Une fanfare délicate

Publié le Catégorisé comme films et séries
trombone
"Trumpet Trombone" by Ryan McGuire/ CC0 1.0

Une fanfare délicate, c’est celle du film d’Emmanuel Courcol «  En fanfare » qui sait visiblement se démarquer et rencontrer son public. Voilà un cinéma qui ose s’adresser à tous, sait se montrer intelligent et populaire. Si j’évoque la délicatesse c’est que l’ironie sait rester douce, l’émotion sensible est présente sans jamais renoncer à la pudeur et à la dignité. Chacun pourra en faire sa propre lecture, en tirer son miel. Voilà un joli film tendre et galvanisant qui respecte son public.

Une nouvelle vague humaniste ?

Le charme des acteurs du film « Le Panache » nous avait déjà touchés. Les deux films n’ont pas été tournés avec les mêmes moyens, pourtant on y retrouve une réelle attention aux dialogues, aux personnages. Ce sont des films bienveillants, inclusifs, sans mièvrerie. Ils intègrent la composante sociale et les incertitudes du Monde actuel mais je vois à chaque fois cette attention à porter l’humain au centre.

C’est plutôt bon signe dans un pays où le ressentiment, l’agressivité et les clivages semblent omniprésents.

Le film d’Emmanuel Courcol intègre la question du destin, du déterminisme et de la reproduction sociale. Dans quelles conditions un talent peut-il éclore ? C’est également un film sur la rencontre culturelle, la possibilité que des genres musicaux par exemple se croisent au delà des assignations habituelles.

Tout cela est fait sans pédagogie excessive, avec un tempo bien enlevé et des acteurs tous particulièrement bien choisis jusqu’aux seconds rôles. Des humains attachants de la vie de tous les jours… ou comme on aimerait en croiser plus encore…

L’harmonie

On ne dit pas fanfare, on dit harmonie. L’histoire se passe dans le Nord, je vous avais raconté la découverte de l’harmonie des artisans de Figeac.

Ce que le film nous rappelle, c’est la puissance de cette culture de territoire, implantée avec parfois des difficultés mais où l’on voit comment des « amateurs » de musique l’intègrent par la pratique et s’y épanouissent. Une fanfare c’est un lieu de lien social, tout comme un orchestre symphonique…

Le public de l’Opéra va rarement écouter l’harmonie municipale et réciproquement. Ce cloisonnement social reste certainement une de nos difficultés majeure dont les débats de l’Assemblée se font l’écho à leur façon. Le film ne cesse d’envoyer de jolis clins d’œil à ce sujet, invitant mine de rien certains à sortir de leur zone de confort…

Ce film, avec la force de sa candeur et ce que le cinéma peut s’autoriser d’Utopie, ose dépasser les clivages, en montrer les difficultés et surtout considère chacune et chacun d’égale dignité.

Chacune et chacun compte et le plus démuni peut sauver le nanti… Le film peut prendre des allures de conte sans sombrer dans les poncifs, mais à ce titre, c’est aussi un bon film chaleureux… idéal en décembre !

Un film pour parler aux enfants

J’y aurais volontiers conduit mes élèves de cours-moyen si j’en avais encore. Le film optimiste malgré tout, aborde des thèmes qui pourraient nourrir les débats philosophiques dont sont capables les enfants, souvent mieux que certains adultes… Les thèmes ne manqueraient pas.

Cadeaux

Tout au long du film, les personnages se font des cadeaux. Les frères qui se retrouvent s’en feront au long du film, la mère adoptive offre des bonbons ou prépare un sandwich, le père à sa fille et sans trahir l’histoire, le final est lui même un joli cadeau.

Alors, on se dit que le film ose jouer la carte de la générosité. Pas une générosité outrancière, mais une générosité sincère, faite de signes simples, témoignages d’affection et d’attention. Dans un monde fortement marqué par l’individualisme, cette capacité qu’ont les personnages à offrir tout au long du film avec les moyens dont ils disposent est un joli témoignage… La bonté est une valeur qui fait du bien…

un cor
« Orchestral Horn » by Tabard/ CC0 1.0

En Fanfare (Comédie, Drame ) est de Emmanuel Courcol
| Par Emmanuel Courcol, Irène Muscari (scénario)
Avec notamment Benjamin Lavernhe, Pierre Lottin, Sarah Suco

Par Vincent Breton

Vincent Breton auteur ou écriveur de ce blogue, a exercé différentes fonctions au sein de l'école publique française. Il publie également de la fiction, de la poésie ou partage même des chansons !

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