Les professions de foi sont arrivées. Je l’ai dit j’irai voter ce 9 juin. Mais ce ne sera pas grâce à la campagne télévisée, ni aux affiches et pas plus ces professions de foi et bulletins arrivés bien serrés dans leur grosse enveloppe… En les sortant sur la table, j’ai ressenti une forme d’agression, de submersion de papier…
Le jeu du Qui dit Quoi ?
Je vous conseille ce jeu en famille. Prenez des petits bouts de professions de foi en masquant qui les dit et tentez de les attribuer à la bonne liste…
Bon d’accord, la maman qui « refuse que ses deux petites filles soient contraintes d’être voilées », c’est assez facile à deviner. Cela n’en est pas moins triste. Marion ne met son nom de famille qu’en petit, aurait-elle honte ? Elle usa de celui du grand-père pour se faire connaître mais le masque bien aujourd’hui. Je m’arrête juste un instant sur elle et note qu’elle est contre « l’idéologie LGBT ». C’est bien connu, tous les homosexuels ont été embrigadés par des islamo-gays… Non ?
Pour d’autres, ce n’est pas si simple… notamment quand ça parle de frontières ou d’immigration ou de crise…
Bon quand ça cause du droit de véto, contrairement aux apparences, ce n’est pas le parti animaliste qui s’exprime…
Les uns veulent un sursaut, les autres nous réveiller, certains veulent de la force, une Europe plus forte… Il y a ceux qui disent « je » et ceux qui disent « nous »…
Avec papa ou avec maman
Il y a de jeunes têtes de liste mais il leur faut poser avec maman ou avec papa. Pas très autonomes les enfants.
Je ne sais pas qui est responsable du graphisme. Prend-on des stagiaires ? oui, mais des stagiaires des années 80… toutes ces professions de foi font vintage.. c’est quoi ce monde ?
Couleurs criardes, sourires faux ou figés, signatures enfantines…
La crise en commun
Ce qui est quand même pathétique, en survolant l’ensemble de ces textes c’est de voir que toutes ces listes ont la crise en commun. Pourquoi serait-ce pathétique ? Il n’y aurait pas de crise ? Faudrait-il nier la réalité ?
Eh bien ce qui est affligeant, c’est que peut-être par peur aucune de ces listes ne parle vraiment d’Europe et encore moins des autres pays, pas plus des citoyennes et citoyens européens. L’idée d’un dessein européen doit être un sujet tabou… Quelle timidité à oser imaginer ce que l’on voudrait… On s’en tient à un catalogue de propositions disparates et naïves, la plupart du temps seulement démagogiques ou populistes, jamais chiffrées, jamais étayées…
Personne pour évoquer le rôle des uns et des autres, les complémentarités entre territoires, personne pour nous parler d’une Europe qui pourrait regarder les régions de façon transfrontalière… tout ça est petit, rabougri, nombriliste…
J’irai voter tout de même, car je peux avoir plus d’affinités avec certaines propositions, mais ça ne s’appelle pas un chèque en blanc. Un vote vigilant et exigeant.
Une mosaïque de partis et mouvements …
Je ne veux pas faire le procès des uns ou des autres. J’ai sur la table 16 professions de foi sur 38.
Recensons rapidement le nombre de mouvements et partis :
- côté gauche 19
- extrême droite 5
- droite et centre : 13
Je ne sais pas où ranger les animalistes… et donc il en manque…
Parmi eux, ils sont très nombreux qui auraient pu se regrouper (les radicaux sont éclatés en tant de groupuscules qu’il est difficile de les suivre…)
C’est le pays où chacun veut avoir raison tout seul… mais où l’on ne nous dit pas vraiment avec qui il s’agira de construire des alliances demain matin…
Ça manque vraiment de hauteur de vue !
Sûrement avons nous les politiciens que nous méritons et puis comme le chantait Colette Magny « il existe tant et tant de gens savants, d’intelligents, de généreux, mais ils n’ont pas envie du pouvoir, lorsqu’ils s’y efforcent, ils sont assassinés »…
J’aimerais bien des femmes et des hommes qui osent dire qu’ils n’ont pas toutes les solutions, qu’il faut chercher, initier une démarche collective, des hommes et des femmes qui expliquent leurs valeurs, ce en quoi ils croient et pourquoi… et surtout qui nous aident à réfléchir collectivement, qui soient capables d’animer le débat en dépassant les oppositions, le ressentiment ou la réaction par les émotions mais qui montrent en quoi notre créativité peut nous aider à résoudre les problèmes en prenant appui les unes et les uns sur les autres, sans chercher des coupables ou à exclure…
J’irai voter, parce que voter est un droit précieux, une façon de souffler dans une direction… mais franchement, va-t-il falloir en passer par le pire de la bêtise, de la haine et du ressentiment pour changer de façon de faire ?
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