Faisons semblant de ne pas être inquiets. Ici, il a fait si beau. Fermons les yeux sous le soleil doux de l’été indien. Ce n’est pas comme si les espagnols se noyaient, les américains s’apprêtaient à élire un danger public ou la Palestine allait achever de se vider de son sang tandis que, oui là-bas, ou là-bas et même chez nous… Fermons les yeux et les oreilles, il fait si bon !
Se réjouir des petites choses
« C’est toujours ça que les Boches n’auront pas » disait-on quand j’étais petit juste après la guerre de 1870. Père-grand descendait à la cave quérir un vieux Graves . Mère décrochait un jambon. On savait prendre le frais devant la maison.
Il a fait si beau. Alors, « on ne va pas se prendre la rate au court bouillon », de toute façon, qu’y pouvons-nous ? Hein ? C’est bien triste tout ça mon pov-monsieur…
Allô vous dormez ?
Oui. Ça dort. Qui écoute encore les pseudo-experts alignés autour des tables des chaînes de désinformation ? Les députés font des moulinets, de bons mots, des vidéos. Nos bulletins ont été détournés,confisqués… Il parait que des français renonceraient avec joie à la démocratie.
« Ah une bonne guerre ! une bonne dictature ! »
Le Prince-Président est tranquillou en voyage chez le Roi du Maroc. Parmi la palanquée qui l’accompagne, il a choisi Arielle D. Pour une danse du ventre ? C’est ça la vulgarité. La vulgarité des princes.
C’est le concours de bêtises, de fake-news, de manipulations éhontées. Mais pourvu que les Internets nous apportent nos doses d’Instachose, de Tiktaqueries et autres Netflasques, on laissera le fisc faire et les flics sortir leurs matraques pour nous rassurer des vilains. Connectés et immobiles. Ainsi nous sommes ignorants qu’en deux trois jours de mouvements, de descente gentille dans la rue, en vraie masse, nous pourrions les secouer sur leur cocotier, les alliés au pouvoir.
Mais si, solidaires quand même !
Y a pas que des Dupont-La-Joie, des racistes bas du front, des plastronneurs criant « Taïaut ! Taïaut ! Sus aux sarrasins !«
Y a des solidaires, des fraternels, des qui s’épaulent encore et même des gentils.
D’ailleurs dans les rues, les gens étaient gentils. Il y avait des lâchers d’enfants déguisés, un jour avant la fête officielle pour se faire peur… Un chien aboya. À cause des masques effrayants. Pas Galou toujours philosophe et ami des enfants.
Il y a des gens qui savent que ce qui compte se tient à portée de cœur, à portée de bras, de mains…
Plus lucides qu’on ne pense. Ils se retiennent pour l’instant. Aucune envie de sang.
Les paysans déjà confisquent les pancartes. Nous ne savons plus où nous sommes.
Au restaurant j’ai goûté un délicieux poisson sauce mercure. Tu vois bien que c’est pas si dur ?
Gérard est malade
J’ai appris que ses médecins lui avaient interdit tout déplacement. On patientera pour le jugement. Ayez pitié d’un peut-être innocent ! Pas de sous-entendu… il ne peut peut-être plus… vraiment… se supporter.
Décousu

Mon propos est décousu. Il a fait si beau aujourd’hui. Si beau que c’en était presque lénifiant. Si beau qu’on aurait pu croire que les bruissements du monde n’étaient que des songes lointains… Si beau qu’on avait presque honte d’être dans cette bulle. Si beau qu’en rentrant je n’ai pas osé allumer la télévision de peur d’apprendre au choix : un drame affreux, une catastrophe, une horreur ou une nouvelle trahison. Ce n’est pas comme s’il n’avait été possible d’agir… Rien de tout cela n’est du domaine de la fatalité. Nous le savons, mais de là à assumer… Faisons semblant de ne pas être inquiets… mais il n’est pas certain que les enfants qui courraient déguisés dans les rues ne nous en veuillent pas un jour.