Dimanche sans nom est un poème à lire ou à écouter présenté avec le texte et un audio. Ce premier texte ouvre la semaine où du dimanche au samedi vous pourrez découvrir un texte original et sa mise en voix. Il parait que le mieux, c’est de l’écouter au casque, les yeux fermés. À votre bonne curiosité !
L’audio
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Le texte
La poussière scintille sur mon orgueil
J’écris, les épaules serrées dans le conciliabule des acouphènes
J’écris, sur la tour haute des vertus, sur le lac de ton silence, dans la paume de ton souffle
Je ne veux pas recopier la dentelle des lieux communs,
Tout à l’heure, ma tête tournait dans l’herbe verte, une balle entre les lèvres
C’était quelques jours avant la fin de l’été, j’avais chargé la charrette
De tous les livres usés, du piano désaccordé et l’âne broutait tranquille
Un élastique serrait pieusement chacun de mes souvenirs d’enfance
Dans les cartons, tout avait été étiqueté, jusqu’au dernier couteau
À la fin de l’été, c’est là que tout commence, ce qui pourra faire humus
On s’aligne avec la lune, on ramasse les derniers fruits, les noix, les noisettes
Sur le chemin, des prunes violettes s’écrasent ensanglantées,
Les chasseurs se préparent à descendre les bêtes innocentes
Un écureuil traverse sous mes roues, une coque entre les pattes
Le vélo crisse dans la brume, ma jeunesse réprouvée rit
C’est ainsi qu’on vit à la campagne, les yeux dans le ventre des génisses
Ou bien, des jeunes filles s’alanguissent et se perdent, cherchant un dernier émoi
Il ne faut pas que ça rime tu comprends, la rivière ne rime pas, elle mène à la mer
C’est affaire d’écluses, de confluents, de rives mouillées, de noyade
L’été se sacrifie sous tes yeux, tu ne sais rien du siècle qui s’épuise
Il faudrait que les jeunes gens se lèvent et se mettent en marche
Ou que je marche pour eux, en Afrique, dans la Chine lointaine
Mais mon vieux chien me retient encore à ses jeux de pitance
Ou que je fasse semblant de t’attendre, ma douce fiancée
Le dimanche on fait des tartes aux pommes et aux amandes
On minaude sur le jour qui décline plus tôt
Le roman lourd me tombe des mains, je vacille
J’entends une dernière mouche qui meurt et grésille
Je n’ai pas fait la liste des courses pour demain