Je sais que vous êtes rentrés !

Publié le Catégorisé comme sur le vif
Cazelle

Je sais que vous êtes rentrés car vous n’êtes plus ici. Dans les rues, dans les commerces, un certain calme est revenu. Quelques unes et d’autres sont restés pour profiter des derniers jours, d’autres en partance, trainent un rien, les valises sur le trottoir. Là, on boit un dernier café avant de reprendre la route. Mettez-nous de la musique ! Mais d’autres ont déjà repris l’autoroute, redécouvert l’appartement, ont allumé l’aspirateur ou l’ordinateur…

Impatiences

J’ai beau faire partie de celles et ceux qui « ne rentrent plus » et n’ont pas d’obligations ; lorsque septembre se profile, j’imite les écoliers et je dessine mes projets. J’aligne mes cahiers, je regarde l’agenda des choses à faire ou à imaginer. L’agenda se remplit vite !

Ce matin, j’étais déjà debout à cinq heures, mon impatience devant. 11 degrés dehors. L’automne ? Non. Il fera chaud tout à l’heure. Réveillé si tôt, mon mantra en bandoulière. Pour chaque journée toujours, « apprendre, créer, partager et prendre soin » et dans le duel entre prose et poésie, ne jamais laisser de journée sans poésie. Pas seulement la poésie lue ou écrite, mais la poésie de la vie !

J’ai des projets d’écriture et des projets pour ce site et pour ma musculature ? Moins sûr.

Oui, j’aime bien ces impatiences, ce goût du renouvellement, chaussures cirées, bien coiffé, cartable rangé, un rien d’inhibition pour affronter le vaste monde des petites et des grandes écoles, de la vaste vie professionnelle… ou celle de l’après. Cet après n’est pas juste attendre la mort mais choisir plus encore ce que l’on veut faire. Luxe que pondère l’arthrose !

Par pudeur certains trainent un peu des pieds, s’accordent encore un moment avant de reprendre vraiment. On observe l’ordinateur, on va au bureau alors qu’il n’y a encore personne ou peu de monde. Il va falloir reprendre le tempo.

L’impatience de la reprise, feinte ou sincère, est là pour mettre de la distance avec les joies de l’été – ou l’ennui de l’été pour certains – et trouver le courage de la suite.

Avez-vous une impatience de jeux paralympiques ? Une impatience de premier ministre ? Une impatience de retrouver la sévère hôtesse de caisse, le revêche chef de service, la pusillanime voisine ?

Vous faites vous comme au nouvel an des promesses et des résolutions ? Les tenables, les intenables…

La preuve par les statistiques

Je sais que vous êtes rentrés car vous êtes de nouveau plus nombreux à consulter le site via ordinateur que sur votre smartphone.

60% aujourd’hui sur ordinateur…

Et l’on vous retrouve toujours ici, « happy few » préférant le navigateur Firefox à celui de Google et même assez nombreux adeptes du monde de Linux.

La rentrée, c’est retrouver ses habitudes. Ou peut-être choisir d’en délaisser certaines pour les remplacer par d’autres plus prometteuses, plus enrichissantes et amusantes.

460 romans sont attendus pour la rentrée littéraire ! Combien rencontreront leurs lecteurs ? Je n’aime pas beaucoup que l’on me conseille ce que je dois lire. J’aime beaucoup aller chercher un vieux Julien Green ou un Zola et chez le libraire me laisser guider par le bonheur de l’exploration sauvage… Je crois avoir vu qu’une nouvelle librairie ouvrait ses portes à Villefranche-de-Rouergue.

En septembre, il sera temps de faire les comptes, de compter les enfants dans les écoles, de se mettre en ordre de marche.

Ne racontez pas vos vacances !

La douloureuse convocation à raconter ses vacances, à bricoler un peu avec la vérité. Ne pas raconter que tante Albertine était insupportable, qu’on sentait les relents des toilettes du camping depuis la tente ou que l’hôtel était bruyant… Ne pas raconter la petite aventure extra-conjugale, les émois discrets, les espoirs cachés ou ce qui vous a transformé-e à l’intime. Ne pas partager l’émotion devant un paysage, les personnages épatants, les animaux croisés…

Ne pas raconter, mais s’en imprégner. Porter en soi cette aventure intime de l’été. Ce qui nous a fait grandir, peu importe l’âge.

Et le courage !

Vous êtes rentré-e, vous voici « chez vous » et vous regardez votre maison et votre vie dans un mélange de satisfaction, de manques et d’espoirs…

Est-ce qu’on sait s’accueillir à la rentrée ? Est-ce qu’on sait faire une fête de ces retrouvailles ? Est-ce qu’on sait se donner du courage et trouver en soi la belle énergie pour que les routines protectrices ne vous dévorent pas en vous empêchant de vous transformer encore ?

À la rentrée, je crois qu’il est question de prendre son destin en mains.

Pelouse
Vincent Breton

Par Vincent Breton

Vincent Breton auteur ou écriveur de ce blogue, a exercé différentes fonctions au sein de l'école publique française. Il publie également de la fiction, de la poésie ou partage même des chansons !

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