J’irai voter

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Carte-electorale

J’irai voter le 9 juin. Je ne me suis jamais résolu à m’abstenir même si je peux comprendre qu’il est parfois difficile de se motiver. Affligeante par certains côtés, la campagne électorale a pu mettre en avant des débats intéressants mais aussi des failles dans nos pratiques démocratiques. J’irai voter non par simple devoir, mais par choix éthique, pour ne pas me dire le 10 juin au matin que j’aurais laissé faire… mais surtout parce que je me refuse à n’être qu’un citoyen-consommateur…

La carte électorale est arrivée.

Elle est arrivée hier par la poste. Une nouvelle carte électorale confirmant mon inscription sur les listes électorales de ma nouvelle commune de résidence. Si vous n’êtes pas inscrit-e c’est trop tard pour le 9 juin, pas trop tard pour la suite…

On peut reprocher beaucoup au service public, mais il est très facile de s’inscrire en ligne aujourd’hui. Tout est expliqué à ce lien : https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/R16396

Dès lors que l’inscription est réalisée, on reçoit une confirmation par courrier électronique. C’est évidemment gratuit, n’allez pas payer des margoulins…

Les abstentionnistes

Près de la moitié du corps électoral est restée à la maison aux dernières élections européennes. On peut supposer que les militants, notamment les plus « radicaux », eux iront voter…

Je ne savais pas que selon l’Insee, 20 % des Français en âge de voter sont soit inscrits sur des listes électorales différentes de leur lieu de résidence, soit carrément absents de toute liste. On pourrait peut-être un jour soit rendre la démarche obligatoire, soit la lier aux changements d’adresse fiscale par exemple…

39% des 18-25 ans seraient mal inscrits !

On se demande ce qu’attend le législateur…

Pour celles et ceux qui ne pourraient aller voter, il est encore possible de donner une procuration ! Il faut remplir un formulaire en ligne sur Maprocuration.gouv.fr puis se déplacer à la police, à la gendarmerie ou au tribunal judiciaire avec un justificatif d’identité.

L’embarras du choix

38 listes ont été validées et seront présentes !

C’est à la fois une richesse et en même temps peut favoriser l’éparpillement. Chacune et chacun se fera une opinion relativement à la présence de listes qui rappellent un peu le pire de ce que l’on peut voir sur certains réseaux sociaux…

On peut retrouver les listes ici https://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_des_listes_aux_%C3%A9lections_europ%C3%A9ennes_de_2024_en_France

La campagne et les sondages

Depuis le début nous entendons des informations relatives aux sondages d’opinion.

Il se trouve que lors des dernières élections, les sondages ont été quelque peu démentis par la réalité des urnes. Autrement dit, il faut insister sur le fait que tout n’est pas joué d’avance. Dans le même temps, on peut se demander jusqu’à quel point les sondages influencent le vote.

Voter par suivisme ou par réaction… c’est risquer de laisser ses convictions de côté, d’aller vers un vote stratégique notamment protestataire…

Ici et là, on prête même à certains mouvements ou partis de prôner le vote pour un adversaire afin de déstabiliser le pouvoir en place et créer une crise politique…

On sait aussi le problème de l’attribution des sièges puisque pour avoir des élus une liste doit passer le cap des 5% … les « gagnants » se répartissant ensuite les derniers sièges à pourvoir… Pourquoi pas une proportionnelle intégrale ?

Il semble difficile d’imaginer interdire les sondages et pourtant…

La question de la campagne et de l’accès aux médias interroge : certaines listes restent invisibles tandis que d’autres semblent avoir envahi les plateaux de télévision

Au delà des émissions, plus ou moins orientées y compris par les médias , les « clips de campagne » sont affligeants de médiocrité … et terriblement juxtaposables dans leur mise en forme et leur contenu…

Une campagne confisquée

Le duo entre l’extrême droite et le parti gouvernemental a occupé tout l’espace. Le débat porté par le service public entre le président du RN et le premier ministre restera une insulte démocratique qui relève de la manipulation grossière comme celle du président de la République qui s’arroge le droit de convoquer le service public le 6 juin.

Les empêchées

Honte également aux « chefs » qui ont privé de campagne les têtes de listes Manon Aubry et Valérie Hayer. Certes, pas pour les mêmes raisons, mais il y avait là un vieux reste de machisme assez insupportable… Lors de la campagne, ne devraient s’exprimer que les têtes de listes et les candidat-es.

Les inconnu-es

Déplaisante aussi cette façon de faire qui ignore même les « seconds » sur les listes. Et pourtant dans bien des cas, faire parler plus avant les différents candidats et candidates nous éclairerait un peu plus sur leurs compétences ou leurs positions réelles…

L’Europe quasi absente

Drapeau Europe

L’Europe : on en parle très peu. Pas ou peu de reportages sur son fonctionnement, pas de présentation des différents pays européens, ce qui nous lie et nous relie…

Aucun bilan n’a été présenté des lois votées, des budgets… il faut aller chercher l’information…

Le temps des élections européennes devrait être celui d’une belle et grande leçon d’Histoire et de géographie physique et économique… Cela permettrait certainement de mieux faire comprendre et je dirais même mieux aimer l’Europe… mais c’est comme s’il s’agissait de ne pas montrer, de ne pas dire, ne pas savoir… c’est particulièrement le cas en France.

Le secret de l’isoloir

Chacune et chacun doit avoir le droit absolu de ne pas dire pour qui il votera… C’est aussi à redire sur les réseaux sociaux. Il parait que nombre d’électrices et d’électeurs peuvent changer d’avis au dernier moment…

Je me souviens de ce fameux jour, où pris d’un doute, j’ai voté pour Lionel Jospin pressentant quelque chose de douloureux pour le pays. Ce n’était pas mon premier choix.

Dans le cas des élections européennes, puisqu’on ne se déplacera qu’une seule fois, il y a d’une certaine façon une plus grande liberté de se rapprocher de ses choix propres…

Je ne dirai pas pour qui je voterai. Le doute fait partie du choix, j’essaie de me référer à mes valeurs, à l’éthique et de dépasser les commentaires parfois outranciers que je peux lire ici ou là…

Bien sûr, à l’arrière plan, il y a l’inquiétude de voir grandir le vote pour l’extrême droite. Plus encore que les candidats ou les partis d’extrême droite, ce sont les idées nauséabondes qu’ils alimentent, la libération des pires pulsions, le ressentiment, la xénophobie et le rejet de la différence qui inquiètent le plus. Il est si facile de se laisser gouverner par la peur.

Aujourd’hui, on n’ose pas se projeter, imaginer ce qui peut-être fait collectivement pour aller plus loin… Une politique ne s’essaye pas comme une paire de chaussures… elle se construit et s’imagine…

Enfin, sans vraie joie, sans véritable adhésion, j’irai voter ! Puisque j’ai encore ce petit droit de le faire !

Vincent Breton

Par Vincent Breton

Vincent Breton auteur ou écriveur de ce blogue, a exercé différentes fonctions au sein de l'école publique française. Il publie également de la fiction, de la poésie ou partage même des chansons !

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