Vous dites que vous êtes déçus ou déçues. Même un peu colère non ? « Ce nouveau gouvernement, vraiment ! Et le retour de ces personnages, franchement ! Faire le contraire de ce que l’on annonce avec autant d’impudeur, réellement ? Vous dites que vous êtes dans la déception. Je ne le suis pas. Je n’ai aucune raison d’être déçu. Puisque je n’attendais rien de la nomination de cette fine équipe. Qui avait quelque espoir ? Aucune vraie surprise, que de l’anecdote, du buzz, du vent. Je ne suis pas déçu. C’est un peu triste pour eux, pour nous accessoirement, mais je n’avais aucune attente les concernant. Donc, non, pas de déception.
Pas besoin de punching-ball
Déjà la nomination d’un commissaire au plan-plan sans bilan dans le but de faire des économies à coup de Falcon pour participer au conseil municipal fut assez comique. Voilà notre Joe Biden qui se prend pour Henri IV tout content d’avoir enfin son hochet. Avec un bonapartiste à l’Élysée, nous sommes comblés. Les Rougon-Macquart toujours à l’écran. Zola se serait régalé à dépeindre la cour.
Je me souviens bien de ce monsieur qui ministre pensa qu’enseigner l’anglais à l’école élémentaire (très bonne idée) pouvait se faire en demandant à des enseignants d’enfourner des cassettes VHS dans un magnétoscope (mépris des instits, mépris des élèves)… Sans jeunisme (on a vu il y a peu le plus vieux premier ministre de France âgé de 34 ans), je pense qu’un homme politique ne devrait plus exercer de fonction passé l’âge de la retraite. Surtout une fonction qui demande de l’énergie… Aïe ! Je viens d’énerver d’autres personnes…
Pour amuser la galerie, le béarnais est allé chercher l’emblématique : le traitre par excellence. C’était pas difficile, il grattait à la porte depuis un moment.
Alors ce qui devait se passer se passa : médias, politiques et réseaux sociaux se sont excités. Pas lui ! Au secours !
Il est la proie rêvée. Rire ou s’énerver ? Pas besoin d’aller chercher très loin pour trouver déclarations idiotes ou réactionnaires,revirements, fausses promesses, opportunisme, trahison en actes sans compter la propension à la xénophobie… Son absence d’humilité le rend insupportable à écouter au delà de cinq minutes. Il joue bien son petit rôle d’opportuniste. Ça fera un bon personnage pour la série sur Netflix.
Le reste de la fine équipe est du même acabit. Ça fait ronfler les formules à deux balles. Ça promet comme aux temps les plus réactionnaires de l’Ordre trois fois et plus de fermeté non pour les matelas mais pour la Justice. Laquelle n’a pas besoin d’être ferme par principe mais d’être juste. Certains de l’équipe trainent avec eux des affaires, il y a des liens avec les vieux courants de pensée de la France Rance… rien de neuf… de quoi nourir la machine à ressentiment.
Donc, rien n’a été compris, rien n’a changé… Ils savent et le peuple est bête. Ou occupé à scroller frénétiquement.
Mais je n’ai pas besoin à titre personnel de dépenser mon énergie à vitupérer sur les réseaux tandis que dans l’ombre l’héritière attend son tour : vous avez aimez le pire ? J’ai pire encore !
Ça proteste ? pas tant que ça…
Ce qui m’épate c’est qu’en fait au supermarché les caddies se remplissent docilement : « c’est déjà ça qu’ils n’auront pas ! »
Enfin, chez celles et ceux qui peuvent remplir leur caddie. Les autres vont discrètement ailleurs. Avec de la honte en sus.
Même pas une grève pour Noël ? Pas l’énergie, pas les sous… À quoi bon… Les citoyens ne croient plus en eux mêmes alors ça consomme si ça peut. Combat dopamine / sérotonine, toujours en faveur de la première…
Bon un cyclone, là bas, au loin, si loin… mais on fait comme si les difficultés venaient de migrants (ignorant qu’ils sont de la même famille que les locaux… ignorant l’Histoire…)… ça va passer. On oubliera vite… Fatalité climatique ? Tu parles.
Non, pour l’heure c’est « la faute aux autres et chacun pour soi ! «
Ce qui s’invente de neuf est ailleurs
Je sais des talents ailleurs. Des gens inventifs tracent leur route sur des chemins qu’ils défrichent en tentant d’être ce qu’ils attendent d’autrui. Se centrer sur le présent. Créer des bulles, des mini-sociétés, des réseaux… Là un écovillage, ailleurs une coopérative, plus loin des personnes autonomes qui pensent leur vie autrement, leur relation aux autres… Il y a là les prémices de nouvelles approches… et celles et ceux qui s’engagent dans la solidarité, qui font, mus par l’attention et la bienveillance.
L’ennui, c’est que ça prend le risque de ne pas faire société, c’est à dire celui que la communauté prenne le pas sur le supposé bien commun, les conquis sociaux… La devise républicaine a déjà du mal à s’incarner… l’émiettement n’est-il pas un risque quand nous savons que nous avons besoin d’infrastructures ?
Mais ce rappel l’autre jour, entendu, je ne sais où… « L’ascenseur social n’a jamais existé ».
Peut-être, sous yeux, sûrement, sans que nous comprenions encore tout, s’inventent des logiques nouvelles qui dépassent les formules mathématiques des économistes.
Le pouvoir économique reste confisqué par quelques personnages et leurs laquais politiciens. Le sinistre chef de X et ses délires revanchards et excluants, nous le repérons bien… mais d’autres que l’on croyait plus « gentils » ont déjà fait allégeance au plus fort histoire de protéger leur portefeuille… Ce n’est pas nouveau. Les réactionnaires de tout poil ont compris qu’il fallait attaquer bien vite tout ce qui risque de remettre en question ce vieux patriarcat capitaliste. Trouver des ennemis, diviser, inventer une « post-vérité »…
Devrais-je encore aller voter ?
La première fois j’ai voté par choix. Les suivantes pour éviter le pire. Plus jamais par réelle conviction. Petite goutte d’eau, j’ai affirmé mes préférences souvent, je vote à présent pour le moins pire mais je ne me reconnais dans aucun mouvement, aucun parti politique, aucune chapelle ou doxa.
J’ai des valeurs, la devise républicaine me plait bien. J’ai une éthique.
Mais je dénie à toute organisation ou chef autoproclamé ou vaguement élu de décider à ma place ce que je devrais penser en occupant les médias.
La démocratie par délégation transforme souvent le citoyen en consommateur.
Vivement le mandat unique et non renouvelable ! Vivement l’obligation de former un gouvernement au prorata de tous les élus pour en finir avec cette déresponsabilisation enfantine et ces disputes de cour de récréation. Ça ne viendra pas, je sais, ils ont tous le goût du pouvoir. Et si on n’y prendre garde les administratifs rajouteront des règles. Je l’ai vu par le passé. Pas partageurs.
Moi je n’aime le pouvoir que lorsqu’on le partage. Comme le savoir.
L’opportunisme, l’impéritie, la trahison et la désinvolture sont aujourd’hui aux manettes plus que jamais. Mais soyons honnêtes, personne ne pourrait faire mieux si nous conservons les mêmes logiques obsolètes avec des programmes figés qui n’entendent pas que le monde est en évolution perpétuelle et qu’il faut permettre à chacune et chacun de s’émanciper de son destin, d’être actrice ou acteur de sa propre vie…
Urgences, nécessités, besoins collectifs et individuels doivent se conjuguer dans une démarche où il faudrait réapprendre à se parler, vraiment communiquer, pour faire ensemble. Il nous faut souvent passer par la catastrophe pour réapprendre…
Nous avions dit « plus jamais ça ! » Mais la perversion de nos choix égoïstes s’entête. C’est plus facile d’accuser l’autre.
Nous dilapidons notre énergie en vaines disputes… Notre déception alimente le Yakafocon. Même moi je peux y céder…
Le joyeux pessimisme
Ne pas céder au pessimisme de Cioran fut-il jubilatoire. Il prend le risque de limiter la créativité et obère le droit de renouer avec le meilleur de l’humanité. Nous sommes chacune et chacun singulière et singulier, uniques mais tous humains, c’est à dire d’égale dignité. Et tous capables de faire du beau et du bien.
Même le plus insupportable des ministricules.
Le joyeux pessimisme c’est l’art de se centrer sur les difficultés et la façon de les résoudre plutôt que de vouloir tout juger ou planifier. Ni regretter le passé, ni craindre l’avenir, mais l’envisager.
Il nous faut sans cesse bricoler pour nous adapter. Mais notre intelligence n’est pas artificielle. L’intelligence artificielle est mal nommée parce qu’elle laisserait croire qu’on pourrait faire mieux avec des modèles conformistes.
Ce qui peut nous faire bouger, progresser c’est notre capacité créatrice.
Les 7 notes de musique n’ont pas encore épuisé toutes les combinaisons possibles. Il existe encore des musiques que personne n’a inventées.
Alors, je refuse de me complaire dans cette facilité de la déception et de la disqualification d’autrui. Ça contente cinq minutes, on reste aigri, c’est pas bon pour l’estomac et ne favorise pas les rencontres intelligentes.