Le héron méditatif, je l’ai admiré un long moment. Impressionnant de fixité. Seul, imperturbable, à l’écart. Que voit-il ? Que sait-il du monde ? Pourtant, le moment venu, avec la précision de la foudre, il saura saisir la proie qui passera justement piégée. Il s’est retourné dans une symétrie parfaite profitant d’un moment d’inattention. Puis, il s’est soudainement arraché du plan d’eau trouvant peut-être mon regard inquisiteur. Oiseau énigmatique et libre.
Un lac
Perdu dans la campagne, nous avons fini par le trouver ce petit lac. Routes étroites, chemins boueux. Les pancartes rares étaient presque dissimulées comme pour un jeu de piste.
Des chants d’oiseaux partout dans les futaies. Le grand concert tonitruant compensait un peu un soleil pâle comme en février, et puis, il était là, seul dans le paysage, discret mais accrochant le regard…
On comprend combien il inspira les poètes, notamment japonais…
Autre rencontre
Le matin déjà, il y avait eu ce joli faisan sur la route de la maison. Très calme lui aussi. J’ai freiné, il ne faut pas rouler vite… il est venu se placer bien au centre de la voie… histoire de chatouiller ma patience ou de me rappeler l’importance de la vie.
Peut-être s’imaginait-il être protégé comme les animaux en Inde. J’ai attendu longtemps avant qu’il ne me laisse un peu de place pour passer, pas du tout impressionné qu’il était par la grosse voiture…
Consolation ?
J’avais le matin même; allumant idiotement la télévision, entendu une péronnelle sinistre vomir sa haine. Plus encore que de la voir déverser son couplet mêlant racisme, transphobie et autres bêtises… c’était de constater l’impossibilité pour le journalise en face de la contrer ou de la questionner plus avant… C’était comme si elle avait vomi dans mon petit déjeuner.
Je ne sais pas vraiment ce qu’il faut faire, en dehors du recours à la Loi, ou aux urnes, pour contrer et réagir face à ce « grand remplacement » des idées démocrates, progressistes et humanistes par les pires théories puantes héritées du pire des années trente…
Entre ma rage et mes questions, ma tristesse et mon inquiétude, nul doute que l’intervention de ce monsieur (oui car tout transphobe qui mégenre doit être mégenré) avait sali ma journée…
Nul doute aussi que la sagesse du héron pacifique sut me consoler.
Vive les oiseaux multicolores, sages ou joyeux ! Pourvu qu’on les laisse voler !