J’évoquais hier le fait que le 10 janvier 25 au soir je quitterai l’univers Méta. La question n’a pas manqué dans la boite hier soir : « oui, mais alors comment choisir ses réseaux sociaux ? ça devient compliqué de faire confiance. »
J’aime bien l’idée de choisir activement plutôt que de subir. Chacune et chacun va le faire en fonction de ses préférences, affinités et besoins propres. Pour ma part j’applique 3 filtres : le filtre des apports, le filtre de la communication saine, le filtre de la sécurité et du respect de l’usager.
Petit rappel
Jusqu’à maintenant, j’étais présent sur différents réseaux, surtout pour faire connaître ce site et m’informer. J’ai noté que malgré la volonté d’adopter une certaine hygiène des réseaux , je me laissais happer à la fois par le scroll et un certain nombre de conversations polémiques affectant malgré moi le versant émotionnel avec des effets négatifs.
J’ai par le passé quitté Twitter à l’arrivée de Musk. Récemment j’ai été choqué qu’à l’instar du PDG d’Amazon, Mark Zuckerberg ait versé 1 million de dollars pour l’investiture de Trump. Hier, le PDG de Méta se ralliant au pire a confirmé renoncer au fact-checkers . Nul doute qu’il fera pression pour tenter d’imposer cela en Europe. Il suffit d’observer la façon dont la modération est effectuée (sans aucun sérieux) sur Facebook ou Instagram pour comprendre que le pire est devant.
Réseaux ou médias ?
Au passage, il faut s’interroger sur l’ambiguïté des réseaux commerciaux. Un « réseau » comme Facebook permet en apparence à ses abonnés de converser entre eux mais les algorithmes vont jouer sur la visibilité des publications. Le réseau veut que vous restiez et que surtout vous puissiez voir la publicité. Il injecte donc de la publicité qui diffuse un certain nombre de contenus suscitant des flux de réactions sans interactions réelles. Ils peuvent d’ailleurs orienter l’opinion et favorisent des réactions clivées, peu nuancées. La plateforme devient plus un flux de médias orientés en fonction de nos clics, de nos profils qu’un véritable réseau centré sur la communication entre les abonnés.
Les 3 filtres
Pour choisir un réseau social, je peux partir de mes besoins. Ils seront différents si je suis un particulier cherchant de l’information, un artiste cherchant à promouvoir son activité, un chef d’entreprise en recherche de clients etc.
Ce site veut témoigner d’une démarche personnelle où il s’agit de « vivre heureux en poésie« . C’est à dire de choisir autant que possible ce qui apporte, épanouit, relie au présent. L’idée est que l’activité quotidienne permette d’apprendre, de créer, de partager et de prendre soin. L’activité sur les réseaux sociaux faisant partie des activités menées dans une journée, elle doit pouvoir y prendre sa place de façon cohérente. J’attends donc d’un réseau social que je puisse y apprendre des choses, créer des contenus, partager un point de vue comme une création en prenant à la fois soin de moi même (me respecter, ne pas m’exposer à l’agressivité…) ou prendre soin d’autrui en adoptant une conduite régulée et éthique. Il y a donc des aspects sur lesquels je peux agir et d’autres qui relèvent du réseau en question.
Je choisis donc mes réseaux en ma basant sur les trois filtres suivant :
- le filtre des apports
- le filtre de la communication saine ou éthique
- le filtre de la sécurité et du respect de l’usager
Le filtre des apports
- est-ce que je peux accéder à du contenu qui m’enrichit, me permet de me questionner, de m’apporter de l’information honnête ?
- est-ce que moi-même je suis conduit à diffuser des apports qui pourraient intéresser autrui (des contenus de qualité, qui respectent une certaine éthique…). Est-ce qu’ils peuvent être visibles ?
Bien sûr on peut vouloir se distraire, y compris en regardant ponctuellement des « bêtises » mais je veux préférer du contenu qui m’élève, qui m’apporte un petit plus, fasse évoluer mes représentations. Je ne cherche pas à renforcer une vision déjà installée, je ne cherche pas non plus à me noyer dans des informations dont il faut ensuite vérifier la véracité. Il faut qu’une certaine confiance et l’esprit critique puissent s’exercer. Je veux pouvoir me dire après quelques minutes passées sur un réseau social, que j’ai appris quelque chose… ou que cela me donne l’idée d’aller chercher plus avant à comprendre une information, une notion…
Le filtre de la communication
Je veux pouvoir vivre de véritables échanges où je ne me sente pas agressé ni placé en compétition, où l’on ne me fasse pas la leçon ou demande de me justifier mais plutôt des échanges où la réflexion se construise par le dialogue, où la coopération enrichisse le débat, où les unes et les autres puissent questionner, apporter des idées, partager dans la sérénité. Certains emploient le terme d’échanges « safe ». Je veux bien l’anglicisme ici.
Cela suppose une certaine régulation qu’elle vienne de la structure du réseau ou des participants à l’échange.
Dans l’idéal, je peux trouver intéressant que des « bulles » ou « sous-réseaux » se constituent qui le cas échéant conduisent à se retrouver hors du réseau, dans la vie réelle. Il m’est déjà arrivé de rencontrer un auteur découvert sur un réseau dans un salon du livre ou d’aller voir un spectacle parce que l’on m’en avait parlé sur un réseau ou après un échange avec l’artiste lui-même…
Je me sens souvent plus à l’aise pour échanger avec des personnes qui ne sont pas complètement masquées, comme dans la rue ou la vie vraie…
Le filtre de la sécurité et du respect de l’usager
Je souhaite que mes données personnelles, les informations relatives à mes habitudes de navigation, mes interactions etc. ne soient ni divulguées ni utilisées par le réseau en question. On peut utiliser des techniques pour se protéger, mais il est parfois difficile de le faire avec efficacité.
Je souhaite rester maître de mes contenus, pouvoir revenir sur les autorisations éventuellement accordées etc. Il faut pour cela que le fonctionnement du réseau soit aussi clair et simple que possible.
Il apparaît important qu’une régulation puisse être effectuée relativement à la désinformation, à la fraude, aux arnaques comme au non respect d’autrui… c’est évidemment complexe.
Une affaire de priorités
Parfois on croit pertinent d’être présent »partout » pour ne rien manquer, être repéré (je le pensais notamment pour promouvoir le site). En ce qui me concerne, comme je propose des contenus « singuliers » , de « niche » …même si je suis content que certains textes fassent écho, je n’ai rien à vendre et ne cherche pas la notoriété. Ce qui m’importe c’est de proposer des contenus sincères et honnêtes et s’ils ont de l’écho, s’ils suscitent des échanges, j’en tirerai bénéfice. Je ne peux me disperser, cela nuirait d’ailleurs à la qualité des contenus…
La provocation de l’extrême droite, le goût du scandale, visent à confisquer l’espace. Il ne sert à rien de vouloir convaincre des toxiques. J’ai été tenté (au début) de le faire sur des réseaux comme Twitter. Ça ne sert à rien. En revanche, il faut prendre sa place dans le paysage, s’exprimer dans ses valeurs, sans sectarisme mais sans compromission.
Je sens déjà qu’en me libérant de certains réseaux comme ceux de Méta, je vais retrouver de l’oxygène à la fois pour être mieux, mieux créer et mieux échanger… Je fais le pari d’être le changement que je souhaite voir chez autrui en gardant « la lampe allumée » et tout modestement en incarnant avec cohérence ce en quoi je crois.
Pour finir par un double côté affectif, je fais ça pour mon enfant intérieur; pour « faire honneur » aussi à la personne qui m’a élevé et transmis ces valeurs « humanistes » même si elle n’est plus là pour le voir. Des fois il faut résister…
