Juillet sous le signe de la poésie !

Publié le Catégorisé comme de la poésie
Hortensias

Je veux placer juillet sous le signe de la poésie.

Surtout, alors que la nuit, le feu embrase les rues.Que pourrais-je ajouter aux sermons, aux colères ? Il y a tant de commentatueurs, tant d’experts en grandes et petites haines…
Je ne veux pas me laisser contaminer.
Ce qui importe ce sont les causes des guerres. Mais qui veut les regarder vraiment ? Nous parlons si vite. Moi aussi. Anathème et ressentiment ne nous apprennent pas à renouer. Pourtant, il le faudra un jour.

Un conteur

Mieux que la milice, mieux que des grands frères, mieux que le courroux, il nous faudrait un sage, un conteur qui réunisse les enfants le soir autour d’un grand feu et leur conte l’histoire humaine. Il les tiendrait en haleine. Il leur lirait le grand poème. « Souvenez-vous que nous sommes des femmes et des hommes et de tout ce que nous pourrions imaginer et réaliser ensemble… »

des oiseaux

Shéhérazade


Ou bien c’est elle qui nous manque et qui saurait nous captiver. Mais on me dit qu’elle est devenue mère et élève seule un enfant énervé qui ne croit plus dans son futur. Alors, elle fait ce qu’elle peut. Elle serre son budget. Des contes aux comptes. « Ne rentre pas trop tard, ne traîne pas avec les idiots… ».
Parfois le malheur vient. Sur son enfant, sur elle, sur sa maison. Des gens crient et puis il partent. Et elle reste seule dans sa maison vide.

Ils brûlent des bibliothèques !


Les bourgeois s’indignent. Les bourgeois pourtant ne vont pas dans les bibliothèques, ils commandent leurs livres par ordinateur et les reçoivent à domicile, livrés par des gars pour qui le livre est souvent un objet étrange.
Combien sont entrés chez moi et regardant les livres encore trop nombreux : « Vous avez lu tout ça ? ».
Et je ne me souviens pas de tout. Souvent, je dois relire. J’ouvre un livre, j’y découvre des annotations. Ce sont les miennes ! Que j’étais pertinent !

Faire la lecture


Je me souviens d’avoir fait souvent la lecture.
On devrait la faire partout dès le matin : dans les écoles, les commissariats, au supermarché, dans les usines (comme à Cuba, tiens !) …
Dans les bibliothèques ouatée ? Parfois quelques scolaires y vont. En rangs serrés. Est-ce pour y lire vraiment ? On leur fait des « animations autour du livre ». Il n’y a rien de plus insultant qu’une animation autour d’un objet dont on ne permettra l’appropriation. Monde étranger, inaccessible. Incompréhensible.
Il faudrait des conteurs, des écrivains et des livres partout.
Et que les maîtresses et maîtres d’école, osent faire rentrer largement la poésie dans chaque classe : car la poésie ose la métaphore, elle sait faire feux de tous mots pour nous émanciper… Elle sait cela.

Chacun chez soi


Chacun vit dans sa chacunière. Les jeunes gens des beaux quartiers ne vont se frôler aux lascars que pour remplir leur besace de produits faits pour supporter l’inanité de leur vie confortable.
Mais prenons garde. Le préjugé est là, comme un chien qui niche dans notre ressentiment.
Les vieux ont la trouille. Si jamais demain matin la révolte s’embrasait vraiment ? … L’équilibre précaire des apparences tient à si peu de choses. Jeu de dupes. Pouvoirs, corruption, mensonges…
S’indignent aujourd’hui ceux qui se taisaient hier.

L’été s’est mis de côté pour l’instant.

Ici la pluie se déploie. Salvatrice. La poésie comme la pluie douche, console, oblige, éteint, lave.
La poésie, ce n’est pas pour éviter, ce n’est pas pour s’échapper. La poésie c’est pas pour faire joli. Ni pour se cacher. La poésie c’est fait pour habiter l’instant présent. La poésie désigne la dignité en chacun de nous. Elle croit en nous parce qu’elle va chercher l’enfant en nous. La poésie sait la liberté, elle la désire, elle la construit et l’ose et sait germer n’importe où.
Même dans le béton. Même entre un bus calciné et l’enseigne idiote d’un fast-food.

Car tous nos ennuis viennent de la laideur. Cette laideur qu’on a laissé passer contre un peu d’argent ou de pouvoir. La laideur engendre de la souffrance.

Il faut de la poésie sur le Monde pour réparer la souffrance, pour nous relier, pour nous réinventer.
Voilà, mes idées sont brouillonnes ce matin, mais c’est décidé, à côté des nouvelles crues du mardi, place à la poésie et aux poètes !
J’ai commencé ce matin en vous donnant un « Je pense à toi Rimbaud ! »

Vincent Breton

Par Vincent Breton

Vincent Breton auteur ou écriveur de ce blogue, a exercé différentes fonctions au sein de l'école publique française. Il publie également de la fiction, de la poésie ou partage même des chansons !

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