se traduire en démarche inspirante et inspirée, commencer par une évolution intérieure qui peut être une transformation, mais aussi une révélation, une mise à jour de ce que l’on est, on change de vie pour pouvoir être soi ou parce que l’on sait un peu mieux qui l’on est et qui l’on veut être… au moment présent.
C’est le moment de changer de vie ? Je vais ici en donner témoignage. Écrire en marchant. Ce sera le premier article d’une série sur cette question qui est en réalité un projet déjà en route !
J’entre en colloque avec moi même
On peut en parler à ses amis, à la famille. J’ai commencé à le faire. Mais en réalité, les choix seront personnels. Parfois, ils impliqueront les relations aux autres… mais c’est bien la personne concernée qui décide. Il faut l’assumer pour surtout n’avoir aucun reproche à faire à autrui plus tard.
Colloque ou conciliabule ?
Mais je m’expose ici dans une démarche presque impudique qui vise aussi à m’engager. Oser et conforter la résolution. Ces articles seront une façon de poser les choses, de réfléchir en marchant, de témoigner de ce que j’essaie. Nous verrons d’ici quelques temps comment les choses auront évolué, ce qui sera resté, ce qui aura été transformé…
Je m’accorde donc cette première phase qui visera à clarifier les choses avant même de structurer la démarche dans ses aspects les plus pratiques.
C’est une sorte de défi, c’est un apprentissage, c’est la joie de la mise en projet où l’enthousiasme doit être moteur mais ne doit pas évidemment conduire à des choix idiots même si rien n’est irreversible.
Il faut avancer sans peur, sans naïveté mais en se disant que c’est une chance à saisir !
Les changements récents n’ont pas manqué
Choisis, anticipés ou subis, depuis 2019 j’ai collectionné par mal de changements d’ordre professionnel ou personnel. Je ne détaillerai pas les aspects privés, il est aujourd’hui assez banal de faire évoluer sa situation familiale ou sentimentale. Il peut y avoir des secousses puisque par nature cela est fait d’interactions. Professionnellement, j’ai aussi rompu avec un métier particulièrement dévorant… Retirer l’armure n’a pas été que simple. J’ai de ce point de vue totalement tourné la page pour me libérer l’esprit.
Puis il y a eu au milieu de tout ça la COVID, le confinement et tout ce qui nous a tous heurté avec une violence certaine.
Je n’ai pas souffert de l’isolement en tant que tel, mais j’ai été frappé par le bon comme le mauvais dans les relations humaines. J’ai été très affecté aussi de voir d’un côté le niveau des » complotristes » complètement cinglés et de l’autre l’impéritie des gouvernants.
Je me suis retrouvé « en retraite » – terme un peu idiot – à un moment où toutes les incertitudes et les inquiétudes se sont abattues sur nous.
Tout le monde a été secoué, chacun s’est débrouillé et a composé comme il a pu, a été transformé… Je pense à nombre de jeunes qui n’ont pas fini de regarder le monde autrement… et continuent de souffrir.
Sans sombrer dans les poncifs ni trop développer, le confinement a permis de renouer avec l’essentiel, de s’alléger, de développer la créativité… J’y reviendrai.
J’ai la chance d’être libre
Les personnes de ma famille avec lesquelles je suis en relation connaissent mon goût de la liberté. Je ne fais rien par convention. J’ai toujours choisi ma route, mon mode de vie, mes relations.
D’une certaine façon, le temps ayant fait son travail, mes racines nourrissent ma mémoire mais il n’y a plus de maison familiale, de lieu d’attachement. Il faut trouver un équilibre entre les souvenirs très vifs à l’esprit et le présent que je dois habiter pleinement pour être heureux.
Je n’aurai pas d’héritier au sens classique du terme et mes créations aussi fragiles qu’un fichier numérique s’estomperont et disparaîtront avec moi dans les limbes. J’aurai transmis, je transmettrai peut-être encore un peu, je partagerai qui sait des émotions ou des sensations grâce à mes créations mais tout cela pour le bonheur de l’échange, de la rencontre, certainement pas la volonté de durer ou de laisser sa trace.
N’ayant pas l’âme propriétaire, je voudrais plutôt avoir celle du locataire respectueux des lieux qui au moment de laisser les clés laissera la maison en bon état pour le suivant.
Ma liberté plus que jamais doit s’exprimer par mes choix, je dois être certain que je choisis ce qui me motive et surtout ce dont j’ai besoin pour habiter au mieux la nouvelle période qui s’ouvre devant moi.
La liberté c’est travailler à garder l’horizon ouvert devant soi. Ne pas avoir peur de partir, d’écrire de nouvelles pages, d’inventer.
Ce n’est pas oublier ni nier le passé.
Savoir pardonner
Il y a des actes assez terribles si j’y pense dont j’ai été victime à différents moments de ma vie. Ils m’ont conduit souvent à mettre de la distance, à rompre les ponts, à partir pour me préserver et me sauver.
Il reste une distance phénoménale entre savoir pardonner et pourvoir renouer. Renouer serait notamment prendre le risque de réactiver par exemple des relations toxiques qui m’ont à la fois fait perdre du temps et m’ont simplement empêché de trouver l’apaisement…
Un ami me décrit comme « une jeune âme ». Il voit en moi un naïf. J’ai fini peut-être par grandir un peu. Il faut savoir être lucide, ne pas se laisser piéger tout en ne se privant ni de faire confiance à autrui, ni de se faire confiance…
Mais s’il y a une chose que j’ai enfin apprise, non sans effort, c’est que pour avancer, pour aller vers ce changement souhaité, tout en conservant ma liberté, tout en ne renonçant en rien au contraire à ce que je suis c’est pardonner.
Un article résume assez bien ce que je peux concevoir en matière de pardon notamment vis à vis de personnes avec lesquelles il sera impossible de renouer. https://www.penserchanger.com/comment-pardonner-ceux-qui-nous-ont-fait-mal/
Ce pardon est une façon de pouvoir me relier aussi aux bons souvenirs, mais de libérer mon mental de cette forme de dictature que m’imposerait la persistance du ressentiment.
Ce pardon est une façon de rendre l’autre à sa liberté tout en n’insultant pas ce qui a pu être agréable ou bon dans la relation… même si pour un des cas notamment, j’ai des difficultés à faire cela. Alors pardonner c’est comprendre que l’autre était les pieds dans son histoire…
Pardonner c’est aussi me libérer d’un poids… Résilience !
Pardonner, c’est pardonner à l’autre mais aussi à moi même. Pardonner de m’être laissé avoir ou piéger, de n’avoir pas su agir à bon escient au bon moment… pour pouvoir en tirer le meilleur apprentissage et simplement marcher droit devant car j’ai « à faire » et de « belles choses à faire ».
Se pardonner c’est aussi se dire que j’ai su ne pas plonger ou me laisser détruire, non par esprit de revanche mais c’est aussi renouer avec l’enfant intérieur, être bien avec soi dans sa dignité, sa soif de vie et de poésie et d’amitiés neuves !
J’ai toujours aimé le changement
Dans ma carrière professionnelle, j’ai exercé six fonctions qui étaient au final six métiers parfois reliés mais assez distincts.
Dans ma vie j’ai déménagé je crois 23 fois… J’ai peut-être en moi un gêne nomade, peut-être aussi mon manque d’ancrage m’a poussé à voyager, changer de maison, surtout ne pas m’enraciner quelque part, mais je crois que j’ai toujours aimé découvrir de nouveaux univers, des environnements très différents : j’ai adoré Paris, j’adore la campagne, j’ai aimé la montagne, j’aime l’océan… J’ai aussi apprécié les différences comme les points communs entre les personnes rencontrées ici et là. Je me suis souvent amusé en découvrant que je connaissais mieux parfois un lieu que les autochtones trop familiers qui n’en voyaient plus la richesse.
Comme je le disais plus haut, quand on change, il y a ce qu’on laisse et ce que l’on devrait laisser.
Parmi mes apprentissages à poursuivre, l’allégement est une piste à creuser. Non pas pour l’austérité, mais pour pouvoir voyager léger.
Cela fait partie de mes atouts, je n’ai aucune peur de changer. Au contraire, c’est une soif de changement.
Changer de vie, depuis gamin a toujours été pour moi une perspective réjouissante… même si tous les changements n’étaient pas forcément à la hauteur de mes espérances… en tout cas, la motivation est là. Ce n’est pas non plus de l’inconstance dans le sens où je ne change pas pour autant d’identité mais au contraire, je la renforce et la forge…
Je veux pourvoir m’affirmer
Car parmi les choses qui me motivent, il y a bel et bien ce besoin de m’affirmer sans m’opposer. D’une certaine façon je dois inventer ma vie, ce que je suis, créer.
Ma réalisation passe par là. Écrire, chanter ou tout autant explorer, semer, fabriquer, agencer un espace, être attentif au design de ma vie, à son esthétique comme à son éthique.
Je veux pouvoir aller à la rencontre de personnes différentes de ce que je suis, porteuses d’expériences différentes pour continuer d’apprendre de ces rencontres.
Si je veux m’affirmer sans m’opposer c’est vivre l’expérience de la rencontre et de la dignité réciproque. Singulier, je veux pouvoir reconnaître le semblable en l’autre. Quelque chose comme ça.
Je veux pouvoir « vivre en poésie »
Je pourrais reprendre ici la philosophie du poète Guillevic.
Quand je dis que je veux « vivre en poésie », plus pleinement encore, ce n’est pas seulement me laisser traverser du souffle de la vie, ce n’est pas juste pouvoir m’émerveiller des richesses de la nature, de la force du cri d’un oiseau ou de la beauté de la lumière sur les galets de la plage… c’est comme le disait Guillevic lui même : « prolonger le réel non pas par du fantastique, du merveilleux, des images paradisiaques, mais en essayant de vivre le concret dans sa vraie dimension, vivre le quotidien dans ce qu’on peut appeler – peut-être – l’épopée du réel. »
C’est vivre intensément le présent, en étant aussi présent pour les autres, mais en tentant de s’alléger des troubles inutiles, des fardeaux inutiles qu’ils soient souvenirs noirs, pensées sombres, paroles médisantes, flux incessant d’informations ou violences.
C’est conquérir cette sagesse émancipatrice, donner sa chance au verbe et au chant, pouvoir se dépasser en portant son regard de l’infiniment petit à l’univers dans une mystique libre de tout dogme, de tout refuge dans une doxa ou une croyance.
Je ne suis pas si éloigné de ce à quoi j’aspire. Il reste à trouver le cadre et définir la démarche tranquille et résolue de l’exercice…
Et vous ? Voulez-vous changer de vie ?