Écriveur, dès que j’ai su j’ai toujours écrit. Anne Sylvestre chantait « écrire pour ne pas mourir ». J’écris parce que je vis, j’écris comme je respire… et si je n’écris pas, je souffre. Cependant, je me sens encore étranger à ma propre langue. L’écriture, ce sont comme des cailloux semés. Mais ce qui compte le plus est peut-être ce qui ne se voit pas, ce qui est sous la pierre. Tout comme l’essentiel du texte se tient entre les lignes. Au risque de la brulure de l’aveu, le plus important est dans ce qui n’est pas écrit, pas osé, pas posé, pas encore.
La chanson
Le texte
Je ne vous ferai pas le coup du chanteur maudit, du poète incompris, l’écriveur oublié
Les mots que j’ai écrits dans ce fleuve agité, tous ces mots déversés à la mer, sont allés
Si j’écris c’est vital, pour moi c’était normal, d’aller tout raconter, poser sur le papier
J’ai la mémoire fragile, si ma plume est agile, je n’ai pas de talent mais des facilités
J’écris en orphelin, ayant trop lu de contes et si j’écris sans honte n’en ai pas de fierté
J’écris, j’écris, j’écris
Mais je reste en dessous
De cette vérité
J’écris, j’écris, j’écris
Mais c’est entre les lignes
Que je tente de crier
Je me sais maladroit, je me répète souvent, je ne suis pas méchant, j’ai juste la foi
J’ai écrit tant de lettres, il faut le reconnaître, j’ai empli tant de boites que ça n’y tenait pas
J’ai laissé des messages, des tendres, des fous, des sages, à l’encre, à la plume d’oie
Écrit mille poèmes au risque du blasphème offrant tout cet amour, j’ai donné de la voix
J’ai même fait du théâtre tant je voulais me battre, tant je cherchais vos bras
J’écris, j’écris, j’écris
Mais je n’arrive pas
À toucher l’essentiel
J’écris, j’écris, j’écris
Mais c’est la page blanche
Qui retient ma chance
Je n’ai pas de lecteur et si je chante un peu, la chanson reste à l’ombre
J’écris, qui peut comprendre, je voudrais effacer, peu importe le nombre
J’écris dans cette langue où je reste étranger, passager clandestin
J’écris pour me cacher, ce n’est pas dans ces mots que se niche mon destin
J’écris pour ne jamais avouer que je n’aurais pas dû, que j’ai peur du mot fin
J’écris, j’écris, j’écris
Ça ne console pas
J’écris, j’écris, j’écris
Cet étrange contrat
J’écris, mais je ne signe pas
J’écris, mais je garde moi
Ce qui ne se dit pas…
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Ecris, ecris, même ce qui ne se dit pas.