J’ai été insulté publiquement

Publié le Catégorisé comme politique
Rose

Oui, j’ai été insulté publiquement. Le pire c’est que je ne pouvais pas répondre. C’était pourtant violent. Face à moi, j’avais le mépris froid et glaçant. Ce regard fixe. Des mots réducteurs, des mots mensongers. J’aurais pu céder à la colère devant tant de provocation. Être insulté ainsi sidère d’abord. On cherche à comprendre : l’excuse de la folie ? Les conséquences d’un narcissisme exacerbé ? L’attitude d’une personne toxique qui masque en réalité ses propres fragilités et dérives en choisissant l’offensive ? Le reflet d’une difficulté à admettre sinon à comprendre la réalité des choses ? Peut-être juste une affaire de pouvoir.

Je suis républicain

Le député de ma circonscription est républicain. J’ai voté pour lui. Il a été élu démocratiquement. Je me reconnais dans son vote à l’Assemblée. C’était un vote démocratique. Peu importe qui vote. Dire que ce serait un vote anti-républicain n’est pas défendable, en aucune façon. Tous les outils qui ont été utilisés là sont légaux, incontestables.

En d’autres temps, pour « faire barrage républicain » j’ai utilisé mon bulletin de vote. Y compris pour permettre à la personne qui m’a insulté publiquement ce cinq décembre au soir peu après vingt-heures de trahir sa parole et de mettre en œuvre une politique désavouée de toutes parts.

Mais c’est quelque part, le « jeu » politique… On croit choisir le moins pire, on réfléchit la fois suivante selon les circonstances.

L’opportunisme, la trahison, l’impéritie ont remplacé la devise républicaine dans la pratique du pouvoir que nous observons maintenant. Ce n’est pas entièrement nouveau, mais cela a pris une forme décomplexée.

Le cynisme semble être le moteur d’une personne dont la simple préoccupation sera de conserver le pouvoir le plus longtemps possible.

Je ne cesse de penser à Louis-Napoléon III. Relire Zola, montre combien l’ambiance dans le pays peut-être proche aujourd’hui du climat qui régnait à l’époque… les mêmes rapprochements, les mêmes manipulations de l’opinion, le recours à la force…

Que faire de tout cela ?

À quelques semaines des fêtes de fin d’année, il est difficile d’imaginer des mobilisations populaires. Il faudrait qu’elles soient d’ampleur et pacifiques pour que le pouvoir comprenne sans réprimer physiquement.

Pourtant je suis convaincu qu’en moins d’une semaine les choses pourraient changer.

Mais les gens ne sont pas convaincus d’eux-mêmes, ils voudraient pouvoir choisir une offre politique comme on s’abonne à une plateforme de streaming, en changer quand cela ne plait plus.

L’offre politique n’est pas si réjouissante. Les égos, le goût du pouvoir ne sont pas l’apanage d’un seul camp…

Le pouvoir de l’argent c’est pas nouveau non plus

Le pouvoir économique tient tout : le pouvoir politique, les médias, les moyens de production.

En 1789, la bourgeoisie a permis et même souhaité la Révolution ne supportant plus le poids de l’Aristocratie qui l’empêchait de se développer. J’écrivais hier sur un réseau qu’au contraire aujourd’hui par crainte pour son petit pécule la bourgeoisie n’a de cesse de défendre l’aristocratie croyant que cette dernière lui concèderait en échange quelque place. Elle se leurre.

Le peuple lui reste d’une timidité confondante. Il a peur. Il est tenu.

Le risque est que ses éclats de colère ne soient durement réprimés, physiquement.

Quelle solution ?

Le bloc central, qui s’est droitisé outrageusement, voudrait que la gauche modérée se droitise pour « passer » des accords. L’honnêteté voudrait que les efforts ne soient pas demandés à la seule coalition parvenue en tête… mais cela semble aujourd’hui encore impossible à entendre.

Je ne suis qu’un citoyen. Je n’aime pas le pouvoir et je ne saurais m’inféoder à un mouvement politique surtout quand j’observe la façon dont le pouvoir y est partagé.

Je n’ai pour autant pas moins de légitimité qu’un autre à m’exprimer, à faire des choix.

Je n’espérais pas de miracle hier soir en imaginant que rompant avec ses habitudes le président de la République aurait su soudainement faire preuve d’humilité, rappeler la nécessité de tenir compte du vote des français… Nous avons échappé (pour l’instant) au recours à l’article 16 de la Constitution pour mettre en œuvre ses pouvoirs exceptionnels « lorsque les institutions de la République, l’indépendance de la Nation, l’intégrité de son territoire ou l’exécution de ses engagements internationaux sont menacés d’une manière grave et immédiate et que le fonctionnement régulier des pouvoirs publics est interrompu. »… C’est le seul point dont on pourrait se réjouir.

Cet homme veut gouverner et déterminer la politique de la Nation. Il sort de son rôle. Les divisions de l’Assemblée lui permettent de continuer d’être arrogant et de penser avoir raison tout seul.

Il parait qu’en vieillissant on se droitise. À chaque fois que le président parle il me repousse un peu plus à gauche.

Et j’en ai assez d’être insulté.

Pour nous rappeler ses préférences, alors qu’il n’y était pas obligé, il a invité le futur président américain à inaugurer la cathédrale de Paris. Inutile de dire que ma télévision sera éteinte.

Notre Dame de Paris
« Notre Dame de Paris Jean-François » by The Art Institute of Chicago/ CC0 1.0

PS : combien de fois ai-je employé le mot pouvoir ?

Par Vincent Breton

Vincent Breton auteur ou écriveur de ce blogue, a exercé différentes fonctions au sein de l'école publique française. Il publie également de la fiction, de la poésie ou partage même des chansons !

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