J’ai des cigales sous la neige
la vallée s’ouvre vers l’hiver
si quelque chose se désagrège
mon pas crisse et gèle la terre
ici le chien rôde et il flaire
quelque sortilège lunaire
à l’aube rose mouillée d’air
je vais sous la faible lumière
délicieusement solitaire
Février, faussement calme
allume sourdement ses alarmes
l’acide couteau de l’hiver
tranche et saigne sur son revers
les grands morceaux de terre gelée
attendent le torrent figé
et je vieillis très doucement
mon chien passant entre mes jambes
le chat guettant allant à l’amble
Nous avons peur et l’impatience
couve déjà, le monde tremble
on nous apportera bientôt
le noir café et les journaux
il se prendra des décisions
avec des airs de mélodrame
où bâtirons nous la maison ?
plus loin encore, sur quelle montagne ?
pour nous aimer beau compagnon
J’ai des cigales dans les doigts
La vallée s’ouvre comme mon cœur
s’il est des choses auxquelles on croit
on n’ose peu le mot bonheur
il faut aller aux matins calmes
boire à la source, guetter les heures
j’entends ton souffle dans la chambre
et la promesse des heures tendres
t’attendre , enfin comprendre
Le chien au tapis endormi
le chat en boule tout près de lui
la neige tient le temps et mes rêves
la nuit s’achève telle une fièvre
le jour se lève et nous retrouve
chante la bouilloire de l’amour
voici le dimanche des je t’aime
voici les je t’aime pour toujours
la neige crisse comme le velours (bis)