Un épiphénomène

Publié le Catégorisé comme journal d'un électeur
Election
"Hand voting drawing, election vintage"/ CC0 1.0

Je ne sais pas si je dois encore parler de politique ici ou le faire ailleurs ou me taire. Le président n’a rien trouvé de mieux que la figure du père pour tenter de réparer ses propres bêtises. « Le plus jeune premier ministre » est parti cachant mal sa rage, ses dents raclant les pavés jusqu’à l’Assemblée. L’extrême droite se marre goguenarde, la gauche proteste de s’être fait griller la politesse. Mais cette nomination n’est qu’un épiphénomène. Le mal est ailleurs, plus profond.

Déchirer la carte d’électeur ?

Carte-electorale

Puisqu’on ne tient pas compte du vote… pourquoi voter ? Puisqu’à chaque fois qu’on nous a sollicité pour faire barrage à l’extrême droite, c’était pour mieux nous trahir le coup d’après… Il faut en réalité rappeler que le vote n’est qu’un des aspects et peut-être pas le plus déterminant… Ce qui se joue, notamment avec les médias, la construction de l’opinion, se travaille bien au delà… En quelque sorte, le vote ne vient plus que confirmer une « ambiance » générale… il reste pourtant une clé à ne pas abandonner. Car certains n’attendent que ça.

La gauche n’a pas changé de logiciel

Je n’oublierai pas les difficultés de la gauche à s’entendre pour désigner une candidate première ministre. Celle-ci a été choisie par des chefs de partis. Les députés n’ont pas voté, les militants n’ont pas voté. Tout cela nous a échappé comme le reste…

Je n’ai rien à reprocher à Lucie Castets, je ne la connais pas, mais choisir une parisienne, énarque, cadre supérieur… c’était aussi ne pas comprendre la déconnexion inévitable avec la « France profonde ». C’était aussi l’aveu criant de l’absence de ressources humaines ou de figures en capacité d’incarner la gauche de façon crédible…

Le NFP ne s’en est pas trop mal sorti mais l’attelage reste fragile. Je crains à mains égards un jeu de dupes. La compétition pour le pouvoir domine la volonté de coopérer. Nous n’entendons que peu d’analyse réelle de la difficulté pour la gauche à être présente notamment auprès des classes populaires, notamment en milieu rural…

La gauche peine à oser parler de valeurs, peine à dépasser la vision du citoyen-consommateur.

Sans démarche démocratique, sans transparence, sans maillage du territoire… la gauche restera dans l’opposition longtemps. Il lui faut vraiment se réinventer… mais pas autour d’une personnalité « providentielle ».

Se causer

Nous sommes dans un pays vrillé, recroquevillé ou chacune et chacun campe sur ses positions certain d’avoir raison… Compromis ou compromissions ? L’air du temps n’est pas très bon… on peut entendre des choses terribles nourries de ressentiment. Tout le monde est concerné.

Les gens se disputent sur les réseaux sociaux, mais mettez-les ensemble autour d’une table, ils savent assez vite trouver collectivement des réponses aux problèmes…

Il va falloir reprendre confiance, réapprendre à nous apprécier les uns les autres. Être ce que nous attendons d’autrui.

Au lieu de consulter chacune et chacun séparément il aurait été intéressant pour le président de réunir les forces politiques… de les faire se parler entre elles.

Je ne suis pas loin de penser de toute façons que la formation du gouvernement ne devrait plus être induite par le Président de la République. Je finirais presque par penser que tout gouvernement devrait obligatoirement inclure les représentants de tous les partis, que tout le monde se mouille, s’engage… Je sais, c’est contre la constitution actuelle, on est encore dans une vision où la moitié des voix plus une peut imposer son point de vue à tout le monde… il y a des moments où il faut trancher… mais si on regarde par exemple dans les petites communes, nombre de conseils municipaux fonctionnent ainsi… on apprend à se mettre d’accord ensemble puis on régule…

Cela suppose le respect…

Entre tristesse et espoir

L’appréhension du réel n’est pas simple. Y a comme un climat. Et puis les gens ont leur vie, leurs ennuis, leurs problèmes…

Pour l’heure, les inquiétudes sont devant. On ne peut se contenter de regarder ailleurs. On ne peut non plus crier pour crier en se dédouanant à bon compte.

Il y a de la responsabilité partagée… Après tout, c’est sur nos faiblesses qu’un opportuniste a pu prendre le pouvoir en 2027, sur notre laxisme que des théories fumeuses ou haineuses ont pu prospérer… et prospèrent encore.

L’espoir, je le tiens en écoutant et regardant la jeunesse, créative, éprise de liberté. Et puis nous le devons à celles et ceux qui se trouvent à souffrir du système…

Il faut que ça « milite » depuis nos vies (pas de façon dogmatique), que chacune et chacun agisse à son niveau pour partager, coopérer, tisser des liens, faire marcher la solidarité…

amitié
Vincent Breton

Par Vincent Breton

Vincent Breton auteur ou écriveur de ce blogue, a exercé différentes fonctions au sein de l'école publique française. Il publie également de la fiction, de la poésie ou partage même des chansons !

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