Pense-bête du renouvellement

Publié le Catégorisé comme changer de vie
Salvagnac-Cajarc au bord du Lot

C’est mon ami Vincent qui m’a connecté à ce thème du renouvellement. Et le voilà choisi pour la semaine ! Après avoir exploré le concept, est venue la question d’un renouvellement authentique qui ne se contenterait pas de céder à la mode. Pour vivifier un peu le sujet, voici une sorte de pense-bête du renouvellement, histoire de pointer quelques mots clés qui me guident dans cette perspective…

En préalable

Surtout à mon âge, alors que je sais que je ne laisserai pas grand chose après ma mort et que l’on m’oubliera bien vite, plutôt que de chercher un sens à l’inexplicable dans un monde dominé par l’incertitude, je veux tenter de donner un sens à ma vie.

Cela suppose que j’agisse par choix et non au sens réducteur du devoir. Cela n’a rien d’égoïste : je veux pouvoir apporter aux autres, prendre soin d’autrui comme de moi-même en n’étant pas commandé par le conformisme, un dogme extérieur à moi même mais par des valeurs (l’humanisme, la fraternité, la solidarité) suffisamment intégrées pour me mobiliser. « Ma patrie c’est la Terre » comme dirait Edgar Morin et je considère tout humain sans distinction comme mon semblable, mon égal et nous avons tous droit à la même dignité. Disant cela, j’ai déjà perdu beaucoup de monde en cours de route. Ce n’est pas grave !

Cette vision me fait agir en tant qu’individu et citoyen, attaché par ailleurs à la non violence et ce depuis tout petit. Il n’y a déjà plus personne.

Quelle ambition ?

Je m’interdis toute compétition avec autrui comme avec moi même et je n’agis pas pour obtenir de la reconnaissance.

J’ai une jolie collection de mots en « tion » qui ferait presque un programme

  • création : le renouvellement de ma vie est permanent et passe par la capacité de créer, d’inventer, de me renouveler par la création… Je crois bien que mon autodidaxie pourrait au delà des mots, des poèmes ou des chansons, renouer avec la peinture comme lorsque j’étais petit. Mais créer se fait aussi au jardin, par l’écriture…
  • coopération : que ce soit pour créer ou mutualiser… poursuivre ou développer cette entrée… pas toujours aisé avec celles et ceux qui écrivent…
  • aspirations : j’aspire à vivre heureux en poésie, dans le flow, en me reliant au présent
  • intentions : pouvoir m’affirmer sans m’opposer à autrui, refuser la disqualification (d’autrui comme la mienne), habiter ma liberté à mon tempo
  • intuition : écouter mon intuition notamment dans ma relation aux êtres vivants (humains, animaux, environnement naturel)… c’est à la fois me relier et être attentif aux signaux d’alerte (par exemple face à la manipulation ou aux personnes toxiques)
  • inspiration : favoriser ce qui me relie au présent, créer des situations pour l’enrichir (le contact des arts, de la nature et des êtres vivants)
  • motivation : c’est la saisir quand elle vient au gré de l’inspiration, c’est la laisser s’exprimer librement puisque j’ai la chance de ne pas avoir de contraintes… c’est éviter le carcan de l’injonction tout en se dotant de petites habitudes, de rituels pour la stimuler… Par exemple, l’activité physique permet de la nourrir tout comme la rencontre des arts.
cerveau

D’une manière générale, c’est sans « me punir » (pas de régime privatif mais plutôt de bons choix pour me nourrir le corps et l’esprit) réfléchir dans les actions que je vais choisir à leur intérêt : est-ce que ça va me faire du bien ? ne pas faire de mal à autrui ou moi même ? est-ce que ça va me permettre d’avancer sur mon chemin ? … sans me mettre la pression ou jouer de moraline, mais au contraire en saisissant les chances…

Intérieur – extérieur

Dans un monde où les apparences dominent, il vaut mieux être musclé, mince et bien coiffé que ridé et bedonnant. On sait bien que l’habit ne fait pas le moine et que le bien peigné n’est pas forcément mieux dans sa peau. Je n’ai jamais trop cédé aux injonctions. Ce qui ne veut pas dire aller débraillé…

Du dehors au dedans, du corps au mental, du physique au psychique, je vois tout de même un tout assez interactif ou perméable. J’ai une alimentation équilibrée. J’ai la chance de ne pas avoir d’addiction (sauf peut-être à l’écriture)… Je sais que le renouvellement passe par une sorte d’oxygénation corps/esprit, organes et cerveau…

De même, cet équilibre de l’agencement de la maison et mes diverses explorations sociales, de lieux et/ou culturelles vont contribuer à m’irriguer et m’équilibrer.

Le renouvellement est un mouvement. Une mise en action de la pensée et du corps dans l’espace de ma vie…

Vers la sérendipité

Je dois savoir faire preuve de disponibilité. Ce n’est pas qu’une question d’agenda mais d’ouverture d’esprit.

Je le vois quand je marche dans la ville. Selon ma posture, mon attitude, mon ouverture mentale, on va ou non venir me parler, entrer en contact.

Je dois être disponible, c’est à dire attentif tout en lâchant prise pour guetter et découvrir l’heureuse surprise. C’est aussi une forme d’attention bienveillante à toute chose vivante ou inanimée et dans ses interrelations avec son environnement dont je fais partie…

Quand je suis sur un chemin en forêt, il y a un spectre extraordinaire de relations entre le minéral, la courbe de la colline, la flore et la faune, le climat, mon chien et moi-même qui venons là… Toutes les sensations sont concernées. Une façon d’être présent qui va permettre de temps à autre là des rencontres, ailleurs des découvertes… et de faire des liens et de comprendre…

Depuis peu, j’apprends à mieux décoder le passage des chevreuils, notamment grâce au flair de Galou… Pour ça il faut être connecté au chien, savoir observer les traces…

Tirer parti de l’expérience

Ce que l’âge me fait perdre en souplesse, vélocité ou sagacité, il me le fait gagner en capacité à mieux identifier les problèmes, les relativiser, mettre de la distance y compris avec des événements du passé.

Le renouvellement ne veut pas dire s’en aller naïf et désinvolte.

La sagesse, si tant elle qu’elle se construise, c’est de pouvoir se montrer ouvert sans dépendre d’autrui, notamment de l’avis d’autrui (j’ai encore à travailler ça) , savoir refuser l’emprise, les débats stériles ou les jugements extérieurs…

Le renouvellement d’une vie, part du passé pour repenser l’ergonomie de la vie, comme un espace à sa main (« c’est ici votre domaine de joie » chante Bertin), c’est un espace incluant la dimension temporelle, les rythmes courts ou plus lents, la valorisation des moments du quotidien pas toujours mis en avant comme du sommeil…

Vivre en poésie

Je vois un dialogue entre l’esthétique de la vie et l’éthique.

L’esthétique, celle qu’on va puiser dans le quotidien, celle que l’on bâtit… – avoir une vie « belle » ce n’est pas juste pour faire joli, c’est « habiter le monde en poésie » comme disait Hölderlin.. c’est faire dialoguer le prosaïque avec le poétique, trouver l’art dans la vie et la vie dans l’art, en faire une façon de designer sa vie… Ici la chance se fabrique quand tout s’aligne… Mais ce « moment » que l’on habite, comme une chanson, se verra suivre par d’autres moments… création re-création… L’artisan qui sait bien faire, est attentif à l’esthétique de son geste et sa relation au travail bien fait s’évalue à l’œil, au toucher… Le quotidien peut s’investir pleinement.

L’éthique est une façon de se réguler, non pas de masquer mais de savoir inhiber ce qui ne serait pas utile : la vaine colère, la disqualification…

Je ne dialogue pas avec le serviteur zélé de l’extrême droite qui ne cherche qu’à ferrailler… mais je veille par mon attitude, ma posture, à être le changement que j’attends d’autrui. C’est un rien « naïf », « prétentieux », « ambitieux » et je ne refuse pas la modération de la société pour que le « vivre ensemble » soit possible mais je veux être attentif à ne pas me laisser déborder ou aspirer dans des logiques mortifères. L’éthique c’est la bonne énergie d’un vivre ensemble, des messages clairs mais dans un cadre régulé… et puis par dessus tout partager le goût de la liberté, de l’expression créative et libre, de l’émancipation individuelle et collective…

Cela n’exclue pas de savoir dire, résister, militer…

Tout ça ?

L’approche n’est pas exhaustive. Le renouvellement est cette démarche éclairante, cette façon de vivifier l’existant en le visitant et en imaginant des actions convergentes, progressives… il s’agit de cheminer, tracer son sillon. Ne pas rester immobile.

Tout en étant soi-même, on se transforme, c’est à dire qu’on se débarrasse d’une vieille mue inutile et qu’on se déploie ou que l’on ouvre de nouvelles portes de soi en soi et vers l’extérieur… Ou bien du minuscule à l’immensité de l’Univers on ose effleurer l’éternité au travers de ce que maître Guillevic nommait « l’épopée du réel »

Avec ce qu’il faut de mystique et de folie raisonnable, de saveurs et d’humour, de couleurs et de chansons pour oser regarder le monde avec tendresse… malgré tout.


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Vincent Breton

Par Vincent Breton

Vincent Breton auteur ou écriveur de ce blogue, a exercé différentes fonctions au sein de l'école publique française. Il publie également de la fiction, de la poésie ou partage même des chansons !

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