Faire le point – la journée 2

Depuis hier, je me suis « convoqué » amicalement en auto-séminaire avec l’idée de faire le point sur les habitudes et les projets qui structurent ma vie. Celles et ceux qui suivent le site, savent que c’est une habitude que j’ai. Après la démarche qui a consisté à quitter une région pour une autre, il faut prendre sa place dans le paysage mais il ne s’agit pas de se poser passivement. J’ai toujours aimé réfléchir à mes choix de vie comme à mes projets, les réorienter si besoin, travailler ce que j’appelle la cohérence poétique c’est à dire pouvoir être soi dans ses valeurs, relié au présent et au monde, mais pas inféodé à des habitudes néfastes ou inutiles. Sans « se mettre la pression », savoir quel sens je donne à mes choix. Aujourd’hui je formalise un peu mes repères et pointe quelques actions ou orientations concrètes…

Les deux schémas

Les quatre éléments d’une journée réussie

Notamment en évoquant ce qu’est pour moi une « journée réussie » , un premier schéma structure ma vie. Je trouve qu’il est un bon guide qui permet de s’interroger.

C’est un schéma dynamique qui a toujours régit ma vie. Quand j’étais adolescent, enseignant ou formateur et encore aujourd’hui.

Apprendre, parce que c’est une dynamique formidable. Je reste toujours merveilleusement curieux. Que ce soit une connaissance livresque ou scientifique au sens strict, une connaissance pratique, une découverte artistique… pour moi, une journée réussie, c’est avoir pu apprendre au moins une petite chose. Je pourrais d’ailleurs m’amuser à faire le relevé pendant une période donnée de ces choses nouvellement apprises.

Ce que j’apprends nourrit pour beaucoup mon envie de créer : que ce soit « faire à mon tour » ou simplement parce que je suis inspiré par une expérience. Lire me donne l’envie d’écrire, vivre l’émotion d’un paysage de créer une photographie, un poème ou une chanson…

Je pourrais garder les créations pour moi, mais j’aime partager, histoire de voir si d’autres ressentent à leur tour quelque chose.

Quand j’enseignais, j’aimais créer une situation pédagogique pour partager la connaissance.

La boucle se nourrit : partager une connaissance invite à la réapprendre ou à imaginer de nouvelles situations…

Partager, c’est aussi une façon de prendre soin d’autrui : que ce soit partager une part de tarte, une chanson, une connaissance qui enrichit…

Le « prendre soin » a toujours été le point délicat. Prendre soin des autres a été mon métier et souvent ma façon de faire y compris dans la vie privée, au risque de ne pas prendre suffisamment soin de moi-même. Heureusement, depuis tout petit la création, l’expression, a toujours été le moyen, parfois le dérivatif qui m’a aidé à « supporter » les épisodes les plus difficiles. Par exemple, faire du théâtre au collège au sein d’une petite troupe, m’a permis d’éviter ou limiter le harcèlement.

Ce schéma, je le trouve structurant, il permet de se questionner, d’interroger ses choix…

Un schéma dynamique

C’est la mise en tension entre les quatre points qui crée une dynamique, c’est à dire va permettre de secouer l’habitus… Sans se mettre en souffrance, il s’agit de pouvoir sortir de la zone de confort en fonctionnant de manière toujours plus autonome. J’ai mes repères, mais je ne refuse pas la surprise. Je pose mes jalons, mais je suis disponible… J’ai la trame, mais je dois pouvoir improviser…

Routines

J’ai évoqué l’autre jour les problématiques liées à l‘imprévu. Il est le perturbateur qui peut déstabiliser un « programme ».

Dans mon métier précédent, j’étais guidé par un programme très précis, avec des contraintes fortes que je devais sans cesse réajuster en raison d’imprévus qui étaient presque devenus omniprésents. La fameuse crise du COVID en fut une belle illustration. Il fallait naviguer à vue de jour en jour tout en maintenant ce qui pouvait l’être…

Les animaux de la maison sont nourris de routines ou d’actes réflexes. Pour eux, pas de grasse matinée. Certaines sorties ponctuent la journée et les horaires sont très intégrés. Le chien a instauré des rituels de jeux auxquels je cède et il insiste si je n’y réponds pas. Il décrypte mes gestes et en tire des conclusions. La chatte de son côté est même capable de miauler pour que je la rejoigne sur le lit passée une certaine heure…

Rituels ou routines nous en avons toutes et tous et heureusement car c’est aussi une façon de structurer le temps et de se plier à des tâches prosaïques. C’est aussi une façon de créer une certaine dynamique d’entraînement vers une autre activité.

Se coucher à heure régulière aide à mieux dormir et gérer son énergie… mais ne doit pas priver de la joie d’une nuit blanche.

Manger à heure régulière et de façon équilibrée est certainement aidant… à la condition d’avoir faim. Une perte d’appétit serait suspecte, mais en réalité trop souvent nous mangeons plus que de besoin…

En mai 2024, j’avais déjà écrit à propos des réseaux sociaux. Je pense que je vais de moins en moins les consulter. Certains comptes sont intéressants mais peinent à se renouveler et surtout ne peuvent traiter les sujets de fond… J’y partage les créations de ce site avec plus ou moins de suivi… De même les chaînes d’info ne sont qu’énervantes…

A contrario j’ai besoin de routines plus affirmées pour par exemple maintenir ou développer une activité physique régulière.

– interroger la routine et les activités « réflexe » : pourquoi je consulte un réseau social ? (limiter à une consultation quotidienne), pourquoi j’ouvre la télévision (ne pas céder à « c’est l’heure de… »)
– veiller à la régularité même modeste de l’activité physique

Spontanéité

Si je suis dans « le flow » d’une création, je ne vais pas m’interrompre. De même, si une idée vient, je dois avoir des outils pour la noter ou répondre à la dynamique créative, y compris celle de la rencontre.

En ce sens j’y réponds déjà beaucoup mieux. Quand on est attentif et disponible, cela favorise instantanément les échanges.

Je dois oser donner plus de place aux impulsions non pas tant en matière de création que d’interactions. Cela suppose de sortir de la zone « de confort » qui est ici surtout une zone de protection. Après cela ne veut pas dire être imprudent ou céder sur mes valeurs.

Création et exploration

La création peut aussi être exploration, elles se nourrissent l’une l’autre. Je crois que je peux poursuivre la diversification de ces explorations. L’exploration inclut une dimension poétique dans la mesure où mon moteur est double : la curiosité (en lien avec l’apprentissage, la compréhension) mais aussi la recherche du « beau » qui s’incarne dans l’élan vital, le mystique, l’éternité dans toute chose… (c’est « l’épopée du réel » chère à Guillevic).

– avoir plus de temps de créations « exploratoires » ou de temps de recherches qui n’aboutiront pas forcément à une exploration
– programmer peut-être une fois par mois, de façon plus précise les temps d’exploration de façon à ne pas être pris au dépourvu…

Structurer le temps

Certaines exigences prosaïques tendent parfois à perturber les projets d’exploration ou de création.

Si j’ai déjà de grandes lignes d’organisation, je crois devoir orienter plus avant les choses en tenant compte des deux schémas précédents et de la nécessité d’interroger les choix.

Compte tenu par exemple du climat, des saisons etc. il y aura peut-être des organisations différentes à trouver selon les périodes. Je vis à la campagne. Je crois maintenant à l’expérience que je démarre mieux à me consacrer aux activités intellectuelles le matin, aux activités plus physiques l’après-midi et aux domaines culturels le soir…

On pourrait de façon générale imaginer un tableau de ce genre :

Sur ce schéma, se rendre disponible aux « ruptures » notamment les explorations à la journée ou sur plusieurs jours…

Toujours en leitmotiv la nécessité lorsque je fais quelque chose de pouvoir m’interroger :

• pourquoi je fais ça ?
• est-ce que cela me fait du bien, m’apporte un plus, ne va pas me perturber émotionnellement inutilement ?