Il y a déjà un moment que j’ai laissé Twitter. Conscient des problèmes posés par les réseaux sociaux, j’ai tenté depuis un moment de me fixer des règles d’hygiène. En poursuivant la réflexion que je vais développer plus bas, j’ai décidé de quitter les réseaux sociaux commerciaux. Le 10 janvier 2025 au soir, je ne serai plus présent sur Méta et je quitte également Bluesky. Je le fais par souci de cohérence avec mes valeurs, d’une certaine façon pour reprendre la main en donnant plus de sens aux échanges « numériques ». Je fais le pari de la singularité et de l’approfondissement sur la comparaison et la réactivité sans recul. Je préfère rechercher des échanges de qualité, une communication sincère animée par la curiosité et non l’intrusion toxique. Je préfère promouvoir la coopération ou le partage.
La goutte d’eau qui fit déborder le vase.
« Amazon et Meta donnent un million de dollars au fonds d’investiture de Donald Trump. » C’est le journal Le Monde qui nous apprenait cela dès le 13 décembre 2024. Un million de dollars « ce n’est rien » pour leurs entreprises, mais cet acte volontaire démontre à quel point Mark Zuckerberg et Jeff Bezos ont accepté de se coucher devant le futur président pour préserver leurs intérêts économiques. Rien ne les obligeait que la peur de voir leur très grande fortune légèrement écornée… C’est indigne. En 2017 Méta n’avait rien donné rappelle le quotidien du soir.
Si j’apprenais qu’une enseigne de supermarché donnait de l’argent à l’extrême-droite française, il est certain que je changerais de boutique.
Il faut rappeler que Méta est là pour vendre et faire du profit. Si j’alimente les contenus, je favorise les profits de cette entreprise. J’avais quitté Twitter au moment de sa vente à Elon Musk. Le climat était déjà délétère sur ce réseau, ce fut un soulagement.
Les arguments qui m’ont convaincu de partir
Depuis un moment, je pouvais mesurer à l’aune de l’expérience un certain nombre de difficultés posées par ces réseaux.
Ma principale activité était d’y diffuser des informations relatives à la vie du site mais parfois aussi de suivre (ou tenter de suivre) des groupes ou des informations. Il n’empêche que les applications sont bien faites et que la tentation de scroller s’impose vite. La dopamine est alors stimulée au déficit de la sérotonine !
Même si j’ai désactivé les notifications depuis longtemps, la propension à vouloir vérifier s’il y avait des réactions à tel message restait grande. Il faut très peu de choses : une conversation anodine peut déclencher une polémique, une mise en cause, de la disqualification… Même s’il existe des outils de blocage par exemple, les comportements agressifs ne sont jamais agréables à supporter. Il n’est pas utile et encore moins agréable de servir de punching-ball aux malfaisants.
La sur-stimulation engendrée par les réseaux est déjà toxique en elle-même. Les échanges qui émergent sont trop souvent marqués par l’agressivité, la compétition, la comparaison. Il faut susciter l’adhésion ou la polémique pour « exister ». On sait qu’à de rares exceptions près, le débat ne permettra pas de faire évoluer un point de vue surtout s’il est tranché d’emblée.
Sur Facebook, la publicité est omniprésente. C’est déjà pesant. Surtout si l’on n’a pas bien protégé sa navigation et que l’on repère à quel point l’application est intrusive et répétitive.
De nombreux groupes sont envahis de messages négatifs. Le racisme, les pires théories d’extrême droite ne sont jamais loin. on peut avoir le sentiment de vivre dans une société gangrénée par le pire. C’est un prisme dangereux. Heureusement la réalité des échanges dans la vie réelle est bien différente mais ce prisme pollue notre regard et ajoute de la défiance, de la distance en affectant notre quotidien.
Lorsqu’on tente de coopérer en proposant par exemple une aide sur un réseau numérique, on peut se faire agresser par un prétendu expert qui va vous disqualifier. Alors très vite on capitule.
L’apport réel de ce que l’on peut trouver reste mince et peut aisément le retrouver ailleurs.
Peu de flux vers le site
Je publie souvent des messages visant à faire connaître les publications du site. Il y a donc des liens qui poussent à sortir du réseau. Instagram les interdit quasiment, Facebook, Threads ou Bluesky les invisibilisent grâce à leurs algorithmes.
J’ai plus d’interactions sur de petits messages un peu polémiques (par exemple politiques) que sur la plupart de mes articles mettant en avant des publications noyés dans le flux…
Mes abonnés sur Threads par exemple, sont issus le plus souvent d’Instagram mais ce ne sont pas forcément des personnes intéressées par mes contenus. Le fonctionnement en « tuyaux » de Bluesky ne permet guère non plus d’avancer… et je n’oublie pas que le réseau n’est en quelque sorte qu’un dérivé de Twitter et en présente déjà nombre de travers.
Les gens qui me connaissent savent me retrouver. Les autres arrivent souvent par le hasard d’une recherche sur un moteur.
Des convergences
Jean Rivière explique clairement pourquoi il a délaissé les réseaux sociaux... même s’il le fait sur YouTube. Il propose des alternatives. Il invite notamment à préférer des contenus qui nous élèvent. Il propose d’utiliser des lecteurs RSS qui permettent de suivre des blogs intéressants. J’aime bien aussi la méthode des 4 livres : En substitut aux réseaux pour celles et ceux qui souffriraient du manque, il invite à avoir en livre accès, par exemple sur la table du salon 4 livres en permanence : un pour se former sur un sujet « pointu », un sur un autre thème qui plait, un livre pour se distraire (roman, biographie…) et un livre inspirant …
Elliot Meunier avec son projet Perspectives est dans la même logique. Il invite à revoir nos priorités. « L’accent est mis sur les autres, les valeurs profondes et l’engagement au service de causes plus grandes que soi. » L’idée est donc de creuser, d’approfondir, d’écrire plutôt que de se gaver d’information et de réagir dans l’urgence.
Pour l’écrivain Ploum, les réseaux sociaux engendrent même des maladies mentales. Comparant les ravages des réseaux à ceux de la cigarette, il dit notamment : « Je pensais que les réseaux sociaux étaient des addictions, des dangers pour notre concentration. Mais pas seulement. Je pense que ce sont désormais des maladies mentales graves. Que leurs utilisateurs (dont je fais partie avec Mastodon) doivent être vus comme des personnes malades dès le moment où elles modifient leur comportement dans le seul et unique objectif de faire un post.«
Louis Derrac spécialiste du numérique réfléchit avec exigence et grand sens de l’éthique à l’impact des réseaux sociaux. Ses réflexions sont toujours nourries, en mouvement. Il pose la question de l’apport réel, de l’émancipation grâce à ces réseaux.
Il invite à préférer « De plus petits réseaux, où l’on retrouverait quelques amis après le boulot, mais aussi des inconnus, favorisant les rencontres imprévues. »
C’est la raison pour laquelle je reste par exemple sur une instance Mastodon https://piaille.fr/@VincentBreton . Je l’utiliserai cependant avec prudence et parcimonie.
J’ai même hésité un peu à créer un mini forum en sous-domaine du site… mais c’est malgré tout du travail.
Concrètement
Jusqu’au vendredi 10 janvier j’informe mes abonnés de mon départ de :
- Threads
- Bluesky
Le vendredi 10 au soir je ferme ces comptes.
Le temps libéré va me permettre d’approfondir mes recherches, mes activités d’écritures et me donnera plus de sérénité que les désagréments engendrés par la confrontation à certains messages !
Pour me suivre
- on peut intégrer le fil RSS à son agrégateur favori https://vincentbreton.fr/feed
- on peut s’abonner pour recevoir chaque dimanche la liste des dernières publications
- on peut me suivre sur Mastodon https://piaille.fr/@VincentBreton
- on peut me suivre sur Diaspora
- au passage ces réseaux sociaux sont open source, sans publicité, sans conflits et informatifs
- on peut m’écrire à vincent.breton@vincentbreton.fr
Le site est facile à retrouver sur n’importe quel moteur de recherche https://vincentbreton.fr
à bientôt, peut-être !