Vendredi – le cénotaphe

Publié le Catégorisé comme poèmes à écouter
le brouillard sur le Lot
©Vincent Breton

Au fil de l’eau de la semaine, il s’agissait de glisser un poème pour vos yeux ou vos oreilles, avec chaque fois, un climat différent. Celui là, Vendredi – le cénotaphe, aurait presque pu faire une chanson grandiloquente. Alors, il fallait proposer un enregistrement dépouillé mais la tentation est grande de se laisser emporter. Sous le second degré de la dérision, pousse néanmoins la question d’une poésie qui prend le risque de céder à la facilité de l’époque… Il n’en manque pas dans le clin d’œil offert ici..

À écouter

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À lire

Tous ces poèmes ne disent rien que les églises ne savent faire
Je pousse du revers de la main, l’envers du décor nécessaire
À ces attributs dérisoires des commentaires passe-partout
Les poètes mangent leurs grimoires, puis ils meurent, on s’en fout

La plume au ciel m’a versé, des citadelles insensées
Je suis ce petit personnage, distrait d’une bande dessinée
Des cavalcades de commérages, sur ma bouche ont flétri
Le commerce fait des ravages, il dézingue la poésie

Suffit pas d’être larmoyant, de guimauve attendrissant
De compter ses pieds, de rimer ,d’écrire à contre chant
D’injurier la faune et la flore, même à coup de métaphores
Suffit pas d’être elliptique, de parler avec des mots morts

Je poserai bien en travers, de tes hanches singulières
Une phrase dépenaillée, une strophe sans manière
Mais toi par inadvertance, tu écraserais sa chance
D’un bon mot désabusé, oubliant là ton enfance

Tous ces poèmes ne valent rien, on a tout dit en mal en bien
Les chiens fous de nos cicatrices, ont des nausées de païens
On a poussé les immondices, jusqu’au fleuve et l’océan
Est devenu le précipice de tous les déchets triomphants

D’acrimonieux cénotaphes, gravés au glaive des remords
Porteront leurs épitaphes écrites avec le sang des corps
Puis la pluie lavera tranquille, tous ces vieux vers inutiles
Restez en vos domiciles, bientôt ils fermeront la ville !

Tous ces poèmes qui s’imitent, ont la mystique élastique
Par nature publicitaires, leur écriture automatique
Est aujourd’hui artificielle, intelligence des lieux communs
Tout se vaut, pour un slogan, Hugo n’est plus opportun

Les révoltés ont la dent douce et pour un chèque conséquent
Ils mettront la lune rousse, à rimer avec l’enfant
Et les marins callipyges, qui firent bander Jean Genet
Portent un parfum à deux sous, sous prétexte qu’ils sont gais

Tous ces poèmes qui s’imposent, en images convenues
Ils ne sentent pas la rose, chez eux plus rien d’imprévu
Le conformisme tristement censure toute révolution
Et même si l’on improvise, plus de surprise dans la scansion


A ta chemise tu fais deux trous, mais ça ne te fait pas Rimbaud
Lui c’était son paletot, qu’il portait à même la peau
Et puis un jour il s’est tiré, trafiquer pour quelques armes
Nous on l’aurait bien aimé, nous n’avons eu que quelques larmes
On va pas faire un mélodrame, y a pas de drame, ni d’alarme !
Ils ont vendu la poésie, pour une affiche dans Paris !
la place des écritures à Figeac avec la reproduction de la pierre de Rosette

Vincent Breton

Par Vincent Breton

Vincent Breton auteur ou écriveur de ce blogue, a exercé différentes fonctions au sein de l'école publique française. Il publie également de la fiction, de la poésie ou partage même des chansons !

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