Brume sur la rivière – poème

Publié le Catégorisé comme au fil de l'eau
le brouillard sur le Lot
©Vincent Breton

Au fil de l’eau, ce pays se dit par ses rivières. La magie de la rivière, je l’ai sentie immédiatement en arrivant ici. Vivante, elle tient nos vies, nos pensées, nos humeurs, notre temps et déroule notre voyage… Brume sur la rivière déroule ici quelques images en écho à son mystère et ses légendes….

Le texte

Avalé par la vallée,
Je coule de source entre ses jambes
Je cherche un pont sur la rivière
Pas de gué
Le laboureur a mangé le chemin de halage
Sur l’autre rive le héron pêche
Le rapace siffle sur ma tête
J’ai mon vertige à la falaise
Dans l’ombre, je ne vois pas le silure lucifuge
Je pressens les mystères que recèle le ventre de l’eau

Les gouffres, les crevasses, les grottes, les résurgences secrètes
Il y a là du diable, des sorcières, des monstres, des singes,
Tout ce qui rode sous la vase,
Des barques détachées
Des bateaux enlisés
Des noyés aveugles et muets

La beauté n’est rien sans la peur

Limpide ou boueuse
Le sang vital de la rivière te mène inéluctablement
De la naissance à la mort

L’eau souffle son haleine en brume tiède
Jusqu’aux hanches sèches du causse
Sur le visage des impatients
Elle guide le marcheur
Elle punit l’imprudent

Retiens ta parole !

La beauté n’aime pas qu’on s’exclame

Les prophètes sont les comiques troupiers des petits Dieux vantards
La rivière règne indubitable, supérieure en tout
Supérieure aux hommes,
Elle garde les enfants sur la rive
Dans leurs jeux d’éclaboussures
Ou bien, elle les prendra pour elle
Mieux qu’une louve avide
C’est elle qui nourrit l’Océan par les veines de son sang
Sa langue discrète est secrète

Quand il le faudra
La rivière t’envahira, t’inondera, te noiera

Tu ne tiens qu’à la volonté des eaux
Toutes ces eaux en toi qui te traversent
Mille rivières
Ce qui coule de source
C’est l’eau en toi

Jusqu’à ton assèchement dans un désert sans amour
Ou ta dissolution dans les molécules vitales
Qui t’effaceront à jamais, toi et ton orgueil bavard.

Ou bien,
La rivière rira de toi
Si elle veut
Avec ou sans soleil

Tu saignes encore
Ça coule de source

Mon enfant, tu as plongé trop profond
Tes yeux sont devenus
Des yeux de poisson
Viens que je sèche les écailles de tes épaules !

Il ne faut pas penser à tout cela,
Ce ne sont que des légendes
Faites pour effrayer ceux qui ne savent pas

la vallée du Lot

Par Vincent Breton

Vincent Breton auteur ou écriveur de ce blogue, a exercé différentes fonctions au sein de l'école publique française. Il publie également de la fiction, de la poésie ou partage même des chansons !

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