Pluie, vent et soleil à Gréalou

Publié le Catégorisé comme sur le vif
une pâture sur le plateau du Causse de Gréalou dans le Lot sous un ciel balayé par le vent

Avec le Galou quand nous voulons que le ciel nous injecte une dose de poésie en pleine face, nous montons à Gréalou, sur le causse. Je vous parle souvent de cet endroit. Il s’y tient un chêne de mes amis et quelques autres arbres que nous aimons. Magique et mystique, nous y allons le matin, la nuit, peu importe la saison. Chaque heure, chaque visite réserve ses surprises. Hier, pluie, vent et soleil à Gréalou nous ont bien lavé l’âme et le cœur et remplis d’énergie et de sagesse.

Il sait le beau

le chemin mouillé par la pluie au moment ou le soleil arrive sur Gréalou avec Galou

L’homme a domestiqué l’espace. Pierres sèches, cazelles, dolmen… Les brebis, les chevreuils et les sangliers sont chez eux. Les oiseaux. Mais c’est une sorte de cathédrale à ciel ouvert. Galou ne fait pas qu’y fureter. Il sait la vie, il sait le beau. Il a fait sien le paysage et sa joie est visible parce que maintenant il le reconnaît, c’est lui qui décide par où nous allons passer. Regardons-nous vers le Lot ou l’Aveyron ? Galou dirige la promenade. Parfois, il s’arrête et contemple intensément, scrute l’horizon. Je ne sais à quoi il pense. Mais je sais qu’il est sensible à la beauté des lieux.

Par ici on regarde vers l’Aveyron. Le champ accueille les brebis mais est aussi le lieu d’envol d’ULM et peut-être d’ailes volantes. On ne voit pas la vallée du Lot, en contrebas, mais on peut tourner la tête à 360°, on est comme sur une passerelle au dessus de l’Océan, directement reliés au ciel.

Celui-ci peut-être changeant au gré du vent. Nous sommes arrivés un peu inquiets de pouvoir poursuivre contre les bourrasques et la pluie lavant tout, puis en quelques minutes la pluie a cessé, le vent s’est concentré sur les nuages et la lumière fut (Alleluia !). Alors vinrent des chants d’oiseaux. On aurait dit les enfants qu’on libère dans une cour d’école.

Lieu d’évasion, de consolation et de reliance

Quercy

J’aime ce que disent même les traces dans l’herbe courte. Une piste qui va droit, une autre bifurque, vers où ? Le ciel offre son cinémascope en couleurs, le vent tient la bande son avec des changements brusques. C’est presque un Western que l’on pourrait filmer ici. Au loin les collines tracent leurs lignes douces. Ici pas de falaises comme en face, mais on peut toujours être surpris.

Venir ici c’est échapper aux miasmes, aux bêtises, à la tristesse des égoïsmes.

L’autre jour nous y avons croisé un vieux paysan appuyé sur sa canne me confiant fuir la foule de touristes qui envahissait son village. Une autre fois, une personne me racontait qu’elle avait trouvé prétexte de promener ses chiens pour échapper à un trop long repas de famille. Ce plateau où l’on se sauve, n’est pas un plateau où l’on s’isole. Plutôt une sorte de refuge pour celles et ceux qui ont besoin d’air. Et ils se confient volontiers à ceux qu’ils croisent ici. Parfois des marcheurs de Compostelle…

On peut y venir triste, mélancolique, fatigué… on repartira toujours revigoré, joyeux, empli d’espoir.

Galou, le vieux Galou dont le souffle est de plus en plus court, puise ici les meilleures des vitamines. L’endroit est roboratif.

ciel mouillé

C’est pour moi un lieu de reliance où l’homme est passé depuis longtemps, dessinant le paysage mais avec assez de précaution et de respect. De toutes façons tu grattes un peu, tu tombes sur la pierre, rien ne peut pousser. Mais c’est un lieu où l’on se relie à soi, au vivant.

Nos promenades à deux avec Monsieur Galou, scellent aussi cette indéfectible amitié, cette complicité.

Avez vous ce lieu préféré ?

On a son meilleur ami, on a son meilleur paysage. J’ai eu la chance à chaque fois de trouver un lieu régénérant ou de récompense. Dans les Hautes-Alpes monter au dessus de la vallée du Buëch, dans le Morbihan aller vers cette pointe entrant dans l’océan à Locmariaquer… Ce lieu que l’on aime, où l’on se dirige presque naturellement comme on visiterait une personne accueillante de la famille. Ce lieu qui devient familier mais que l’on ne cesse d’explorer et de redécouvrir à chaque visite. On y guette les signes de la nature, les transformations, le passage de bêtes.

Hier, nous avons vu que des sangliers avaient fouillé la terre. Certains avaient déterré des petits bulbes de plantes à naître pour les délaisser. Ailleurs, une main à posé des pierres les unes sur les autres. Plus loin un petit pan de mur n’a pas résisté aux secousses…

Parfois au retour, je regarde les cartes pour tenter de reconnaître le nom des montagnes au loin. Certains points semblent proches mais seules d’interminables routes sinueuses y conduisent.

Mais vous, avez-vous ce lieu préféré où vous savez que vous pouvez vous rendre facilement et rêver, plonger dans l’éternité du réel et vous laisser traverser du souffle vital ?

Par Vincent Breton

Vincent Breton auteur ou écriveur de ce blogue, a exercé différentes fonctions au sein de l'école publique française. Il publie également de la fiction, de la poésie ou partage même des chansons !

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