Comment convaincre ?

Publié le Catégorisé comme journal d'un électeur
Election
"Hand voting drawing, election vintage"/ CC0 1.0

Comment convaincre ? Convaincre une personne qui ne s’est pas encore fait d’opinion et qui ne sait même pas encore si elle ira voter. Convaincre une personne dont les idées sont bien ancrées et que l’on aimerait « influencer »… mais de quel droit ? Avec quelle efficacité ? Il faut parfois se convaincre soi-même… et d’ailleurs, comment me suis-je convaincu moi-même ? Est-ce qu’une campagne électorale peut en elle-même faire vraiment bouger nos choix ou sommes nous influencés plus fortement par d’autres éléments ?

La campagne, l’attitude des journalistes

Je n’ai pas encore vu un seul clip de la campagne officielle, ni vu de débat. Je ne sais pas s’il y en a eu. Je n’ai pas cherché à savoir. Ça me fatigue. J’aurais du mal à savoir si les temps de parole sont respectés, si l’équité s’y retrouve…

Je l’ai dit hier, je pense que le poids des programmes est faible dans la détermination du choix profond des électeurs. Il y a cette lassitude oui, en même temps, cette déception anticipée qui fait que nous voterons « contre » avant de voter « pour ». Ce qui est triste.

Les journalistes après le « buzz » des premiers jours tentent maintenant de démonter certains programmes au nom de la crédibilité notamment économique disent-ils et il faut souligner qu’ils font un sort particulier au Nouveau Front Populaire. On joue à « la peur du Loup ». Pas toujours avec bonne foi.

Je vois y compris sur le service public des journalistes qui font des éditos ou des papiers très orientés. Pourquoi pas si alors un point de vue contradictoire pouvait s’exprimer…

Une fable et une chanson

Nous avons entendu des sportifs, ici et là quelques artistes ou influenceurs. Je ne sais pas si cela fait avancer les choses, mais ça replace les valeurs morales en avant. Je dois être sourd, je n’entends pas beaucoup la voix de grands artistes qui restent bien timides. Les philosophes ont dû être bâillonnés et ligotés au fond d’un placard.

J’ai écrit modestement deux textes. Plus pour me libérer de mes émotions ou montrer une forme de solidarité avec celles et ceux qui peut-être partagent mon approche, mes représentations que pour tenter de convaincre. Peut-être instiller un peu d’humanisme et d’empathie dans cette histoire.

Il y a eu d’abord une fable. La fable de la maison en feu. Grosso modo je tentais de dire que lorsque la maison brule, on ne s’amuse pas à faire un casting sélectif des pompiers.

Avec la chanson « Puisque » j’ai évoqué cette douleur, cette impossibilité que je ressentirais à devoir vivre dans un pays sous le pouvoir de l’extrême droite. L’exil. Certains l’ont connu. Je pense (sans me comparer hein !) à Victor Hugo.

Ça peut encourager un peu , ça ne peut guère convaincre…

Comment me suis-je convaincu ?

Je ne suis pas militant politique. Je n’aime pas le pouvoir d’une personne ou d’un groupe sur d’autres mais je lui préfère la responsabilisation partagée, la délégation. Les partis et leurs manœuvres internes sont trop limitants à mes yeux. Je ne m’y retrouve pas. Je suis trop indépendant pour être le vassal de quiconque et j’ai beaucoup de mal à reprendre une doxa, un argumentaire… sans exercer vite mon esprit critique. Je ne suis resté que quelques mois dans un parti politique et je l’ai abandonné quand je voyais que l’on passait plus de temps à dézinguer « les concurrents » qu’à proposer des solutions.

Je me méfie des effets de foule tout en appréciant la solidarité, la fraternité.

C’est probablement mon éducation qui a fait de moi un humaniste et un non violent. Ce n’est pas très en vogue. Mes choix sont d’abord éthiques. Ils peuvent être aussi « culturels » et presque « psychologiques ». J’essaie d’éviter de me laisser guider par le ressentiment. J’accepte de faire des concessions… mais nul doute que le système médiatique et la personnalisation accentuent l’impact que peut avoir tel ou tel … On peut ressentir un certain « feeling » ou un « rejet »…

Il faut aussi parfois lutter contre ses propres représentations culturelles ou sociales. Ne pas s’arrêter aux apparences… Revenir aux idées, aux propositions, à l’éthique.

J’ai toujours conservé une certaine constance dans mes votes même si j’ai souvent été regarder pour qui je pouvais voter au niveau local. Républicain, j’ai toujours accepté de préférer un candidat démocrate et républicain lorsque le deuxième tour l’exigeait. Sans illusion mais je l’ai fait.

Cette fois, j’ai la chance d’avoir ici un candidat que je trouve honnête et sincère, travailleur (de par son passé comme dans ce qu’il a pu déjà faire) et qui de plus sera porté par l’union. Il est réputé pour être modéré et respectueux, donc, pas de souci. Il n’y aura à gauche qu’un candidat lutte ouvrière pour se démarquer. J’espère que ce ne sera pas pour prendre les points utiles à la qualification au deuxième tour… Après, je peux avoir des réserves pour le programme. De toutes façons son éventuelle réalisation sera liée aux forces en présence au soir du second tour…

Tout est tellement émietté que le risque est grand d’avoir un pays ingouvernable.

C’est donc à la fois un choix éthique, de cœur et raisonnable à mes yeux.

Je ne pourrais pas voter pour l’extrême droite. Il suffit de gratter un peu ou de lire les réseaux sociaux pour voir tout ce qu’elle véhicule de ressentiment et risquerait de libérer plus encore… Je ne pourrais pas voter pour le parti présidentiel qui m’insulte à longueur de journée après avoir volé deux fois mes voix.

Mais de là à convaincre autrui…

Je crois dans la force des questions, dans l’exemplarité personnelle, dans l’incarnation… Il faut tenter d’être ce que l’on attend d’autrui.

La rationalité et la complexité, la nuance doivent être valorisées sans pour autant en faire des excuses pour ne rien changer.

Il n’est pas simple de se forger une opinion précise, d’avoir une vision exacte… Je me souviens que même le décompte précis du nombre des fonctionnaires, y compris alors que tout est numérisé, n’est pas aussi clair que ça… Les chiffres ça se bricole, les ressentis ont parfois plus d’impact que la température réelle…

Ce qui est embêtant c’est que l’on espère juste qu’il n’y aura pas un incident de parcours, une gaffe ici, un fait divers atroce (on vient d’en avoir un), voire pire pour que l’opinion ne risque de céder à l’émotion…

Tout peut s’emballer si vite…

Et en même temps, ici, localement, les gens sont très pudiques sur la question et plutôt évasifs cherchant à préserver la qualité du vivre ensemble…

Mais quelle idée m’ a pris de vouloir tenir ce journal ?

maison en feu
Vincent Breton

Par Vincent Breton

Vincent Breton auteur ou écriveur de ce blogue, a exercé différentes fonctions au sein de l'école publique française. Il publie également de la fiction, de la poésie ou partage même des chansons !

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