« Tu as été stalké tout simplement !… » me dit un ami compatissant J’avoue, je ne connaissais pas l’anglicisme. Mais c’est vrai, j’ai donc été épié, guetté ou traqué sur le vaste Web. C’est vrai qu’entre ce site et les réseaux sociaux, je n’ai pas toujours été très discret et il n’est pas très difficile de me retrouver… mais la question tient dans l’insistance à fouiller dans l’ombre, à avoir des interactions inappropriées et non dans le fait de me lire, de suivre ce site ou réagir à certains articles. Je ne suis pas une célébrité, mais j’ai vécu ce type de situation encore récemment. Ce qui a changé, c’est que maintenant (enfin) je réagis !
Des petites histoires emblématiques
Je venais de quitter mon métier et j’ai expliqué pourquoi sur un blog. Des réactions assez agressives se sont manifestées à l’époque et notamment via des mails assez pénibles et violents… Devant l’avalanche et l’impossibilité de répondre à tout le monde, j’avais retiré la tribune. Trop tard ! Parmi les messages, je me souviens de ceux d’une « dame » qui me harcelait, beaucoup de disqualification, une véritable agressivité. Je m’étais laissé aller à vouloir lui répondre, avec respect mais pour me justifier (ne jamais faire ça avec un pervers narcissique) … On a beau tenter de se préserver, ce n’était pas facile… Il s’est avéré plus tard que c’était un homme et que cette personne avait une histoire personnelle dans son métier qui expliquait son ressentiment. Je constituais une proie aisée. Surtout que sur le coup, je n’étais pas outillé pour réagir…
J’ai mesuré à l’époque comment de toute façon il est quasi impossible de se défendre et d’argumenter notamment sur les réseaux sociaux... Il avait été nécessaire de « verrouiller » certains réseaux ou d’en quitter… Il y avait eu celles et ceux qui s’étaient exprimés directement, d’autres qui étaient allés fouiller et interagir de façon presque menaçante sur des espaces plus privés. Il y a encore peu de temps, j’ai eu droit à des messages de personnes qui réagissaient longtemps après oubliant de lire les dates… Cécile Duflot avait raconté comment à une époque elle avait eu des soucis je crois sur Twitter et s’était sentie menacée… D’une certaine façon on peut dire qu’il s’agit là de réactions par « emballement ».
J’ai connu comme d’autres, « l’ex » fouillant la page Facebook et questionnant les amis… Petit espionnage basique nourri de jalousie. Bon, pénible mais l’impact restait au final léger…
Plus pernicieux : une personne avec laquelle je n’ai un lien qui n’est « qu’administratif » et hélas génétique pourrais-je dire, avait joué d’une fausse identité pour interagir avec moi sur un réseau social. J’avais à l’époque été obligé de « bloquer » la personne en espérant qu’elle ne revienne pas sous un autre profil… Cette personne je ne l’ai pas vue depuis quasi trente ans, je ne souhaite pas la revoir. La lectrice et le lecteur imagineront bien une histoire difficile remontant au lointain passé. Je vous laisse trouver la nouvelle crue qui raconte ça. La personne en question est restée sans d’ailleurs donner de nouvelles. Ces derniers jours, la boite du site recevait un message de cette même personne. Sans bonjour, ni signature. Juste une adresse mail. Les propos contradictoires, à la limite de la cohérence, ne témoignaient d’aucune espèce d’empathie et reprenaient les postures toxiques les plus classiques.
Je ne suis pas naïf, j’imagine bien que tout le monde peut avoir accès à un site public, c’est tentant… Mais imaginer cette personne fouillant le site a quelque chose de désagréable, comme une intrusion non souhaitée… Je me suis mis à regretter de n’avoir pas pris de pseudo… mais il y a des personnes dont je suis heureusement content qu’elles puissent me retrouver.
Il y a des gens dont je connais l’adresse, je ne rentre pas pour autant chez elles et ne cherche pas à voir l’intérieur depuis la rue…
Je ne cherche pas à tire personnel à pister des personnes avec qui j’ai pu avoir des liens et qui se sont éloignées pour telle ou telle raison… Ce ne serait à la rigueur que via « Copains d’avant » que je m’autoriserais un échange avec un camarade d’école ou de collège… Le « tu te souviens de moi ? » étant de toute façon risqué…
Un tel message comme une espèce de caillou lancé du passé dans le lac paisible de la vie présente était plutôt désagréable à recevoir. Message hautement toxique destiné plus à faire culpabiliser qu’à renouer, sans l’expression de la moindre empathie et encore moins d’excuses alors qu’il y en aurait à formuler de la part de cette personne… bref, un message d’une personne au comportement toxique.
La réactivation du passé
On n’oublie jamais les choses difficiles. Au moins veut-on espérer de pouvoir s’en libérer en avançant. Nul besoin d’être replongé dans un passé assez sinistre dont on a été la victime objective. Ce qui m’a touché, presque déstabilisé, c’est de voir que ce côté pénible pouvait vite être réactivé.
J’ai répondu en posant les limites
Ghoster avait été la première réaction dans l’urgence il y a longtemps face à une découverte pénible. Il fallait se sauver soi. Bloquer m’avait semblé plus tard un message clair avec l’intrusion déplacée sur Facebook.
J’ai hésité : devais-je simplement jeter le message et passer à autre chose ?
Puis je me suis dit (après avoir parlé du courage), que s’il était hors de question pour ma propre intégrité, mon propre respect et d’une certaine façon ma santé, de renouer, recréer du lien, échanger ou envisager de revoir la personne, je me devais de poser les limites et lui dire clairement ce que je souhaitais.
C’était me libérer et d’une certaine façon libérer cette personne. Au moins la lecture du « courage de ne pas être aimé » m’aura servi à ça.
C’est mon enfant intérieur qui m’a dit merci !
C’est comme s’il m’avait dit : « enfin ! tu l’as bien replacé et tu lui as dit non pour la première fois de ta vie. Tu as refusé d’entrer dans le jeu des justifications. Tu lui as dit à la fois lui avoir pardonné – pour toi même d’ailleurs- mais qu’il était hors de question que vos chemins se croisent de nouveau. «
Oui, et de fait, la libération efface le ressentiment et la tristesse d’avoir vus certains sentiments négatifs réactivés.
Ça m’a fait penser qu’un autre ami m’appelait autrefois ironiquement « maman » et qu’un autre m’a demandé si je voulais l’adopter !