Posé au travers de l’espoir, le mais vient te contredire. « Avec des mais et des si on ne fait jamais rien » dit-on. Alors, on fait quoi ? « J’voudrais bien, mais j’peux point » chantait l’intrépide Annie Cordy dans la « Bonne du Curé ». Le mais nomme nos limites et veut faire de nous des raisonnables. Il est pourtant une sorte d’empêcheur sournois. Une capitulation.
Je mets souvent du mais dans mes phrases
J’en élimine à chaque fois. Comme un tic la conjonction revient. C’est pas possible. Elle insiste, elle se glisse et s’impose. L’opposition ou l’impossibilité est parfois feinte. La conjonction vient rythmer la phrase, décoration inutile.
Il faut en avoir une bonne économie dans le texte. Son abus décourage.
Dans une phrase un peu longue, la virgule se place juste avant. On tend à l’oublier. La grammaire n’est jamais loin.
Mais il arrive qu’il veuille prendre la première place et le voilà qui rythme le texte.
Une variété de mais
Il n’en peut mais…L’expression est vieillie et se suffit.
Parfois le mais insiste : il est gentil, mais gentil !
Le plus souvent il oppose : il est gentil mais égoïste.
Il contredit, il objecte : mais comment vas-tu faire avec ce barda ?
Le mais encombre, il insiste lourdement.Ou il est surpris : Mais ça alors !
Mariages de mais
On le marie souvent avec toujours.
Il y a toujours un mais dans la vie, quand on gratte un peu la surface des choses. Jean Anouilh Le rendez-vous de Senlis, p.102
Et avec souvent le mais suit.
Seule Dalida nous consolait :
Mais il y a l’accordéon, Et c’est si bon l’accordéon !
La famille
Jamais et désormais ne rôdent pas loin. Adverbes qui se jouent de nous. Ils s’imposent définitifs comme des jugements.
Tous ces mots qui se glissent dans la conversation, qui nous échappent.
Je ne voudrais pas oublier ici l’expression désabusée. « Mais bon… »
« Il semble sympathique mais bon… » Le sous entendu plane, on se met à douter. La mise en cause ne va pas tarder… « Il chante bien, mais bon, c’est pas ma tasse de thé ».
« Mais où va-t-il aller avec tout ça ? » Je me demande.
« Mais qui croire ? «
Et pour peu qu’on lui octroie un tréma, alors tout change et devient agricole ou culinaire.
