La question posée comme pour s’assurer d’un inventaire à faire : qu’est-ce que tu boycottes-toi ? Preuve que le boycott en lui-même ne se voit pas forcément de prime abord. Et puis il y a des choses (objets, aliments, réseaux, médias), je n’ai guère à me forcer pour les boycotter. Non seulement ça ne me manque pas mais je n’en ai jamais eu envie. D’autres que j’ai remplacées il y a longtemps. Affaire d’éthique, de respect de moi-même… Et enfin, d’autres où c’est plus compliqué pour diverses raisons.
Boycott
Cessation volontaire de toute relation avec un individu, un groupe, un pays et refus des biens qu’il met en circulation (dixit Le Robert en ligne).
le Larousse module : Action de boycotter, de refuser d’acheter un produit, de participer à un examen, etc., en particulier, cessation volontaire de toute relation avec un individu, un groupe, un État, en signe de représailles.
Mais un État peu pratiquer le boycott à son tour : L ’URSS entreprit le boycott des Jeux Olympiques de Los Angeles en 1984. Wiktionary
La Cimade précise. La définition de boycott peut être la suivante : « une concentration systématique d’actions individuelles et volontaires conduisant au refus d’entretenir une relation (commerciale, politique, culturelle, sportive, diplomatique ou encore académique) avec un tiers (collectivité, entreprise, État, etc.) en vue d’exercer sur lui une pression ». Par l’arrêt de ces relations par tout un ensemble d’acteurs à différentes échelles, un rapport de force se crée avec les institutions et les acteurs ciblés.
On est dans une démarche volontaire et qui n’a de sens que si elle est un peu concertée… ou convergente.
Alors ?
Si nous délaissons un restaurant, c’est peut-être juste que sa nourriture est mauvaise. Si nous désertons Mc Do c’est que sa nourriture est mauvaise, faite de produits sucrés et transformés et au service d’intérêts économiques que nous désaprouvons. Mais si nous boycottions tous les Mc Do implantés en France, nous participerions aussi de l’augmentation du chômage (même si ce sont souvent des précaires fort mal payés).
Je ne fréquente plus Machin. Ce n’est pas vraiment par représailles, juste parce qu’il est toxique. C’est donc une façon de me préserver.
Je ne vais pas aux cocktails mondains ou aux vernissages surtout parce que je m’y emmerde profondément. Les pince-fesses s’inscrivent dans des choix de société dans lesquels je ne me retrouve pas.
Je ne regarde pas CNEWS parce que c’est une chaîne au service de l’extrême droite et que la regarder fait monter ma tension. Son audimat au moins ne montera pas grâce à moi. Je la boycotte pour ma santé.
J’ai quitté X (enfin Twitter à l’époque) ou Méta autant parce que je ne les supportais plus qu’en raison des opinions de leur propriétaire.
Certains membres de ma famille ont regretté de ne plus me voir sur Facebook. J’ai expliqué où me suivre. Idem avec WhatsApp . Peu d’amis m’ont suivi sur Signal qui semble-t-il n’est pas parfait mais je l’utilise un peu.
Je milite pour que ma mutuelle cesse d’utiliser Zoom pour ses visioconférences au profit par exemple de JitSi.
Tous ces boycotts ne me coûtent guère même si je regrette un peu certains comptes Instagram que j’aimais bien… (mais au bout d’un moment ça tourne en boucle).
En réalité, il y a des boycotts libérateurs, qui font même du bien. D’ailleurs abandonner des réseaux sociaux des géants commerciaux, m’a fait réduire la voilure au point où je ne suis plus que sur Mastodon.
Tous ces abandons, j’ai communiqué dessus, relevaient plutôt de la mise en cohérence ou en conformité avec mes valeurs.
J’ai abandonné Netflix mais je regarde encore des séries américaines. Je m’endors très bien dessus et ça me permet aussi de me laver provisoirement le cerveau.
Je ne bois jamais de Coca, enfin ça fait longtemps. Même plus du Breiz Cola.
Je n’ai pas mis à la poubelle les enceintes Logitech sur mon bureau. Quand elles seront mortes, je regarderai par quoi les remplacer. C’est comme la carte de mon ordinateur. Je ne vais pas la démonter et d’ailleurs il y a peu d’alternatives. En l’occurrence ces outils ne pompent pas des données sur moi à mon insu. Et puis des objets de marques américaines peuvent être faits de composants venus des quatre coins du monde. Que l’on pense aux terres rares ou des composants électroniques divers…
Mon smartphone continue d’être dépendant d’un géant commercial. Il aura bientôt cinq ans, je ne vais pas le jeter ni tout réinitialiser au risque de tout perdre et aussi parce que je n’ai pas trouvé le moyen d’installer autrement certaines applications qui me facilitent la vie. Elles sont françaises et ne sont distribuées que chez Apple ou Androïd. Je me suis fait engueuler parce que j’osais avoir des applications sur mon téléphone, mais je ne veux pas voir un intégrisme remplacer un impérialisme.
Cela dit je n’utilise plus le drive de Google, plus de chaîne YouTube, d’agenda Google ou d’application photos etc. J’ai trouvé de très bons substituts.
Je ne boycotte pas les peuples américains, russes etc.
Surtout non seulement je ne veux pas que les américains ou les russes ou d’autres ressortissants, prennent mes actes contre une quelconque hostilité vis à vis des populations.
Ce sont les gouvernements dont je réprouve l’action. Les peuples sont clairement les victimes. Je lis parfois des propos un rien réducteurs et ça m’agace. Je soutiens les fonctionnaires américains, les scientifiques qui souffrent comme jamais et la population immigrée comme les plus fragiles qui sont les premières victimes de leurs gouvernements.
Je continue d’aimer le cinéma américain, la litérature américaine ou la musique. Donc je ne vais pas les boycotter… sauf si ce sont bien évidemment de lourdes conneries commerciales sans intérêt.
Des alternatives
Si je veux me tourner vers des alternatives ce n’est pas pour aller vers le pire. Je pourrais acheter un smartphone chinois… Nous avons besoin que des alternatives industrielles soient proposées en Europe et en France…
Mais ce n’est pas parce qu’un produit sera fabriqué en France qu’il gagne soudainement d’emblée un label de qualité, de durabilité ou respect de l’environnement ou de la santé de sa clientèle. C’est une affaire de normes et de contrôles.
Même le recours au logiciel libre suppose le respect d’un cahier des charges. Je me suis fritté il y peu avec une offre open-source d’une association promouvant le libre. Elle proposait une messagerie payante à l’ergonomie obsolète dont la sécurisation m’a laissé perplexe… Si on creuse, le doute peut vite venir…
Agir sans naïveté
Au fond je me dis que je dois agir sans naïveté, sans confondre les peuples avec les gouvernements comme dit plus haut.
C’est clair, je n’achèterai pas de machine américaine. J’ai depuis longtemps abandonné Windows. Les autres géants ont suivi… Je ne sais pas si cela aura un véritable impact mais au moins je suis en cohérence…
Je pense que le législateur devrait obliger à ce qu’un ordinateur puisse être équipé d’un système au choix du client… idem pour le téléphone. Toute application devrait être proposée selon un format compatible avec tout type de smartphone. Cela, ce serait une action à mener localement, s’adressant à nos propres gouvernants…
Pour autant je veux veiller à ce que jamais un peuple ne se sente ostracisé. Il faut a contrario développer le dialogue, se montrer accueillants par exemple avec les communautés scientifiques ou lgbt+
Surtout, je crois qu’il serait un peu enfantin de se dédouaner en pensant que parce qu’on ne boirait plus de Coca, Trump se mettrait soudain à trembler.
