Que vive la curiosité !

Publié le Catégorisé comme mots
Mur

Toute la semaine je suis venu à vous avec mes curiosités numériques. Mais ce n’était qu’un plaidoyer mal déguisé pour que vive la curiosité. Elle est ce sel qui donne de la saveur, cet aiguillon qui vous pique, ce feu qu’on attise. Éteinte chez les vaniteux imbus d’eux-mêmes et les vieillards pessimistes, elle vibre joyeusement à l’enthousiasme de l’enfant intérieur. Si elle devient insidieuse ou déplacée, c’est qu’elle s’est trompée d’objet. Malsaine chez le toxique, elle se collectionne en objets bizarres au cabinet de curiosités. Singulière, étrange… elle est une jolie soif qui nous met en marche !

La joie de la surprise

Isisenmajeste

Un meuble qu’on déplace, un nouvel objet sur la table. Isis mène l’enquête. Qu’est-ce donc ?

« C’est quoi ça ? «  dit le petit enfant. Puis il demandera avide « pourquoi ? » avant de s’interroger plus sagement et justement sur le « comment »

Je ne connais pas d’enfant qui n’aime être étonné. À mes élèves j’essayais de rendre le savoir savoureux en leur proposant d’en découvrir ensemble les secrets. Plutôt qu’apprendre la règle bêtement, démonter le système pour mieux comprendre son fonctionnement et s’en souvenir.

La curiosité a ses amateurs. Il ne faut pas que l’anecdote prenne le pas sur l’Histoire, mais elle nous invite à y entrer.

« Alors ? Raconte ! » Oui, mais chacune et chacun a droit à son mystère, sa part de secret.

Se mettre en quête

Ce qui importe c’est de ne pas rester passif. Ne pas se contenter du plateau télé ou du scroll que le pouce imbécile commande, mais choisir !

Chaque jour nous devrions savoir faire preuve de curiosité. Faut-il se forcer ? Oser soulever les pierres, ne pas prendre le sentier habituel. Les moteurs de recherche tuent la curiosité. La pseudo « intelligence-artificielle », assèchera notre cerveau en lui refusant le droit à la sérendipité.

Je cherchais ça et de lien en lien, j’ai découvert autre chose. La révélation !

La question à nous poser à l’intime, est donc de savoir si nous avons été capables d’être curieuse ou curieux une fois dans notre journée : prendre le circuit habituel de la promenade « à l’envers », découvrir une nouvelle musique, un nouvel auteur, sortir comme on dit de notre « zone de confort », essayer un art, une méthode, un truc jamais fait, une recette nouvelle… oser penser autrement, parfois contre soi pour voir l’effet que ça fait…

La curiosité nous ouvre des portes jubilatoires sur nous-mêmes : des sensations neuves !

Il ne s’agit pas de se mettre en danger : pas de doigts dans la prise « pour voir », rien qui ne soit contraire au respect dû à soi ou autrui. La curiosité,il lui faut de l’éthique mais de l’audace !

Apprendre et créer

Je vous tanne avec ma journée réussie. La curiosité en est pourtant l’ingrédient parfait.

Oui, la curiosité me pousse à apprendre, à essayer de comprendre.

Mais pour vérifier que je sais, j’ai besoin de créer à mon tour : que ce soit de parler une nouvelle langue, de reconnaître des oiseaux à leurs plumes ou à leur chant, de chanter un ton au dessus, pour voir.

Tu as vu ce que j’ai trouvé ?

La curiosité a cela de formidable que nous ne saurions garder une découverte par devers nous. Il faut qu’on montre, qu’on partage, qu’on explique, qu’on transmette.

Regardez sur ce réseau social célèbre combien de jeunes gens aiment nous partager leurs connaissances et surtout leur amour de la langue ! Jolie émulation. Il a dit ça ? Je me mets en mouvement à mon tour, pour creuser, vérifier…

Une passion se nourrit de découvertes et s’élargit en se partageant. C’est comme en amour !

Une façon de prendre soin de soi et des autres

Donner à la curiosité la possibilité de s’exprimer, c’est renouer avec notre âme de gamin. Je veux en savoir plus long sur tel objet… mais lors d’une exploration libre d’un paysage, je veux me laisser surprendre, notamment par la beauté.

La curiosité nécessite un peu d’inattendu. Ou de disponibilité à l’inattendu, l’imprévisible. Elle n’a pas sa place dans un emploi du temps figé, les yeux rivés sur le programme.

S’il neigeait soudainement dans la cour, il fallait aller voir ça avec les élèves. Peut-être s’interroger, lancer une expérimentation : quand la neige fondra-t-elle plus vite ? Au contact du fer ou de la laine ? Et le flocon au microscope, qu’a-t-il à nous dire ?

La curiosité est une façon de se mettre en mouvement, d’aller chatouiller la rationalité, dépasser les croyances. Vive la science !

Elle est souvent subversive : «  Vous êtes bien curieux !  » dit-on au journaliste ou au citoyen qui voudrait savoir où donc est passé l’argent…

Sans liberté pas de curiosité. Sans curiosité pas de liberté.

Si elle sait ne pas s’enferrer dans une attitude toxique, un conformisme intrusif et ne se confond pas avec un contrôle de police, la curiosité est une attention à l’autre. « Je suis curieux ou curieuse de savoir comment tu vas, comment tu te sens, comment s’est passée ta journée, si tu ne te sens pas triste ou seul-e ? « 

Souvent des drames pourraient être évités, si avec bienveillance nous savions faire attention à l’autre.

Galou 3

La curiosité peut-être une générosité avec soi et avec l’autre. Tu ne vieillis pas si tu restes curieuse ou curieux. Le cerveau trouve jolie récompense à faire marcher l’intelligence.

Un détail suffit parfois, il suffit de se connecter au présent…

Dans le jardin, je suis tombé par hasard sur des pierres recouvertes de terre. Alors, je me suis fait archéologue et j’ai cherché encore et encore ! Si j’étais passé trop vite, je n’aurais rien découvert !

Et vous ? Avez-vous fait preuve de curiosité aujourd’hui ?

Par Vincent Breton

Vincent Breton auteur ou écriveur de ce blogue, a exercé différentes fonctions au sein de l'école publique française. Il publie également de la fiction, de la poésie ou partage même des chansons !

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