Ce 14 juillet 2023 ça va faire trente ans qu’il est parti. Un 14 juillet, fallait le faire…
Mais je n’ai pas besoin de dates anniversaire pour me souvenir et encore moins pour l’écouter. C’est pas de la vénération, hein ! c’est comme qui dirait constitutif de ma vie, depuis toujours, depuis petit. Trente ans…
Redevable
De tous les chanteurs, Léo Ferré n’est pas celui que j’ai le plus vu en scène, loin de là puisque je ne l’ai vu qu’une fois.
Le 7 juin 1985.
Fallait rouler un peu… À l’époque il circulait dans une grosse Citroën et il était seul en scène, jouant sur un immense piano. Il n’y avait pas de musiciens. Trop cher. Des bandes sons. Ça aurait pu figer le spectacle. La mécanique était bien huilée jusqu’aux anecdotes mais il entrait avec tant de force dans chacune des chansons que tu n’étais pas volé…
Et surtout à l’époque, j’étais à un moment de bascule dans ma vie. Un de ces moments où le vide pourrait aspirer.
J’étais assis juste au pied de la scène.
Par chance, il est venu me déverser sa poésie et ses chansons comme une douche d’énergie salvatrice. Une humanité incroyable et si certains trouvaient qu’il pouvait un peu « se la jouer », avec ses gestes, avec ses mimiques, avec ses histoires… tu te sentais incroyablement respecté, restitué…
À la fin du spectacle, avant de sortir de scène, il avait expliqué qu’il ne fallait pas l’applaudir. Et il était sorti comme ça…
Léo des poètes
Moderne, subversif, je lui dois aussi d’avoir pu entendre des poètes vers lesquels je n’étais pas forcément encore allé adolescent.
Tu avais le sentiment qu’il était de leur famille. Il nous les ramenait, avec fidélité. Rimbaud, Baudelaire ou Aragon bien sûr…
Léo est aussi un poète à écouter ou à lire. Ses poèmes méritent le détour, les entendre à chaque fois est une redécouverte. Je dis des banalités. Il y a tant de clés. Tant d’univers.
Mathieu Ferré son fils dit quelque part, « Léo ça se mérite, il peut vous transformer ».
Chacun son Ferré
Pour beaucoup c’est abstrait. comme Trenet, comme Brassens. Je ne connais pas aujourd’hui d’artiste possédant sa stature. Pour une raison simple, si elle ou il existe, il lui sera très difficile de percer dans un monde encerclé par le conformisme.
Il y a des voix, des chanteurs inventifs, créatifs, qui touchent… mais aussi riches, cultivés et novateurs… je cherche… il ou elle existe encore, mais je ne le ou la connais pas…
Y a un truc intime dans mon cerveau qui s’allume dès que j’entends Léo. Ça me ramène à l’enfance, aux disques que j’écoutais chez l’une de mes tantes. Gamin.
Léo Ferré et Colette Magny. C’est ma famille de cœur poétique, je suis pas très famille, mais vous comprendrez ce que je veux dire.
Oui, je pense que chacune et chacun d’entre nous à connaître Léo, à l’avoir vu, en a sa vision, son ressenti.
Homme de mots, homme de verbe, poète, musicien et quel interprète, quel phrasé !
Là, j’écoute un enregistrement public de 1990…
PS : si vous ne connaissez pas Léo Ferré, ça vaut peut-être la peine de partir à la découverte…
PS2 : le type avait une imprimerie chez lui en Toscane. Il avait appris à diriger un orchestre. Il donnait corps à ses rêves. Si ça n’encourage pas le quidam…
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