Relions-nous grâce à la poésie !

Publié le Catégorisé comme de la poésie Étiqueté
raisin au jardin

Relions-nous grâce à la poésie ! Relions-nous au vivant, à nous-même, aux autres, relions-nous au présent. Ce n’est pas une incantation, ni un vœu pieux, ni une promesse, mais plutôt une invitation à cette démarche joyeuse qui oppose l’approche sensible, la créativité et l’inventivité au conformisme grincheux d’une rationalité réduite à la peur de manquer.

Un remède contre le ressentiment

La poésie ne se limite pas au texte qu’on lit, qu’on dit ou qu’on écrit. C’est une attitude, une façon de se rendre disponible. L’an dernier, à la même époque, j’invitai lectrices et lecteurs à rentrer en poésie. Mais il ne s’agit pas de mettre un peu de poésie les premiers jours de septembre puis de céder rapidement aux sombres habitudes.

La pensée rationnelle feint de nous préserver de nous laisser commander par nos émotions. La Justice comme la Science, exigent que notre action ne soit pas commandée par l’impulsivité, la colère, la précipitation. L’Une comme l’autre peuvent être guidées par des réflexes conformistes. Il existe encore des gens pour croire que la terre est plate. L’inquisition autorisait les aveux par la torture en se persuadant que c’était Dieu qui parlait. La Science souvent se croyant systématiquement du côté du progrès pousse pourtant au risque sous prétexte de rentabilité à court terme.

Déchiffrer l’Univers ce n’est pas chercher un sens qui ne pré-existe pas, c’est faire sens en écoutant, en se montrant attentif à l’expérience sensible que l’on peut ressentir du monde. La poésie ne se laisse pas dominer par les émotions, elle se laisse traverser par elles pour les comprendre. Sons, odeurs, textures, respiration, lumière, saveurs… Tous ces langages, l’humain sait en faire une force créatrice qui n’a de valeur que parce qu’elle témoigne d’une attention bienveillante et sincère au vivant, à la Vie, à l’autre.

Une musique qui ne serait que mathématique pure serait désincarnée. Ce qui compte lorsqu’un musicien joue Bach c’est son interprétation.

Il n’y a pas de compétition qui vaille en poésie mais la revendication d’appartenir à cette communauté de destin qui nous dépasse : nous sommes toutes et tous reliés au vivant, aux objets, au proche et au plus minuscule comme au cosmos.

Ainsi, faire le choix de la poésie, prendre son parti, c’est accepter et considérer avec respect l’Homme dans toutes ses créations et cultures. C’est aussi se souvenir que pour survivre en milieu hostile le « sauvage » comme disait certains, n’a pu survivre qu’en faisant justement appel à tous ses sens.

La poésie est une école d’écoute, de tolérance, d’attention, de reconquête de l’instant présent.

La poésie est une vibration. Elle est instant et éternité.

Lecture intime, elle permet à chacune et chacun de ne plus se voir comme le centre du monde mais de se voir dans le monde, indispensable et provisoire. Alors, oubliant la rancœur ou la jalousie, la poésie deviendra plus tard ce langage qui nous relie aux autres.

Plus que jamais nécessaire en période d’incertitude

La poésie autorise l’ironie. Les petits chefs rivés à leur hochet nous font rire. Jusqu’au moment où ils seraient tentés de nous priver de liberté. Alors, la poésie saurait se déployer comme un drapeau pour refuser le joug des imbéciles et les rappeler à l’humilité.

La poésie permet à la fois la mise à distance des vanités mais l’attention, la tendresse en se revendiquant du côté de l’enfance, qu’il s’agisse des petits que l’on nous confie, que l’on élève ou de cet enfant intérieur qui veut nous aider à nous émanciper de notre destin.

Il n’y a pas de fatalité. La poésie ne renonce jamais. Elle est le chant.

Vivre en poésie nous transforme

Contrairement aux assertions souvent entendues, chacune et chacun peut changer. Les chemins ne manquent pas.

Que l’on marche dans la ville, que l’on prenne les transports en commun ou que l’on se perde dans un chemin de campagne, que l’on soit seul, auprès des siens, que l’on observe un brin d’herbe entre deux dalles de ciment, une forêt dans la montagne, un vieillard sur un banc, des enfants dans la cour d’une école… que l’on s’arrête pour méditer ou qu’on se laisse traverser… nous voici découvrant des espaces intérieurs inattendus, sans limite, sans fin qui nous révèlent à nous-même. Alors, on reprend la marche. On est voyageur.

Garder pour soi, rester sur son quant à soi…deviendrait impossible. La poésie peut consoler mais elle va vers l’autre. Elle nous enrichit de rencontres. Ce serait triste de la refuser, de passer outre, d’en rester aux formes convenues.

Le chemin sur le causse
Vincent Breton

Par Vincent Breton

Vincent Breton auteur ou écriveur de ce blogue, a exercé différentes fonctions au sein de l'école publique française. Il publie également de la fiction, de la poésie ou partage même des chansons !

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