La mémoire du poème

Publié le Catégorisé comme sur le vif
Taspierres

Ce matin m’est venue la mémoire du poème. Comme tant d’autres fois. Mais pourquoi lui, pourquoi si clair ? Épatante mémoire de mon cerveau pourtant embrumé ce matin, quel message veux-tu ainsi m’adresser ? Voilà la question du journal matinal.

Bonjour Monsieur Desnos !

Je marchai dans la maison quand soudain ces vers me vinrent. C’était juste avant d’entrer dans le bureau, une tasse à la main. Sans préméditation, sans penser à rien de particulier, sans chercher. Alors j’ai dit :


A la poste d’hier tu télégraphieras que nous sommes bien morts avec les hirondelles.
Facteur triste facteur un cercueil sous ton bras va-t’en porter ma lettre aux fleurs à tire d’elle.

La boussole est en os mon cœur tu t’y fieras.
Quelque tibia marque le pôle et les marelles pour amputés ont un sinistre aspect d’opéras.
Que pour mon épitaphe un dieu taille ses grêles !

...

C'est le début du poème "Les Gorges froides" de Desnos.
J'ai vérifié, je savais le texte juste mais juste cette partie, après j'ai bredouillé...
Je pense l'avoir appris au collège et relus depuis, mais peu de fois.
C'est pourtant un texte que j'aime beaucoup, qui fut pour moi jeune homme, comme une révélation.
Il reste aussi beau que mystérieux, inquiétant et amusant tout à la fois. Jeu de parodie, le poète nous piège mais sous le rire peut-être la douleur de l'adieu... que la dédicace éclaire bizarrement...

Desnos l'a dédié à Simone. Je suppose que c'est à Simone Breton. Laquelle n'a rien à voir avec ma famille mais surement vint-elle avec son mari André Breton du côté de Saint-Cirq-Lapopie juste à côté d'ici.
Saint Circ Lapopie

Mais pourquoi ces vers ?

Mais pourquoi ce sont ces vers et pas d’autres que mon cerveau fatigué a choisi de faire remonter à la surface ce matin ? Souvent j’ai des bouts de Victor Hugo ou même le monologue de Don Diègue… Il m’arrive aussi des bouts de chansons et je surpris d’en savoir parfois plus long que je ne l’imaginais…

Lorsque ma mère fut victime d’un AVC, ce sont les mélodies des chansons qui lui restaient. Elle n’avait plus les paroles et celles-ci revinrent parfois par bribes.

Je n’entraine certainement pas assez ma mémoire. Il y a comme des braises à réactiver.

Tout cela ne répond pas à la question, mais pourquoi ces vers et pourquoi maintenant ?

Sous la douche, au volant, entre deux automatismes, ils savent se glisser. Mon esprit s’amuse de moi même, m’envoie des petits signes…

Quelquefois, lorsque je m’ennuyais dans une réunion, lorsque je recevais une personne, par association d’idées je prolongeais mentalement la phrase, la question ou l’attitude de la personne par un bout de poème, une tirade, une citation… Cela me donnait l’air attentif et pensif, alors que mon esprit de cancre s’évadait…

Mais là, pourquoi ces vers là ?

Les gorges froides

Il ne faut pas négliger le titre du poème me souffle le psychanalyste de pacotille qui sommeille en moi ce matin. J’avais un peu froid à la gorge ce matin. Il n’en fallait pas plus pour que mon cerveau m’alerte et me dise de mettre une écharpe !

J’ai d’ailleurs remonté le col de mon pull.

Robert, Simone… Voilà bien des prénoms surannés. Robert est le prénom de l’un des personnages du feuilleton. Il faut que je termine le deuxième épisode pour samedi.

Belle journée !

le cerveau humain

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Vincent Breton

Par Vincent Breton

Vincent Breton auteur ou écriveur de ce blogue, a exercé différentes fonctions au sein de l'école publique française. Il publie également de la fiction, de la poésie ou partage même des chansons !

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