Ces différences qui dérangent

Publié le Catégorisé comme sur le vif
Noix

Ces différences qui dérangent, nous les connaissons. Je parle de choix personnels, de référence à des valeurs, de libertés individuelles, de façons d’être ou d’assumer une identité. Cela peut concerner l’expression, des choix esthétiques ou culturels. Je parle de différences qui ne cherchent pas à s’imposer à autrui au-delà du cadre légal même si celui-ci peut bouger. L’éthique, les droits de la personne, la légitime dignité due à chacune ou chacun, tout cela suppose ce fameux « droit à la différence ».
Contre les différences, on connaît des outils violents, l’oppression, la répression directe. Plus ambigus, les mécanismes du conformisme, peuvent agir par pression directe ou nous imprégner de façon plus ou moins consciente. Le « pas de vagues », nous nous l’appliquons souvent à nous-mêmes.
Si nous osons assumer une ou des différences, je vois souvent deux travers : nous nous obligeons à l’explication, l’autojustification comme s’il fallait prouver notre légitimité. Pire encore, pour trouver quelque protection ou assentiment, nous nous plions à la norme d’un nouveau groupe dont les lois peuvent être aussi difficiles, dogmatiques et à leur tour conformistes. Deux illustrations dans deux domaines différents.

Le recours au logiciel libre

Voilà un exemple qui peut sembler anodin et pourtant je le trouve parlant. Ce n’est un secret pour personne, que ce soit pour mes outils numériques à la maison, mes applications ou ce site, je préfère les logiciels libres. C’est un choix personnel, éthique, économique mais aussi technique et lié à la sécurité. Je ne pense pas que ce choix personnel perturbe les géants du Web !
J’expliquais hier dans une discussion sur la sauvegarde des sites que pour ma part je n’utilise pas les outils de Google. En effet, le site contient des données que je souhaite conserver en France notamment pour le respect du RGPD. Par ailleurs, au-delà d’un certain seuil, la sauvegarde est payante.
J’utilise donc un serveur personnel et une triple sauvegarde avec mes propres outils.
C’est mon affaire, ça ne lèse personne et je n’oblige personne à partager mes choix.
Néanmoins dans une discussion longue où mon interlocuteur n’avait de cesse de vouloir avoir le dernier mot je me suis entendu dire : « Ah mais, tu utilises les statistiques Google, tu utilises les reCAPTCHA de Google ou le navigateur Chrome… »
Il s’agissait de me mettre face à de supposées contradictions. Sauf que je n’utilise aucun de ces outils. Il en fut surpris. Mine de rien je m’étais déjà laissé embarquer à me justifier. Est-ce que je lui demandais moi ce qu’il utilise ?
Mon interlocuteur reprit alors en s’en prenant au navigateur Firefox qu’il n’utilise plus depuis des années mais qu’il trouve mauvais. Ce n’était pas le sujet, je trouve cet outil utile pour me protéger… peu importe.
C’était comme si mes choix étaient insupportables pour mon contradicteur. Il voulait me prendre à la faute, disqualifier mes outils… Ça rappelle un peu les gars qui comparent leur auto …ou d’autres attributs… Un peu comme on reprocherait à un « vegan » de manger parfois de la viande, celui-ci devenait très intrusif me sommant de justifier de mes outils sur smartphone etc.
On trouve souvent de ces attitudes toxiques qui nous rappellent l’impossibilité de débattre dans certains cadres et notamment les réseaux sociaux.
Néanmoins, je me souviens aussi dans un autre contexte, alors que je tentais de mettre en avant les logiciels libres , avoir subi les attaques les plus dures… de la part de personnes censées défendre et promouvoir leur usage et jugeant que mes choix n’étaient pas assez conformes à l’exigence de l’open-source et à ses dogmes. J’en ai vu également « me chercher à la faute » de la même façon non pas de manière constructive, mais pour me dénigrer comme s’il fallait être « pur à 100 % » selon leur seule vision… Et je me suis toujours dit que si j’avais été jeter un œil sur leurs outils, j’aurais peut-être bien découvert des chaînes You-Tube ou un cloud pas clean…

Le coming-out du ministre gay

À l’instar d’une candidate au poste de première-ministre, on a vu ces jours derniers, un ministre du gouvernement censuré, se mettre en scène dans la Presse avec son compagnon dans un reportage disons très « personnel ». C’est-à-dire qu’on découvrait une personne tentant d’utiliser sa différence pour se rendre sympathique. Ce monsieur voulait laisser croire qu’il faisait partie des progressistes (ce que ses choix politiques démentent). Certes les homophobes de service ont crié lui permettant de se positionner en victime et de lui permettre de parler d’autre chose… Je n’ai pas lu qu’il ait pris faits et causes pour ces jeunes mis à la porte de chez eux ou de ces personnes contraintes de se cacher toute leur vie.
C’est-à-dire que la différence de ce personnage est devenue pratiquement un leurre idéologique.
Ainsi, le « coming-out » d’un haut responsable, s’il devait avoir lieu, ne saurait s’exonérer d’un témoignage ou d’un engagement aidant pour les autres contraints à vivre des situations sensibles voire violentes.

Rester soi


J’ai toujours pensé par ailleurs qu’une communauté pouvait aider ponctuellement à s’assumer, voire protéger, mais qu’elle ne devait pas non plus imposer un dogme, des étiquettes, des façons de faire… au risque de devenir alors un lieu de contrainte conformiste.

Personne ne devrait se laisser définir par autrui.
Nous sommes tous singuliers et tous semblables, complexes et multiples.

Quand j’étais jeune, la première perception de « mes différences », après le divorce de mes parents qui à l’époque était vu comme un truc scandaleux, c’était le fait de lire des histoires de grands alors que mes copains en restaient à la bibliothèque rose, ou plus tard, d’aimer des chanteurs bizarres que mes copains de collège ne connaissaient même pas. C’était aussi dans le refus de la violence ou de la compétition. C’est dû en partie à mon éducation. Pas seulement.
Parfois, nous pouvons faire des choses « pour être différente ou différent »… en réalité, c’est aussi une façon d’explorer notre propre singularité, nos limites, de trouver un espace pour apprendre autrement et créer un petit quelque chose de nouveau.
Je ne cherche pas à être différent. Je suis loin d’être un marginal. Et pourtant j’aime me surprendre et m’autoriser la rencontre d’esprits, de personnes « à part » dont j’apprends énormément.
Une chaîne de radio disait autrefois « Écoutez la différence ». D’ailleurs à 20 ans, « Différence » était le nom de l’émission que j’animais chaque samedi sur une radio… libre !

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Par Vincent Breton

Vincent Breton auteur ou écriveur de ce blogue, a exercé différentes fonctions au sein de l'école publique française. Il publie également de la fiction, de la poésie ou partage même des chansons !

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