Les rencontres musicales de Figeac c’est une vieille histoire qui a débuté en 1997. Je vous ai parlé du concert donné samedi 10 aout 2024 à Figeac autour de Champollion et de l’Égypte. Dimanche 11 aout 2024, la petite église de Cajarc accueillait du monde malgré la touffeur qui mettait à rude épreuve les instruments et les voix.
Oh le public !
Il y a les pèlerins du festival, je veux dire les habitués. Ils se connaissent et reconnaissent. Leur marathon c’est d’enchaîner les concerts. Parmi eux, je vois des musiciens croisés en d’autres lieux ou bien des gens d’ici, habitués de l’offre culturelle locale… Si peu de jeunes, si peu d’enfants, si peu de gens « du peuple »... C’est toujours cette question qui reste… douloureuse césure culturelle… Mais c’est vrai, public amateur, au bon sens du terme… Aimant et demandeur… même si l’on n’échappe pas en fin de concert aux commentaires pénibles des « experts critiques » qu’il ne faut pas écouter…
Oh la guitare !
Celle d’Adrien Marchais visite Bach avec ferveur et chaleur en évitant la froideur académique dont on pare parfois les interprétations du maître. La mathématique imparable se fait discrète et les ornementations tissent avec générosité une incarnation hautement humaine. Pédagogue et charismatique, le jeune musicien sait donner quelques clés mais c’est la guitare qui parle… sous ses doigts attentifs…
Nous serions restés des heures suspendus. Goûter, goûter la musique… Moi dont les doigts ne sont que des fuseaux secs et dont les yeux ne lisent pas le solfège, je me laisse porter en admiration…
Oh la joie !
Bach, Haydn, ou Pergolèse ? Et voici le concert qui chemine comme une rivière qui s’élargit. On nous présente un orgue numérique qui sait à merveille imiter l’instrument qui n’aurait pu être transporté ici. Oh la belle énergie d’Hélène Lindén ! La finlandaise qui je crois s’est installée à Figeac avec son violoncelle depuis quelques années sait avec présence, détermination, humour nous faire cheminer dans une alliance joyeuse avec celles et ceux qui l’accompagnent si bien. Merveille !
Oh le chœur !
Et le chœur du festival, têtes chenues, partitions bien tenues, rejoints par la soprano Laure Baert pour porter l’œuvre du jeune Pergolèse. La petite église offre une belle proximité entre le chœur et le public emporté… Amen !
Empli
Tu rentres chez toi empli de musique, augmenté. Le spectacle vivant domine l’enregistrement le plus parfait, la vidéo la mieux filmée, justement parce qu’il est vivant. Il nous montre les musiciens dans leurs interactions, leur complicité, leurs fragilités… dans cette capacité du risque. Il faut s’élancer, se déployer… et la rigueur professionnelle ne serait rien sans cet amour, cet engagement…
C’est ce à quoi tout artiste devrait travailler : emplir, élargir l’âme et le cœur, élever l’esprit… C’est cela qui place la musique du côté de la poésie : elle nous relie à nous même, aux autres, au présent de la musique jouée, à son éternité.
Et pour revenir à ce que je disais plus haut, la seule chose que je pourrais regretter, c’est qu’un plus large public ne puisse découvrir ce trésor.