Bonjour ou bonsoir ! Mon bilan de l’année ? Mais elle n’est même pas finie cette année ! Et puis, je ne suis pas une entreprise. Le bilan c’est pour les comptables… Qu’est-ce que j’ai fait cette année déjà ?
Les journaux sortent leurs numéros spéciaux pour nous convaincre que l’année fut terrible. Qui dit pire ? Plus que pire ? Personne ne s’en serait douté. Pourtant l’insécurité n’est peut-être pas celle qu’on pense : elle est soigneusement entretenue pour que la peur nous empêche de penser, de chercher à changer…
Et puis je veux pas être chagrin, des horreurs, on n’en a pas manqué par le passé. C’est juste que le vingtième-siècle tarde à partir…
2023, rude et dure, sous la douleur chacun pressent d’autres changements à venir, cruciaux et vitaux. Nombreuses et nombreux sont celles et ceux qui ne cédant pas au ressentiment se sont mis en mouvement…
Alors, je m’y suis essayé…
Mon bilan ? Attendez ! Je cherche.
Un roman, quelques nouvelles, un déménagement, un changement de région et de vie, la coupure nette d’avec certains toxiques, des chansons, des retrouvailles avec moi (en personne), des allègements d’archives, d’objets, de meubles, de vieux livres… Cette année, j’ai appuyé sur le bouton du « changement ». Qui disait déjà, « le changement c’est maintenant ! « ?
Y en a qui sont surpris. Je l’avais dit, je l’ai fait. Toc ! C’est pas l’exploit du siècle… Le jeton a bien avancé sur les cases du jeu de l’oie.
La Révolution même modeste, commence par soi. Une envie d’être soi ne veut pas dire ne penser qu’à soi… au contraire. Mais oser être soi, choisir une nouvelle région, chercher sa chance…
Changer pour se retrouver
Après les années boulot, surtout les dernières assez terribles, après une séparation – ouf !- , après les années COVID et le confinement, après quelques kilogrammes abandonnés, la mise en mouvement fut décidée à la fois pour explorer de nouveaux espaces, réveiller mon cerveau, apprendre de nouvelles choses, prendre ma place dans le paysage et surtout pour me retrouver, en accord avec mes valeurs… me retrouver pour vivre pleinement au présent, dans le présent et sa dimension poétique… et ce n’est pas triste du tout ça !
Faut secouer les puces à l’habitus ! Y a parfois encore deux ou trois trucs à arranger. Jacques Salomé parlait des « autosaboteurs ». C’est un mot à lui pour rappeler que nous pouvons parfois être notre propre ennemi… Le titre de son bouquin « À qui ferais-je de la peine si j’étais moi-même ? « (Pocket – 2013) est assez explicite. Cela ne pourrait faire de la peine qu’à des personnes ne m’appréciant pas, ou toxiques…
Choisir plutôt que devoir
En général, ce fut ma ligne directrice. Mais les exigences sociales et professionnelles, le conformisme, les pressions, ont fait que j’ai un peu trop relégué et mis de côté ce que j’aime faire… et être !
L’asservissement et certaines logiques négatives, le cerveau s’y habitue vite. Quand les choses vont bien, il pense même que ça cache un vice de forme, un défaut, une entourloupe, un souci…
Cette année j’ai vu que je pouvais encore me stresser pour des riens même si le déménagement par exemple me donna des raisons d’avoir des sueurs froides quand à 17 heures le jour J le camion ne s’était toujours pas présenté ! Mais comme me disait à ce moment là un ami, « tu en riras plus tard ! »
Dix ans passés à s’inquiéter pour une personne, près de quinze à exercer un métier passionnant où pourtant vous êtes constamment entre le marteau et l’enclume… il était temps de reprendre la main ! J’étais même dans une forme de surérogation…
Choisir de faire ce que j’aime, qui me fait du bien avec des personnes que j’apprécie. Voilà ma ligne de conduite. Et on peut aimer faire des choses en apparence pénibles si derrière on y trouve une forme de récompense ! Cela suppose de comprendre ce que l’on fait et d’avoir la main.
Faire ce qui est bon pour moi et par conséquent pour mes proches avant même d’être utile ! Voilà la résolution votée et décidée ! Cela ne veut pas dire agir égoïstement en oubliant les autres, mais en étant disponible au contraire pour de vrais choix constructifs… Le sacrifice, le martyr ne sont de beaux gestes que s’il est certain qu’ils ne masquent pas une forme d’abandon de soi. Comme disait Brassens, « Mourir pour des idées, d’accord mais de mort lente ».
Ça ne veut pas dire devenir collabo, au contraire, ça veut dire agir dès le début, en accord avec ses valeurs, sans vouloir pour autant les imposer à quiconque… mais sans se plier à des dogmes, des doxas pétries de moraline…
Le bilan n’est pas quitus
L’insatisfaction n’a d’intérêt que si elle sert de carburant pour se centrer et aller vers ce que l’on souhaite…
Les projets de demain se dessinent déjà mais je veux les positionner dans le temps long et tranquille du « bien faire ». Autodidacte, je suis artisan. J’ai dans la tête des idées de choses à écrire ou de nouveaux liens à tisser. J’y vais sur mon chemin, à mon tempo… L’écriture quotidienne me guide, me balise sans me contraindre… Je m’apprends dans cet espace.
Je veux encore renouer avec le réel, sa plénitude, en m’investissant plus avant y compris dans les choses les plus banales. Tailler un buisson en pensant à ce que je fais. Chanter en pensant ce que je chante. Marcher en étant pleinement à la marche (dans le flow des sensations comme des perceptions physiques…)… Me raser, lire un livre ou cuisiner…
Méditer enfin, peu à peu, plus régulièrement…
Écouter vraiment autrui… Être disponible dans cette écoute et cette découverte…
Sans que cela sombre dans le devoir punitif, la patience doit revenir, la mise à distance également et je dois dire que j’ai la chance de vivre dans une région où le temps s’aborde autrement, c’est très frappant…
Un bilan ne sert à rien s’il n’envisage pas la suite…
Et chaque suite est un possible renouvelé. Il faut veiller à conserver sa dignité sans renoncer surtout à essayer, découvrir, vivre en cohérence avec ses valeurs en s’interrogeant régulièrement. Ce n’est pas une compétition mais une coopération… qui commence dans sa maison…
Cette année là n’a pas manqué de changements, de mouvements… Une façon de secouer un peu les choses.
Chacune, chacun, s’il n’ose pas toujours, peut pourtant se dire qu’il existe toujours des marges de manœuvre et que c’est salvateur !
Et vous ? Et toi ? C’est quoi ton bilan de l’année ?
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