Ils n’ont rien compris.

Publié le Catégorisé comme journal d'un électeur
Election
"Hand voting drawing, election vintage"/ CC0 1.0

Ils n’ont rien compris. Je ne voudrais pas sombrer dans le pessimisme qui peut être une facilité. Je ne voudrais pas m’en prendre aux politiques de façon réductrice, aux médias, aux citoyens… Je suis plus désabusé qu’en colère. Comme électeur, la carte que je détiens ne me semble ne plus servir à grand chose, on dirait un vieux monde qui n’en finit pas d’agoniser…

Les vieux messieurs

L’âge ne fait rien à l’affaire. Le plus jeune de nos premiers ministres pour faire sérieux jouait au vieux monsieur. Le président est un très vieux monsieur, ses décisions erratiques en attestent. Le nouveau premier ministre revendique d’être vieux. Il a dix ans de plus que moi, je le trouve plus vieux que mon grand-père n’a jamais été. Le ministre de l’intérieur, qui a quasiment mon âge me semble surgi d’un film en noir et blanc des années cinquante. Je l’ai entrevu à la télévision avec le rictus de la colère. De part et d’autre, on a aussi de « vieux messieurs ». La fille de son père est un vieux monsieur pétri de ressentiment. Celui qui se croit le chef de « la vraie gauche » est un vieux monsieur qui se parodie lui-même brouillant sciemment le message qu’il prétend porter.

C’est leur orgueil et leur conformisme qui en fait de vieux messieurs. Ils voient le monde à travers le prisme étroit de leur nombril. Ils ne pensent pas, ils ne s’expriment pas, ils récitent un texte, jouant sans surprise leur rôle. C’est une mise en scène. « C’est ça qu’ est triste » chantait Bourvil.

Les mêmes vieux logiciels

Les partis qui en réalité n’ont que peu de militants vraiment actifs, où l’on confond d’ailleurs l’acte militant avec celui de supporter, utilisent de vieux logiciels périmés pour résoudre de nouveaux problèmes.

Soutenue par l’extrême droite, la droite ment en proposant un budget qui va s’en prendre aux plus faibles notamment par le volet social. L’inégalité fiscale et sociale vont perdurer et s’accroître. On peut craindre une reprise du chômage dont les droits ont déjà été limités. On va reprendre de vieilles recettes qui n’ont pas marché, achever les services publics sous prétexte d’économies, faire peser plus encore le soupçon sur les fragiles… le pauvre, l’étranger, le différent ne pourront que subir le parti de l’Ordre.

La gauche ne fait guère mieux en pensant des solutions qui se limitent à s’accommoder du système. Demander « plus » sans demander « mieux » ça ne suffit pas. Le piège, c’est le programme. Parce qu’un programme est figé et ne tient pas compte de l’évolution permanente, de l’incertitude qu’il faut intégrer ni des interactions entre les événements. On ne peut penser les réformes sans se relier aux personnes, imaginer des solutions à la place d’autrui, continuer de penser à la place des personnes, nier dans les faits l’égale dignité de chacune et chacun.

Il faut oser parler valeurs, favoriser la coopération et l’autonomie. Proposer une démarche pour changer et non un catalogue de mesures.

Le reste c’est du bricolage, des aménagements, des sursis.

Saturation

À la fois je me dis qu’il faudrait que des voix s’élèvent, de préférence pas de celles issues du sérail politique, pour proposer de « faire autrement » , qu’il faudrait « secouer le cocotier » en évitant la violence, en promouvant le dialogue…

Et en même temps, n’étant pas très naïf, je crains que nous ne devions passer par le pire pour réagir. Ou pas.

Car les régimes autoritaires, une fois installés, il est difficile de les déloger.

L’anathème et le ressentiment fleurissent et se développent comme les ronces dans la haie que je taille régulièrement. Il faut aller les déraciner un à un, faire et refaire.

Après avoir entendu la déclaration de politique générale mardi, j’ai séché la prestation télévisée du premier ministre hier. L’homme « poli » est à ce point imbu de lui-même que j’en trouverais presque son prédécesseur sympathique… Les gens ne réagissent pas. Les retraités, y compris les plus faibles, vont se laisser spolier six mois d’indexation, les malades paieront plus cher encore, les bénéficiaires d’aides sociales devront subir encore plus de harcèlement administratif et les étrangers seront regardés de travers…

Ce n’est pas dans cette société du mépris que je souhaite vivre. Elle est d’ailleurs loin de ce que je ressens au quotidien dans les échanges réels avec les personnes croisées ici et là et qui apprécient de « faire ensemble » (résoudre des problèmes ensemble, s’entraider, partager).

Diffuser autrement

Tenter inlassablement d’être ce changement attendu… Petits gestes, maillage discret, réseaux… Il faut pouvoir s’incarner avec courage dans ce style de vie choisie. Entre individualisme et solidarité, trouver un chemin d’expression.

Je note malgré tout, au delà de l’automne qui nous tombe dessus doucement, ce climat insidieux d’amertume qui me rappelle ce que l’on ressentait juste avant mai 1968. J’étais petit. Mais je me souviens bien…

Quelque chose dans l’air qui ne se sait pas…

Riviere

Par Vincent Breton

Vincent Breton auteur ou écriveur de ce blogue, a exercé différentes fonctions au sein de l'école publique française. Il publie également de la fiction, de la poésie ou partage même des chansons !

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