Voulez-vous vivre heureux ou heureuse ? Non mais c’est quoi cette question ? Déjà hier, je demandais si vous vouliez vivre. Elle est toute répondue. Oui. On veut vivre heureux ! Certains cultivent le malheur pensant peut-être trouver le bonheur par opposition mais a priori, on serait tous d’accord en tant qu’humains pour chercher le bonheur. Les uns sur terre, les autres dans une promesse ultérieure… Le club des coachs et des influenceurs ne s’y est pas trompé qui vous propose des vidéos, des formations, des livres, des revues… tout ça pour « trouver le bonheur ». Il y a un marché du bonheur. On peine à définir le bonheur, on ne parle pas tant que ça du malheur ou alors comme d’une avalanche de mauvaises nouvelles dont il faudrait se prémunir…
Es-tu heureux ou heureuse ?
Voilà la question qui tue. Il m’est arrivé qu’elle me rende mal à l’aise. Même heureux. Soit on s’en débarrasse, soit on place un gros « oui mais », soit on se dit malheureux… ce qui au fond est une bonne façon de s’excuser.
Oser dire qu’on est heureux semble indécent, égoïste…
La jalousie risque vite de venir.
Et puis, il y a tant de réussites formidables sur l’Internet !
On connaît la fameuse formule « quand je me regarde je me désole, quand je me compare je me console ». Je la trouve d’une tristesse sans nom. À la fois on se disqualifie puis on méprise autrui. Certes, il y a des « c… » mais ils ne sont pour part que notre reflet.
J’ai vécu des histoires épouvantables. De vrais drames. La résilience pourrait être une façon de souligner que j’ai su dépasser ces malheurs. Ils m’ont appris souvent à mieux comprendre autrui. La créativité m’a permis de transformer ces épisodes en compréhension, en empathie à partager et transmettre… La tristesse n’est jamais loin de la joie. Je n’avance pas en m’y complaisant, mais je refuse de nier le passé. Je me serais passé du malheur, il est dans les pierres avec lesquelles j’ai construit le bonheur. Avec le reste. Le malheur fait partie du bonheur, il n’en est pas le ciment. Juste des aspérités qui définissent « un bonheur à moi ». La lucidité sans ressentiment.
La faute à pas d’chance ?
Quand une catastrophe vous tombe dessus, vous n’y pouvez rien ou c’est que vous l’avez bien cherchée. Ou peut-être un peu des deux.
Le tremblement de terre, a priori est une catastrophe naturelle. Mais ses conséquences seront différentes selon notre capacité à anticiper (avec de bonnes constructions, de bonnes habitudes de prévention…)
Le fumeur qui ruine sa santé et la sécurité sociale, voulait juste s’offrir quelques instants de bonheur… Il a commencé à fumer, souvent pour « faire comme les autres… ».
Cette délicieuse pâtisserie peut devenir une addiction et nuire à ma santé si j’en abuse.
On menaçait volontiers les enfants du risque de se retrouver demain à la rue s’ils n’apprenaient pas leurs leçons.
La fameuse phrase « c’est pour ton bien » et les conseils venus avec ont souvent proposé un « bonheur dans la sécurité », un bonheur qui accepte de se conformer voire de renoncer dans l’espoir d’une récompense ultérieure.
Qui se souvient que Renault avait en son temps inventé « la voiture du bonheur » ? Belle vision du bonheur dans la consommation ! Le bonheur « à crédit ».
Tu vas en baver, mais tu iras au paradis.
Ou bien, tu vas travailler dur mais plus tard tu auras la retraite pour te reposer.
Parfois, des révoltes viennent quand les choses deviennent insupportables. Le progrès social tombe rarement du ciel.
Si le bonheur est affaire individuelle, il est aussi affaire collective à la condition que l’on puisse nommer les injustices, en repérer les causes réelles sans ressentiment et chercher une solution acceptable…
Être heureux ou heureuse tout seul ou toute seule ?
Je dis souvent qu’il faut tenter d’être d’abord ce que l’on attend des autres. C’est bien parce que je salue les autres dans la rue qu’ils me répondent. Si je montre un visage fermé et distant, il n’y aura pas d’échanges et les chiens aboieront.
Si tout en restant respectueux et discret, j’engage le dialogue, alors un petit bonheur viendra de cette considération réciproque.
Être heureux suppose de faire la paix avec soi, puis avec les autres et d’entretenir un « commerce » équilibré.
La confiance se cultive, se valide, s’entretient.
De soi aux autres
Pour être heureux, je dois pouvoir vivre en fidélité à mes valeurs, en laissant mon enfant intérieur s’exprimer. Je ne dois pas me laisser définir par autrui pas plus que je ne dois le juger ou le définir et plus que la morale, c’est l’éthique, et l’exigence de travailler des relations apaisées, des échanges enrichissants et équilibrés qui doit me guider.
Pour être heureux, j’ai besoin d’être seul afin de créer, me centrer sur ce que j’ai à faire, mais je dois pouvoir aussi entretenir des relations, pour apprendre d’elles, élargir mon horizon, faire bouger les lignes et cheminer…
Se rendre disponible
On voit des vieillards malades capables de se dire heureux. Des jeunes gens en bonne santé et bien nourris en souffrance. Ils sont tous sincères.
Se tripoter le nombril, s’analyser des heures, est une forme de procrastination. Mais se nier, s’oublier, se sacrifier pour autrui est une bêtise.
Avoir peur de tout bloque, n’avoir peur de rien condamne.
Le fameux lâcher prise, si difficile à construire, ne fonctionne que parce que je me suis projeté, non pas dans des objectifs fermés sur eux-mêmes, mais je dirais sur un « art de vivre ».
Je suis heureux quand je sais être sincère, que je peux consentir et refuser, quand je me laisse le temps de faire pousser la graine sans procrastiner… En bienveillance (bien veiller, avec bonté et générosité) sans renoncer encore une fois à la fidélité aux valeurs.
S’éloigner des toxiques
Habitudes, produits, personnes… les toxiques ne manquent pas. On cite souvent les réseaux sociaux et leur violence, l’infobésité qui accable et nourrit le fatalisme et le ressentiment, les personnes qui vous mangent de l’énergie et qui trouvent un plaisir provisoire à vous déstabiliser, vous décrédibiliser afin d’éviter de pointer leurs propres difficultés…
Vouloir être heureux c’est comme toujours choisir. Qu’est-ce que je nourris en acceptant tel échange dans des modalités qui me déplaisent ?
J’accepte de ne pas avoir le dernier mot, de ne pas pouvoir corriger et tout contrôler de manière exhaustive et je refuse de me laisser manipuler que ce soit par Google, un influenceur, un chef de service ou un menteur.
J’écoute mon intuition
Tout en sachant que mon cerveau peut m’envoyer des leurres, car il aime les récompenses faciles, il argumente en plaidant le « bon sens » alors qu’il sait bien qu’il faut aller plus loin… je peux aussi écouter mon intuition. Celle qui m’aide à repérer l’excès, ce qui nuit, la mauvaise promesse, la vanité de posséder (alors qu’on devient vite esclave de ce que l’on possède…), le « faux bonheur », la contrefaçon…
Je compose avec les imperfections, j’en tire une autre liberté. Je choisis mon tempo, je définis mon espace…
Pour vivre heureux, j’ai besoin de questions, d’apprendre, de cheminer et je reviens à mon fameux triangle…
J’ai besoin de savoir rire de moi, des gens trop sérieux, du pouvoir… mais je veux aussi contribuer à une liberté partagée dans l’espace fragile de la démocratie.
Être heureux c’est aussi s’accorder le droit de se tromper, de se confronter à des problèmes mais de croire en des solutions, c’est oser l’espoir ?
Alors cela induit qu’il faut aussi savoir être généreux !
Mais ça c’est une autre histoire
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