Peut-on parler d’amnésie ? Dans la liasse de textes posée sur l’imprimante, j’en ai retrouvé un. Il est de cet été. Force est de constater que j’en suis l’auteur. Pas mal. Je pourrais le mettre sur le site me dis-je. Déjà fait. Je pourrais en faire une chanson. Déjà en ligne ! Je ne me souvenais de rien et pourtant je ne bois pas ni ne me drogue.
J’écris et puis j’oublie
Ce n’est pas nouveau. Il m’est déjà arrivé par le passé de tomber sur des textes notés sur des feuillets, des cahiers, des carnets et d’avoir complètement oublié quand ou dans quelles circonstances j’avais pu les écrire.
Ce ne sont pas que des poèmes ou des textes de fiction. Parfois ce sont des textes « de réflexion ». J’ai retrouvé il y a peu des diaporamas professionnels ou des textes de travail, que j’avais pratiquement complètement oubliés.
Et pour les textes lus ?
Cela m’arrive moins souvent en lisant des auteurs. Mais parfois… Je me souviens d’ailleurs (enfin j’ai oublié son nom) de cet auteur qui racontait ouvrir des livres dans sa propre bibliothèque, y découvrir des annotations et les approuver… en se rendant compte qu’elles étaient de sa main…
L’inspiration ?
C’est peut-être la question de l’effort mental que suppose l’inspiration. Quand je suis dans l’écriture, presque convoqué par le besoin d’écrire, ce n’est pas seulement ouvrir un robinet.
C’est aussi un travail… Je peux remanier des textes, revenir dessus… Quand j’écris un roman, je n’oublie rien des précédents chapitres. Je suis dedans. Ça dure des semaines. J’ai une bonne mémoire des situations et des personnages. Il n’y a pas trop d’incohérences a priori.
Mais une fois les dernières corrections faites, le mot fin écrit, je tourne littéralement la page et mon cerveau passe à autre chose. J’oublie.
C’est assez ennuyeux car c’est à peine si je peux raconter un roman ou une pièce dont je suis pourtant l’auteur…
On lit souvent à propos de l’écriture, des expressions du genre : qu’est-ce que tu nous a pondu ?
Et c’est vrai qu’il y a quelque chose de la ponte dans l’acte d’écrire. La poule pond sans y penser puis elle passe à autre chose. Elle couve… mais après ses œufs sait-elle ce qu’ils sont devenus ?
D’aucuns emploient des expressions encore moins flatteuses.
Au moins, l’œuf forme un tout et sa forme est-elle parfaite.
Je me livre à l’écriture et je sais d’ailleurs que dans un mouvement étrange, c’est un peu comme le sport, écrire mange de l’énergie puis en donne…
Je ne me relis pas, je ne m’écoute pas
Textes, poèmes ou chansons… j’avoue que je ne les relis guère. Les chansons à la rigueur lorsqu’il s’agit de les partager. Parfois il arrive qu’on m’en « redemande » une… et d’ailleurs à chaque fois ce n’est pas l’une de mes préférées…
Il y a des poètes capables de réciter leurs propres vers. J’en serais incapable et je crois que cela m’emmerderait un peu.
J’écris comme on cuisine une bonne tarte maison. Je la prépare avec attention, je la partage avec qui veut et puis… je n’y pense plus avant la prochaine…
Cela tient peut-être aussi au fait que l’acte d’écriture est naturel chez moi et que je n’en éprouve ni fierté ni orgueil.
Ou plutôt lorsque j’ai l’orgueil de trouver une page chouette, elle indiffère… tandis qu’un truc pour moi sans réelle importance peut toucher les autres. Alors ça me trouble un peu, je me dis que si l’on apprécie ce que j’aime le moins de mes productions, c’est que décidément, il est difficile de se faire comprendre et reconnaître !
L’écriture manuscrite
Hypothèse tout de même : le peu que j’ai gardé de mes écrits manuscrits, eux, je les reconnais tout de suite. J’ai presque l’image en tête de l’écriture penchée pour écrire tel ou tel poème adolescent…
Ce n’est pas pour cela que je les relis plus mais, oui, ils sont probablement mieux fixés. Pourtant pour me protéger de tout narcissisme mélancolique, j’ai balancé la plupart à la poubelle. Par orgueil ou sentiment de honte en réalité : je n’aurais pas voulu que des mains étrangères tombent dessus après ma mort.
Vous oublierez aussi
La plupart de mes écrits sont numériques, dorénavant je ne tire que les chansons. On ne sait pas combien de temps les fichiers numériques pourront se conserver.
Le peu de papier finira probablement au recyclage.
J’écris comme on sème, comme on jette des grains de sable ou des gouttes de pluie. Tout cela n’est qu’éphémère…
Savoir choisir ?
Ou alors, il faudrait savoir choisir, être moins prolixe, trier le bon grain de l’ivraie… patati-patata…
Mes proches avouent souvent ne pas pouvoir suivre… A contrario, les deux ou trois personnes qui m’ont confié : « j’ai tout lu de vous ! » … ça m’a presque fichu la trouille…
Il faut que je relise ce que j’écrivais en haut de cette page, je crois que j’ai un peu oublié…
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