Au cinéma !

Publié le Catégorisé comme sur le vif
Cinema

Au cinéma ! J’aime le cinéma depuis toujours… Dimanche, j’y suis retourné. Je ne connaissais pas celui-là. Si chaque salle possède son ambiance, le rituel du cinéma comme à l’église, est commun que ce soit en province ou à Paris, dans une petite salle ou dans un grand complexe… Vous savez que vous êtes au cinéma. Même une salle des fêtes transformée en ciné devient cinéma… C’est affaire de sensations bien au delà de l’écran… une sorte de madeleine de Proust…

Depuis le confinement

La vie, l’épidémie, le départ en retraite, le déménagement… je n’étais pas retourné au cinéma depuis le confinement. Tant de temps, déjà ?

Il reste encore deux ou trois choses que je n’ai pas « refaites » depuis le confinement. L’épidémie fit de tels saccages en nous. Ce n’était pas que je n’osais pas, que je voulais pas… mais quelque chose s’était détaché de moi qui faisait que ça ne me manquait pas… en apparence.

Et puis, ce dimanche, ça c’est imposé au delà même du film… se retrouver avec une salle de cinéma…

Retrouvailles

Je n’étais jamais allé dans cette salle. Mais c’était comme si j’y avais déjà mes habitudes. Les affiches dans l’entrée, la caisse, payer, le petit carton du ticket dans la main – je le serre entre pouce et paume, je le plie un peu mais je ne le perds pas- trouver la salle, tirer la porte, passer le sas sombre, descendre vers la salle, prendre ses repères, choisir un siège – le plus souvent au milieu légèrement vers la droite- , déplier, s’installer… voir quelques personnes arriver, les lumières, les voix qui baissent, la publicité sur l’écran -toujours surannée, depuis toujours- , les bandes annonces, l’attente… le film…

Avalanche de sensations

Peut-être bien que l’un de mes premiers cinés c’était un Drive-In. Pas en France. Les années soixante. Trop petit pour comprendre, pas un film pour enfants. Je ne me souviens que du petit haut-parleur accroché à la fenêtre, des personnages gigantesques sur un écran immense… Puis, vers trois ou quatre ans, probablement sur les Champs-Élysées, peut-être un Disney avec une de mes tantes, peut-être Blanche Neige… un Noël ? Des marrons chauds dans la rue.

Au lycée de Sisteron il y avait le Ciné Club. Nous étions assis dans la salle de spectacle sur les gradins recouverts de moquette orange. Les copains du théâtre souvent autour de moi. Un prof en général nous faisait une courte présentation, évitant de trop s’appesantir. Il y avait de belles choses comme « Main basse sur la ville ». Suivait un débat… Nous sortions enrichis, je rentrais à la maison sur mon cyclomoteur.

Quand j’eus mes 18 ans, je fus un fervent adepte du cinéma Utopia de Manosque qui passait souvent des films dits « d’art et d’essai »… C’était un vieux ciné aux murs violet-rose… Je m’y rendais en 2 CV bleue. Elle avait des phares ronds. Près d’une heure de route. En 85, j’écrivais ma première critique enthousiaste pour le film Brazil de Terry Gilliam. Elle fut publiée.

Peu après j’ai hanté le Mk2 du côté du Canal St Martin à Paris. On y buvait souvent un verre juste avant… Ce cinéma était si près de la maison que la tentation était grande. Il fallait à peine dix minutes… Paris ce fut la capitale du cinéma pour moi avec toujours un film à voir. L’Officiel ou le Pariscope étaient consultés juste avant, il fallait s’y retrouver, choisir parfois à l’instinct, il y avait profusion de bons films et de salles avec leurs programmations dédiées -est-ce encore ainsi ? L’embarras du choix et des séances. Le soir de la finale de la coupe du Monde, je suis allé au cinéma, nous devions être deux ou trois dans la salle… en sortant, la rumeur nous avait assaillis…

Seul ou accompagné, le même bonheur. Parfois confronté à des salles bondées et surchauffées, sentant le Pop-corn, les mélanges de parfums plus ou moins forts, les rires ou les gloussements, les têtes trop hautes devant, des silhouettes dont le profil se détachait sous la lumière de l’écran… ou bien dans des salles où les spectateurs étaient moins de dix, parfois deux… dans l’étrangeté de se retrouver appartenant au « happy few » devant un film de Bergman en VO…

 » Tu as aimé ?  » Lorsque le film avait été marquant, nous marchions sans rien dire, encore traversés d’images et de sons. Il arrivait que nous exultions quand une histoire nous avait subjugués. Très jeune, il m’est arrivé d’écrire à certains acteurs. Dans mes rêves, j’ai fréquemment retrouvé des personnages qui avaient pu me marquer. « Je confonds mes amis avec ceux du cinéma » écrit quelques part Marc Alyn.

Comme pour la chanson française avec ses interprètes un peu marginalisés, j’ai souvent aimé ce cinéma français dans le fil de Truffaut mais aussi des films venus d’ailleurs et qui n’étaient pas forcément ceux dont on parlait le plus…

Refuge

Lieu de rêves et d’émotions, le cinéma a été une sorte de refuge, une rupture avec le quotidien… On disait souvent que l’on allait « s’évader au cinéma » mais c’est vrai… Tout en ayant le sentiment d’être protégé dans ce lieu à part pour y rêver…

Bruissements et vibrations

Une salle de cinéma bruisse aussi de ses spectateurs, de leurs émotions, de la façon dont s’exprime la joie ou la peur…

Il arrive que l’on entende un siège claquer lorsque la déception se fait trop grande… Puis deux, puis trois… Parfois on se trouve lassé et déçu à suivre ceux qui abandonnent la partie… ou au contraire, on reste, façon de marquer son adhésion presque militante à ce que l’on voit…

Parfois dans la demi-ombre un visage, une attitude, une silhouette vous touche… La lumière revient, c’est souvent autre chose…

Ou, trois rangs en arrière on reconnait un ami… « Tu es venu aussi ? « 

Le film

Peu importe le film de dimanche. Si je vous le recommandais, j’en dirais du bien. Comme il fut décevant et conformiste, je n’en dirai rien. Mais ce qui est amusant, c’est que « malgré tout », j’ai trouvé mon bonheur à renouer avec ces sensations…

C’est comme le vélo, cela ne s’oublie pas… Quelque chose qui se réactive du côté du cerveau… jusque dans les sensations en reprenant la route…

C’est anodin, presque rien, je suis retourné au cinéma… Comme dit la chanson, c’est peut-être un détail pour vous, mais pour moi ça veut dire beaucoup »…

ciel rose
Vincent Breton

Par Vincent Breton

Vincent Breton auteur ou écriveur de ce blogue, a exercé différentes fonctions au sein de l'école publique française. Il publie également de la fiction, de la poésie ou partage même des chansons !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *