L’écharpe autour du cou, j’ai froid partout, je ne
devrais pas, il fait soleil et les enfants rient
devrais pas, il fait soleil et les enfants rient
Le printemps perce sous la terre en germes, en pointes
vertes, en bouts de feuilles craquantes
vertes, en bouts de feuilles craquantes
Le crocus s’est posé entre les cailloux
Le ruisseau est encore gelé çà et là
Le chien grignote de la glace qu’il lance dans l’herbe
encore brève et sèche
encore brève et sèche
Je suis dans mon ça, loin de là, tout près de vous
Ceci et cela, entendez-vous l’accent ?
Petits soldats de la poésie armez vos bouches de mots
fleurs et de fraises acidulées
fleurs et de fraises acidulées
Petits farceurs, gamins, lutins désordonnés et moqueurs
Votre hiver est bleu dans mon rire, le printemps rougit
en écorchure
en écorchure
Tes lèvres enfant, au miroir gelé de la glace, se sont
déchirées
déchirées
Et signent un reste de neige
J’ai froid, j’ai mal partout, j’existe
Le printemps des poètes glapit dans les buissons
C’est un renard qui ne sait pas s’apprivoiser
L’écharpe autour du cou, voici un désordre d’images
Un corbeau mort dans la bouche d’une enfant blonde
Au printemps, on fait le ménage, on se débarrasse
Les adolescents ont encore mauvaise haleine et les chiens
aboient durement dans les bois
aboient durement dans les bois
Il va venir
Le grand Loup du printemps
L’ogre inexorable et galvaniseur qui laboure chaque cœur d’enfant
pour y planter sa graine néfaste
pour y planter sa graine néfaste
Un siècle vit, un siècle meurt
Dans le tourbillon d’une giboulée, mon écharpe ne sert à
rien
rien
Dehors, les enfants crient, rient, c’est merveilleux !
Ils ne se voient pas mourir