Souvenir du métro parisien

Publié le Catégorisé comme politique
le métro parisien
"Metro sign Paris, France"/ CC0 1.0

En lisant sur des réseaux sociaux, certaines positions et allusions racistes, il m’est revenu une anecdote déjà ancienne survenue dans le métro parisien. Elle résume assez bien le problème du ressentiment et son irrationalité.

Dans le métro quotidien

Lorsque j’étais parisien, je traversais chaque jour Paris d’Est en Ouest et réciproquement comme le font des milliers de personnes.

Il se trouve que ce jour là, j’étais debout accroché à la barre. Un bonhomme plutôt âgé, la casquette sur la tête, était assis sur l’un des strapontins proche de la porte.

Il était seul et soliloquait à voix haute ce qui n’est pas exceptionnel mais au fil des stations, sa voix devenait plus forte et il éructait contre « les noirs qui envahissent tout ». Je vous passe les détails de sa logorrhée.

Tout le monde l’entendait. Personne ne réagissait. Difficile en effet d’approcher un quidam bavant tant de haine. Peut-être aurait-il été violent ?

C’était insupportable. Je ne pris pas le temps de réfléchir à une stratégie, mais d’instinct, je me suis avancé de deux pas vers lui et j’ai lancé assez fermement et avec conviction :

— Écoutez monsieur, ça suffit ! Je suis noir et j’en ai assez de vous entendre dire des choses pareilles.

C’était comme si je sortais le type de sa torpeur. Il me fixa un petit moment et répondit l’air réellement embarrassé, comme s’il m’avait bousculé :

— Oh, pardon monsieur, je ne savais pas !

Et le voyage se poursuivit dans le silence le plus parfait.

Peut-être mon âme est-elle noire parfois, mais c’était tout de même étonnant de voir à quel point sa colère s’était dégonflée sans aucune espèce d’argument. Il n’était pas aveugle.

Un petit village en Haute-Provence…

De nombreuses années avant, j’avais travaillé comme instituteur dans un petit village en Haute-Provence où un jour surprenant tout le monde, les citoyens avaient voté à plus de 50% pour le Front National de l’époque… Au début des années 80 dans le coin, ce parti ne faisait pas 5%

Sur la place du village, j’avais entendu parler « du trop plein d’immigrés ». Il n’y en avait qu’un seul dans ce tout petit village et ils buvaient des coups avec en lui tapant sur l’épaule.

Rationalité ?

Pervenche

Tout ça pour rappeler qu’un vote fondé sur le ressentiment n’est guère sensible aux explications rationnelles.

Il y avait ce slogan je crois du MRAP (mouvement contre le racisme et l’antisémitisme pour la paix) repris d’une citation prêtée à Léopold Sédar Senghor : « un raciste c’est quelqu’un qui se trompe de colère ».


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Vincent Breton

Par Vincent Breton

Vincent Breton auteur ou écriveur de ce blogue, a exercé différentes fonctions au sein de l'école publique française. Il publie également de la fiction, de la poésie ou partage même des chansons !

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