Un imprévu est cet intrus qui osa déjouer mes plans. Nous avons eu un imprévu dit-on en guise d’excuse. Mot du jour. L’incertitude vogue au loin pas moins inquiétante, mais on peut feindre de l’ignorer un temps. L’imprévu c’est l’invité surprise. Il n’est pas toujours aisé de l’accueillir avec joie. Il faut lui répondre immédiatement, sans réfléchir, avoir la bonne réponse. Parer à l’imprévu qu’ils disaient… on a beau chercher toutes les assurances, ce coup là, on n’y avait pas pensé.
Rendez-vous manqué
Je m’étais imaginé tout un programme. Mais je n’avais pas de plan B. Désemparé. Un petit fait pas si grave peut désorganiser. Alors, on beau se dire des histoires de peau de l’ours ou de châteaux en Espagne, de laitières et de pot au lait… ça perturbe.
Au fond, il y a deux sortes d’imprévus :
- le goujat qui débarque rompre le fil du quotidien ou si c’est le meilleur ami du monde il peut devenir goujat si j’étais sous la douche (et encore plus si j’étais saoul)
- le méchant qui vient secouer ce que l’on avait prévu soigneusement, celui qui bloque, qui coince, qui empêche. Sans avion pour décoller, adieu le beau séjour à Tahiti !
Si ça s’était passé comme prévu.
Mais non.
L’imprévu nous prend en otage. Franchement, au début, on n’a pas le cœur à rire. Il faut patienter ou mettre son énergie à résoudre le problème… ou déléguer quand c’est « l’accident de voyageur »…
Ou alors… changer son fusil d’épaule…
Ça vaut mieux que d’attraper la scarlatine
Vous connaissez la chanson ? Je ne me souvenais pas des paroles originales au delà du refrain, elles sont terribles ! On y parle d’attouchements de viols et même de circoncision (avec une pointe d’antisémitisme, on était en 36).
Relativiser.
Un certain nombre de restaurants (farceurs ? ou ne craignant pas l’autodérision), ont pris ce nom d’imprévu. J’aime bien choisir sur le menu ce que je vais manger…
Ce sont aussi ces dépenses qui vont venir perturber le budget… alors, il faut avoir des réserves…
Une assiette en plus
Autrefois à la campagne, cette assiette en plus était toujours là, au cas où. L’imprévu mange la part du pauvre.
N’avais-je pas au fond l’intuition sourde de cet imprévu ? C’est après l’accident que nous relisons les signes avant coureurs, en réalité, si ce n’était pas entièrement prévisible, les conditions étaient réunies… L’imprévu n’a besoin souvent que d’une seule condition pour venir tel le petit grain de sable tout bloquer…
Vous voyez combien il draine à lui seul d’expressions ?
L’imprévu est avec nous. C’est cet enfant qui veut parler et que nous n’écoutons pas. Un malade soudain, une averse, le gravier sous la roue, l’écrou qui se dévisse subrepticement.
L’imprévu c’est un peu de confiance qui se brise. Ce n’était pas si solide. Il va falloir réparer. J’ai dit au garagiste : « je compte sur vous ». Il n’a pas répondu. Une catastrophe vient-elle seule ?
L’imprévu ment
L’imprévu ne dit pas toujours la vérité. C’était plus grave que l’on croyait. Il se rit de nous et son pouvoir sur nous c’est de nous rendre anxieux.
Parfois il ment, ou nous pousse à minimiser. Mais ce n’était pas rien en réalité. Incident ou accident ?
Quand il sera parti ça ira mieux.
Tellement mieux qu’on éprouvera peut-être de la reconnaissance pour des choses qui se passent normalement, habituellement, de la reconnaissance pour cet ordinaire… tu te souviens des « premiers de cordée » ?
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