Quoi ? Serais-je devenu un vil révolutionnaire à vouloir ainsi la fin d’une si vénérable institution ? Mais oui, il est temps de se débarrasser de l’Académie française. Le dernier épisode affligeant du dictionnaire réactionnaire aura été la fameuse goutte d’eau qui fit déborder mon vase. Déjà ses positions antérieures nous ont confirmé l’illégitimité de ce club de cooptés. L’ Académie est obsolète et rétrograde. Elle est même devenue une insulte à l’idéal républicain.
37 paltoquets
Il y a trois postes à pourvoir… si ça vous dit.
À la base, c’était un club d’intellos parisiens. Richelieu malin, récupéra l’affaire pour la politiser. Les règles sont venues d’abord pour exclure pas pour aider à mieux comprendre. Passons sur le costume ridicule et la présence de l’épée qui vient militariser la langue… On ne peut déjà que constater avec tristesse le non respect de la parité : 6 femmes aujourd’hui seulement siègent ! 11 élues depuis 1980 !
Il faut être candidat ou candidate et c’est par cooptation que l’on sera choisi. Rien de démocratique. Les compétences en matière de langue ne sont pas demandées. Avoir écrit ne suffit pas pour légitimer des compétences en linguistique… elle même animée de plusieurs courants. Ce n’est pas un lieu « scientifique »…
Certes, on sait qu’il est bon pour les vieux d’avoir une petite activité pour se retrouver et stimuler leur activité intellectuelle, on imagine l’ultime orgasme lorsqu’on touche enfin son épée et la promesse d’immortalité… ils ne coûtent pas très cher en salaire… ça fait des cérémonies amusantes qui permettent au président de la République de s’écouter parler…
Mais si j’aime la langue française ce n’est pas pour la faire rancir dans la saumure réactionnaire en la confiant à des vieillards déconnectés de la Société…
Cela dit j’adore les vieux, j’en suis un.
Préserver la langue ?
J’aime les vieux mots, j’aime la richesse du lexique. Je m’amuse quand je vois que les jeunes des quartiers ont repris à leur compte le « daron » du Moyen-Âge par des canaux étranges… J’aime utiliser des mots français sans céder toujours aux anglicismes ou aux acronymes excluants, mais j’aime quand le Québec nous invente des mots comme « courriel » sans oublier que le « mail » anglais a des origines françaises… J’aime entendre des mots nouveaux, voir les langues régionales se mêler au français… car l’Académie contribua aussi à les étrangler. On en parle peu mais le breton, le basque, l’occitan etc. et toutes les cultures qui vont avec ont été des victimes de cette primauté accordée au français.
Les mots sont vivants. Ils vont, viennent, se modifient, évoluent, changent de sens… Ce qui est beau c’est de le savoir, de vivifier la connaissance à leur sujet.
J’aime que la langue s’enrichisse, qu’elle montre l’évolution des consciences, qu’elle sache être inclusive en veillant à ne pas exclure…
La langue c’est comme un jardin. Aujourd’hui les adventices ne sont plus vues comme de mauvaises herbes !
J’aime que l’on sache jouer avec la langue car c’est une façon de s’émanciper, de gagner en liberté et en autonomie et surtout de ne pas la laisser confisquée par une élite autoproclamée.
L’orthographe est intéressante si elle m’aide à comprendre l’histoire d’un mot. Mais après tout, si elle peut évoluer sans nuire au sens, pourquoi le refuser ?
La question des accords a évolué au fil du temps. Cela mérite que l’on s’attarde.
Il n’y a pas venant de l’Académie française, cet amour de la langue comme objet vivant, en mutation perpétuelle, objet qui nous aide à penser et à nous dépasser.
L’Académie est un vieux musée avec ses vitrines et ses étiquettes suranées. Ce ne serait pas grave si elle ne prétendait pas légiférer et s’imposer comme norme.
Le scandale du dictionnaire
Après des positions déjà réactionnaires et fermées sur nombre de sujets de société comme l’écriture inclusive, l’Académie a proposé des définitions qui déjà en 1960 auraient été contestées.
Non prise en compte de certaines féminisation de métiers, formulations racistes que même la Ligue des droits de l’Homme dénonce...
La femme est présentée comme « un être humain défini par ses caractères sexuels qui lui permettent de concevoir et de mettre au monde des enfants »
Vous saviez vous que la femme était un être humain ?
Simone de Beauvoir, reviens ! Ils n’ont pas lu tes livres !
Pour confirmer qu’elle n’est pas insensible aux courants d’extrême droite et autres « Manifs pour tous », l’Académie ose même décrire l’hétérosexualité comme une relation » naturelle » entre les sexes. Il faudra que j’en parle aux deux génisses surprises dans une activité « pas naturelle » dans le champ d’à côté.
Personne n’osera
Bien sûr, personne n’osera se débarrasser effectivement de ce machin dont la plupart des pays se passent. Nous avons par ailleurs une délégation générale à la langue française qui réfléchit de manière intéressante à l’introduction de nouveaux mots. Sa démarche est beaucoup plus ouverte, veut répondre à des besoins, à l’évolution de la science etc.
Maria Candéa et Laétitia Véron donnent une petite vidéo très claire que relaie utilement un article de la Dépêche. Évidemment les trolls d’extrême droite se déchainent… contre la Ligue des Droits de l’Homme !
Il sera intéressant d’interroger Sylviane Agacinski ou Erik Orsenna prétendument de gauche (tu parles) et académiciens pour qu’ils s’expliquent. Mais s’ils avaient respectivement des ovaires et des couilles, ils démissionneraient. Ça aurait du panache !
En tout cas, jusqu’à évolution notoire, je commencerai par boycotter l’Académie qui ne saurait constituer une référence honorable !
C’est dit.