Il a bien joué. Le « prince président » a consulté. Mais ce que nous avons vu hier soir après cette journée de « consultations », ce n’est que le désarroi d’Emmanuel, définitivement grillé, piètre stratège mu par le mépris et l’impéritie. Il n’est pas disruptif, il est conformiste et incapable de se dépasser. Peu importe qui sera nommé, ce ne sera que bricolage sur un coin de table. Ce monsieur est seul.
Antipoétique
Il y a du pathétique là dedans. Souvent je dis que dans nos vies nous avons trois approches qui peuvent se mêler parfois :
L’approche poétique ou sensible du monde, est la capacité de nous ouvrir en empathie : reliés au réel, il s’agit de se montrer en attention bienveillante avec le sensible, le vivant, l’humain. Alors on agit pour apporter sa contribution positive au monde, parce qu’on sait faire attention à ce qui est le plus précieux, aux valeurs, aux personnes et parmi elles les plus fragiles.
L’approche prosaïque se voudrait rationnelle. Il faut organiser ou réguler le vivre ensemble. Nous devons veiller à la justice et la paix. Mais jamais en oubliant l’humain et la préservation du vivant. Personne n’est supérieur à personne.
Sinon, on sombre dans l’indignité et le vulgaire. C’est par exemple lorsqu’on veut « faire de l’argent » pour s’enrichir et non pour permettre que chacune et chacun vive mieux. C’est lorsque le paraître, la mise en scène du luxe trahit le beau pour en faire de l’ostentatoire. On fait le show. Mais un symbole n’a de vertu que lorsqu’il renvoie à une réalité tangible.
Quand la seule préoccupation devient la conservation du pouvoir, sa place, être le premier de la compétition, maintenir le système, alors on devient indigne car on fait des dégâts qui vont d’abord toucher les plus faibles.
Force est de constater que le président de la République n’est plus que le mauvais interprète d’un rôle qu’il n’habite pas. Il joue. Il est toujours au club de théâtre du lycée cherchant à se faire remarquer. D’ailleurs sa prof est encore là. Mais il reste le chouchou de sa classe et du coup n’a qu’une vision autocentrée du monde. Il se pense le centre du monde.
C’est de la psychologie de bazar me direz-vous, au fond cet homme nous est étranger, je ne suis pas là pour le psychanalyser, mais l’ennui c’est que son approche a des conséquences non seulement sur l’ambiance du pays mais surtout la vie des gens…
Derrière, le petit ballet des voitures dans la cour de l’Élysée est assez affligeant et dérisoire. Petit bal où l’on ne voit d’ailleurs quasiment que des hommes. Le bal des imbus aux petits manteaux et aux berlines avec chauffeur. Tout cela échappe au citoyens.
Monsieur a fait des bêtises, il veut trouver des comparses pour réparer, mais en nous tenant soigneusement éloignés comme si nous étions incapables de décider…
Destitution !
D’autres crient, « Destitution ! Destitution ! »
Ça ne mange pas de pain, ça fait un peu de bruit. Les gens en colère approuvent.
Démission suffirait puisque les assemblées ne conduiraient pas au bout un tel projet. Surtout, la bêtise crasse du propos tient en réalité dans le fait tout simple qu’alors l’extrême droite qui attend tranquille dans l’ombre tirerait les marrons du feu. Destitution = présidente d’extrême droite ! Un peu plus de chaos au programme ?
C’est assez !
D’ailleurs, pas plus que les citoyens de gauche n’ont été consultés sur le choix de la candidate première ministre, aucun vote nulle part, aucune motion n’a montré un accord partagé sur cette question…
La gauche devrait cesser ces approches verticales. Aujourd’hui, il est facile de consulter avant de parler. Mais il serait bon de s’y coller et de changer de paradigme et d’approche.
Changement de logiciel
Difficile de ne pas s’affliger en les regardant toutes et tous, de l’extrême droite à l’extrême gauche prétendre savoir ce qui est bon pour le peuple sans jamais le consulter ni s’appuyer sur de vraies logiques démocratiques.
Les citoyens se comportent en consommateurs, les médias les influencent au gré du buzz.
Il faudrait – moi le premier- commencer par devenir ce que nous attendons d’autrui, être ce changement que nous attendons des autres…
Pas facile de rester calme, de ne pas se laisser emporter…
Comme les syndicats représentent peu aujourd’hui les travailleurs, les partis politiques représentent peu les citoyens. L’ennui c’est que c’est encore cette logique qui nous gouverne. Les députés semblent peu autonomes dans leurs propres choix. Ils obéissent aux logiques d’appareil…
Sur les réseaux sociaux, ceux qui glapissent ne le font que pour leur chapelle, incapables de se placer dans la logique de s’accorder sur la réalité des problèmes et de rechercher des solutions…
Moins de lois, plus de bienveillance
Nous ne cessons de réclamer de nouveaux textes de loi chaque matin pour prétendre résoudre des problèmes.
C’est sûr qu’une fois que le peuple se sera lui-même jeté en prison avec des caméras de surveillance… la voie sera libre pour le « happy few » qui les asservit.
Nous ne définissons plus ce à quoi nous aspirons, ce que nous aimerions non seulement pour nous mêmes mais pour mieux vivre ensemble…
Nous n’osons plus une vision positive de nous mêmes. Nous avons cédé à la peur.
Nous croyons encore qu’une personne pourrait venir nous sauver !
Même l’écologie, qui a le plus souvent raison sur les problèmes, ne fait que renforcer le sentiment de peur et d’incertitude.
On regrette le passé (qui pourtant était dur) et l’on fiche la trouille aux gens avec les menaces de guerre, de réchauffement climatique ou d’épidémie. Ces menaces sont réelles mais au lieu de n’agir qu’une fois la crise arrivée, il serait bon de remettre les choses à l’endroit…
On tente juste de se prémunir, pas d’agir sur les causes en créant par exemple les conditions favorables à la paix, à notre protection…
Surtout, il faut que nous réapprenions à nous retrouver, j’allais dire à nous aimer, à nous accepter nous-mêmes dans la normalité de nos différences, dans la force de notre solidarité en veillant à oublier l’esprit de compétition au profit de l’esprit de coopération.
« Bon alors c’est qui ? »